Les forces spéciales turques ont lancé mercredi une offensive contre l'Etat islamique à la frontière turco-syrienne avec l'appui de la coalition formée par les Etats-Unis pour combattre le mouvement djihadiste, rapportent les autorités turques. L'artillerie turque avait auparavant ouvert le feu vers 01h00 GMT en direction de Djarablous, ville tenue par l'EI du côté syrien, a-t-on appris de sources militaires. Les images de CNN Türk diffusées en direct et tournées depuis la ville frontalière de Karkamis, côté turc, montrent des nuages de fumée s'élevant au-dessus de cette zone du nord-est de la Syrie. On y voit par ailleurs des chars turcs prendre position à la frontière, sans la franchir, et ouvrir le feu. L'artillerie turque a visé une soixantaine de cibles et les avions de la coalition ont bombardé quatre positions de l'EI, tandis que des membres des forces spéciales passaient la frontière, précise-t-on de sources proche de l'armée. «L'objectif de l'opération est d'assurer la sécurité à la frontière et l'intégrité territoriale de la Syrie tout en soutenant la coalition emmenée par les Etats-Unis dans son combat contre l'Etat islamique», a-t-on déclaré, ajoutant qu'il s'agissait également d'ouvrir la voie à une opération terrestre. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu s'est engagé lundi à éradiquer totalement l'Etat islamique (EI) des zones frontalières de la Syrie après l'attentat attribué à l'organisation djihadiste qui a fait 54 morts, dont 22 enfants, samedi à Gaziantep. Arrêter les Kurdes, une priorité pour Ankara Le gouvernement turc, qui s'inquiète par ailleurs des succès des forces kurdes dans le nord de la Syrie, a par ailleurs promis d'apporter toute l'aide nécessaire aux rebelles syriens qui s'apprêtent à donner l'assaut à Djarablous pour barrer la route aux Kurdes des unités de protection du Peuple (YPG). La milice s'est emparée mardi de la quasi totalité d'Hassaka, dans le même secteur, où ils ont infligé une sévère défaite aux forces progouvernementales. Les YPG, pièce maîtresse de la campagne américaine de lutte contre le EI, tient une bonne part du nord de la Syrie, région qui jouit d'une autonomie de fait depuis le début du conflit, et militent pour l'instauration d'un régime fédéral afin de préserver cette autonomie, dans le cadre d'un règlement du conflit. Elles tiennent désormais une bande de 400 km le long de la frontière turque, qui va de la frontière irakienne à l'Euphrate, ainsi qu'une poche appelée Afrin dans le Nord-Ouest syrien. Avant la prise d'Hassaka, les miliciens kurdes avaient déjà obtenu une grande victoire le 12 août en reprenant Manbij, 40 km au sud de Djarablous, à l'EI, sous la bannière des Forces démocratiques de Syrie, l'alliance soutenue par les puissances occidentales à laquelle ils appartiennent. A Ankara, on redoute que leurs succès n'attisent les ambitions de leurs frères turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont repris les armes en juillet 2015 lorsque que le président Recep Tayyip Erdogan s'est lancé dans une «guerre synchronisée» contre l'EI et les séparatistes. Pour le gouvernement turc, la priorité est donc d'empêcher les YPG de prendre Djarablous.