Le 30 avril, le gouvernement et la CGEM ont signé un accord de plusieurs points avec les syndicats. Les représentants des salariés étaient au nombre de trois: UMT, UGTM et CDT. Mais pourquoi ces derniers et pas d'autres officines? Eléments de réponse. Le 30 avril, le gouvernement, en la personne de Aziz Akhannouch, et la CGEM ont signé un accord avec les syndicats incluant plusieurs points, des acquis pour tout le monde: salariés (public et privé), patronat et autorités. Une paix sociale pour la période 2022-2024, qualifiée de «moment historique» par le chef de l'Exécutif. Les autres partenaires sociaux ont été du même avis puisque cet accord prévoit plusieurs acquis pour les salariés dont des augmentations de salaires, un congé paternité de 15 jours... En fin de compte, un petit cadeau (et mieux que rien) pour les masses laborieuses dans une conjoncture de crise inédite au Maroc et à l'international. Ledit accord, du côté des syndicats, a été paraphé par le SG de l'Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik, le SG de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM, pro-Istiqlal), Naâma Mayara, et les responsables de la Confédération démocratique du travail (CDT), Khalid Alami Houir et Bouchta Boukhalfa. Le coup de sang des «frères» Ce 30 avril, tout le monde rentre chez lui, esquinté par d'interminables heures de tractations, mais chacun avec un petit «chouiya» dans la poche: une trêve de deux ans pour l'Exécutif, quelques poignées de dirhams de plus pour les salariés et la promesse d'un meilleur climat de travail et d'investissement pour le patronat. Lire aussi. Dialogue social: les principaux points de l'accord tripartite Nous sommes le 1er mai, fête du travail et des travailleurs, la veille de l'Aïd El-Fitr. A Rabat, Abdelilah Benkirane, ex-chef du gouvernement et SG (intérimaire) du PJD est la guest-star du meeting de l'Union marocaine du travail au Maroc (UNTM, pro-PJD). Devant ses «frères», il tire à boulets rouges sur le gouvernement Akhannouch et n'épargne pas les syndicats signataires de l'accord de la veille. Il les qualifie de «syndicats du patronat» et les accuse d'être des «vendus» et d'avoir «trahi» la cause des salariés. «Une mascarade», enchérit Abdelilah Hallouti, SG de la même UNTM et ex-membre de la Chambre des conseillers. «Il ne nous (UNTM, ndlr) honore en rien de signer un tel accord», ajoute le chef des syndicalistes du PJD. Notons, au passage, que de telles critiques, d'une violence inédite, n'ont émané ni du syndicat proche de l'USFP (la FDT) et moins de ceux proches du Mouvement populaire, sachant que ces deux partis sont dans l'opposition. Le verdict des urnes «Comme le PJD, les gens de l'UNTM sont aigris et n'arrivent pas à oublier les cinglants résultats des élections du 4 octobre 2021 (élection de la Chambre des conseillers, ndlr)», affirme un connaisseur du paysage syndical au Maroc. Explication: le PJD a subi une grande défaite lors de ce scrutin, ses dirigeants ont remis en cause l'honnêteté de tout le processus électoral, sans convaincre. Le même scénario se répète à l'UNTM: n'ayant pas ou plus pu s'imposer sur la scène syndicale, ses dirigeants fustigent les autres syndicats. Lire aussi. Le RNI en tête du scrutin de la Chambre des conseillers avec 27 sièges Et pourtant, les faits sont têtus, comme les textes. L'UMT, l'UGTM et la CDT sont aujourd'hui les syndicats les plus représentatifs des salariés. A la Chambre des conseillers l'UGTM (9 sièges) et l'UMT (8 sièges) sont les seules centrales à disposer d'un groupe parlementaire (qui nécessite au moins 6 membres). Elles sont talonnées par la CDT (3 élus) alors que l'UNTM ne dispose que d'un seul siège. «Le gouvernement ne va pas signer avec plus de 30 centrales syndicales, mais avec les plus représentatives», affirme notre interlocuteur. Rappelons également que c'est en vertu de leurs scores électoraux respectifs qu'est définie la subvention étatique aux syndicats. Et ça, c'est une autre histoire...