L'Italie a autorisé samedi le navire humanitaire Ocean Viking à débarquer sur l'île de Lampedusa 82 migrants secourus en mer, marquant une rupture avec la politique de l'ex-ministre de l'Intérieur d'extrême droite Matteo Salvini. Ce feu vert intervient quelques jours après l'entrée en fonctions d'un nouveau gouvernement, fruit d'une alliance entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et le Parti démocrate (gauche), dont est absent M. Salvini. C'est la première fois en 14 mois que l'Italie propose un port sûr à un navire de secours, même s'il lui a fallu pour cela six jours et des garanties européennes sur la répartition des migrants. « L'Ocean Viking vient de recevoir du Centre de coordination des sauvetages en mer (MRCC) de Rome l'ordre de se diriger vers Lampedusa (Italie) », a tweeté l'ONG SOS Méditerranée, qui affrète le navire avec Médecins sans frontières (MSF).
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Selon le ministre français de l'Intérieur Christophe Castaner, « un accord ad hoc européen avec l'Italie, la France, l'Allemagne, le Portugal et le Luxembourg a été trouvé pour permettre le débarquement à Lampedusa des 82 personnes à bord de l' #OceanViking ». « Il nous faut maintenant nous entendre sur un véritable mécanisme temporaire européen », a-t-il tweeté, soulignant qu'une réunion ministérielle européenne était prévue à Malte le 23 septembre « en vue d'un accord à Luxembourg, début octobre ». Selon le quotidien italien La Repubblica, la France et l'Allemagne accepteraient d'accueillir chacune 25% des migrants secourus, l'Italie en accueillant 10%, une proportion similaire à celle du mécanisme étudié. « Une bonne nouvelle » Selon les médias italiens, les garde-côtes vont envoyer un navire pour transporter à terre les migrants afin de ne pas perturber les opérations du port de la petite île située au sud de la Sicile. « Et voilà, les ports ouverts sans limites », a réagi M. Salvini, qui avait fait adopter un décret renforçant la répression contre les navires de secours. Pour le patron de la Ligue (extrême droite), « l'Italie redevient le camp de réfugiés de l'Europe ». « S'être vu proposer un lieu sûr est une bonne nouvelle », a commenté Nicola Stalla, coordinateur des opérations de recherche et sauvetage à bord de l'Ocean Viking. L'Ocean Viking, qui a succédé à l'Aquarius, effectuait depuis le 2 septembre sa deuxième mission en Méditerranée. Il a secouru 50 migrants le 8 septembre dans les eaux internationales au large de la Libye, puis 34 autres transbordés depuis un voilier, le Josefa. Depuis, il naviguait entre l'Italie et Malte en attente d'un port sûr. Parmi les migrants à bord, MSF a recensé 58 hommes, 6 femmes, 17 mineurs et un enfant âgé d'un an. Le ministre italien des Affaires étrangères et chef du M5S, Luigi Di Maio, a déclaré que « le port sûr avait été proposé parce que l'Union européenne a accepté notre demande de prendre en charge la plupart des migrants ». « Répartition automatique » La négociation d'un mécanisme temporaire de « répartition automatique » en Europe des migrants secourus en Méditerranée a été confirmée jeudi par une source diplomatique à Bruxelles. Ce projet a été présenté par le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte mercredi à Bruxelles. Il impliquerait la France et l'Allemagne, qui y seraient favorables, ainsi que l'Espagne, le Luxembourg, la Roumanie, le Portugal et Malte, selon des médias italiens. M. Conte a évoqué de « possibles pénalités financières » pour les pays européens refusant l'accueil de migrants, allusion aux quatre pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie).
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Le projet devrait être discuté mercredi prochain lors d'une rencontre à Rome entre M. Conte et le président français Emmanuel Macron, puis de façon plus détaillée le 23 septembre à Malte par les ministres de l'Intérieur de divers pays dont la France, l'Allemagne, Malte et la Finlande, et des représentants de la Commission européenne. Le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer a confirmé que l'Allemagne prendrait en charge 25% des migrants secourus arrivant en Italie dans le futur mécanisme. « Ce ne serait pas trop pour notre politique de l'immigration », a-t-il déclaré samedi au quotidien Süddeutsche Zeitung, estimant qu'il était temps de mettre un terme au « douloureux processus » de négociations au cas par cas pour les navires d'ONG, dont certains ont dû attendre plusieurs semaines en mer. Le projet serait temporaire, dans l'attente de la renégociation, réclamée par Rome, du règlement européen de Dublin qui confie le traitement des demandes d'asile au pays d'arrivée. M. Salvini, qui a provoqué le 8 août la chute du gouvernement en réclamant des élections anticipées à l'automne, est désormais dans l'opposition. Il a été remplacé à l'Intérieur par la préfète Luciana Lamorgese, sans étiquette politique et qui connaît bien ce sujet.