Des activistes, des associations et des organisations de la société civile en Tunisie ont dénoncé, mercredi, les arrestations et les poursuites judiciaires « arbitraires » engagées, récemment, contre des acteurs politiques et hommes de médias. Dans une déclaration commune, ils ont condamné l'arrestation du directeur général de la radio privée Mosaique FM, Noureddine Boutar, après son audition sur la ligne éditoriale de l'établissement. « Il s'agit d'une tentative d'intimider les médias et les journalistes et de faire taire toutes les voix libres », ont-ils regretté. Les signataires de la déclaration ont, par ailleurs, dénoncé « l'instrumentalisation des appareils de l'Etat et leur assujettissement par le pouvoir en place pour régler des comptes avec les opposants », appelant le chef de l'Etat à « cesser le discours d'intimidation et d'incitation à la haine ». Ils ont invité les forces civiles et les citoyens à s'unir pour lutter contre « les pratiques despotiques qui portent atteinte aux droits et aux libertés ». Parmi les signataires figurent notamment l'organisation Al-Bawsala, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), l'Association tunisienne de défense des libertés individuelles et le Réseau tunisien de la justice transitionnelle. Mardi, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH), Volker Türk, a exprimé sa préoccupation face à « l'aggravation de la répression contre ceux qui sont perçus comme des opposants politiques et de la société civile en Tunisie ». Lire aussi: Tunisie: un influent homme d'affaires et un activiste politique arrêté Le Procureur Général a de plus en plus engagé des poursuites pénales contre des opposants présumés, les accusant de « complot contre la sécurité de l'Etat, d'offense au Chef de l'Etat ou de violation du décret-loi de lutte contre la cybercriminalité », déplore M. Turk cité dans un communiqué publié par le bureau du HCDH à Tunis. Au moins dix personnalités, pour la plupart des opposants appartenant au parti islamiste Ennahdha et ses alliés, mais aussi le directeur d'une grande radio privée et un influent homme d'affaires ont été arrêtés lors de ce coup de filet sécuritaire. Depuis le coup de force du président Kais Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, plusieurs figures politiques font l'objet de poursuites judiciaires dénoncées par l'opposition comme des règlements de comptes politiques.