A la suite de l'annonce gouvernementale hier concernant le couvre-feu pendant Ramadan instauré dès 20h, les professionnels du secteur de la restauration sont « sous le choc », ne savent pas s'ils ouvriront leurs portes et attendent des aides conséquentes de la part de l'Etat. Sentiments d'injustice et d'incompréhension parmi les restaurateurs et teneurs de cafés à la suite de l'annonce hier, mercredi 7 avril, par le gouvernement, de l'instauration d'un couvre-feu à 20h pendant le mois sacré qui débute la semaine prochaine. Avec une rupture du jeûne qui interviendra vers 19h, les professionnels du secteur s'interrogent encore sur la possibilité d'une ouverture principalement basée sur un système de livraison avant le ftour. Pour Mohamed Abou El Fadel, secrétaire général de la Fédération marocaine des cafés et de la restauration rapide, et coordinateur de la Confédération marocaine des métiers de bouche, la question se pose à peine. « Le couvre-feu à 20h ne donne plus de chances aux restaurateurs d'offrir des menus de ftour pour profiter de la rupture du jeûne. Automatiquement, les restaurateurs et gérants de café sont obligés d'arrêter leur activité pendant cette période », regrette le représentant syndical contacté par nos soins, tout en avançant qu'ouvrir quelques heures avant le ftour ne représente pas « un chiffre d'affaires suffisant pour supporter les charges tout le mois ». Et de nuancer: « Il y aura des cas exceptionnels, on ne va pas dire que 100% des cafés/restaurants vont fermer, mais cela ne représente en aucun cas le secteur. Il n'y a aucune solution effective aujourd'hui. Les professionnels attendent le jour de fermeture, tout le monde est sous le choc, surtout face à l'absence de mesures accompagnant ces gens-là, c'est ça qui est difficile ». Un scénario pire qu'au premier confinement Les syndicats craignent un scénario pire que lors du premier confinement qui avait provoqué la fermeture définitive de 20% des cafés. S'ils obtiennent des aides financières du gouvernement, les professionnels pourront suspendre leur activité pendant le mois de Ramadan de manière plus sereine, exprime Noureddine Haraq, président de l'Association nationale des propriétaires de cafés et de restaurants au Maroc (ANPCRM). Joint par H24Info, le professionnel estime que « cette fois-ci, les professionnels en faillite seront beaucoup plus nombreux et les conséquences seront lourdes ».
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Même prévision du côté de Mohamed Abou El Fadel: » Le couvre feu mettra en faillite un pourcentage important du secteur. On peut dire aujourd'hui qu'il y aura sûrement des déclarations de faillite, des drames côté social, sachant que le secteur emploie des centaines de milliers d'employés qui n'ont aucune visibilité sur leur indemnité pour perte d'emploi ». « C'est une situation tellement complexe qu'aujourd'hui, les restaurateurs ni les cafetiers n'auront la possibilité d'assumer leurs engagements primaires à savoir les paiements de salaires, mais aussi les loyers, les échéances bancaires, les paiements des taxes prévues dans l'exploitation normale », abonde-t-il. « On a besoin de la dernière addition » Pour éviter des pertes financières supplémentaires, l'ANPCRM a finalement annoncer hier dans un communiqué l'annulation de la grève du secteur prévue demain, vendredi 9 avril. « En tant que professionnel, à quoi me sert une grève alors que j'ai devant moi tout un mois de fermeture? Aujourd'hui, on ne peut pas sacrifier toute une journée, on a besoin de la dernière addition », martèle Mohamed Abou El Fadel. « On est face à un gouvernement qui nous a obligés à baisser le rideau pendant trois mois et dix jours au premier confinement, puis en début d'année, à réduire la capacité d'accueil de nos locaux, etc. Une grève à ce moment-ci n'aura aucun effet sur un gouvernement qui connaît notre situation et qui n'a plus de solution, qui n'est plus capable de fournir des aides », réitère le professionnel. A ce propos, l'ANPCRM doit rencontrer cet après-midi-même le ministre du Travail (ou son secrétaire général) pour savoir si des aides seront débloquées ou non en faveur des salariés du secteur. Noureddine Haraq, président de l'association précitée, dénonce le fait de n'avoir rencontré aucun responsable au préalable, et que « la décision a été prise sans consulter aucun professionnel du secteur ».