D'après le Global Peace Index, publié mercredi, la diminution mondiale en matière de militarisation et la baisse du nombre de morts, victimes du terrorisme, a fait augmenter le niveau global de paix. Mais d'importantes disparités se creusent à l'échelle mondiale. En 2019, le niveau de paix globale dans le monde a augmenté pour la première fois en cinq ans, révèle le Global Peace Index (GPI) publié ce 12 juin. Réalisé par l'Institute for Economics and Peace (IEP) depuis 2008, cet index établit chaque année un classement de 163 pays selon leur degré de paix. Le résultat positif de cette année est notamment la conséquence de la diminution du degré de militarisation à l'échelle mondiale: les 5 pays aux plus grandes dépenses militaires (Etats-Unis, Chine, Arabie Saoudite, Inde et Russie) ont baissé leurs effectifs de personnels des forces armées, relève le rapport. Le nombre de morts causés par le terrorisme est également un facteur satisfaisant puisqu'il a baissé: de 32.000 en 2014 à 12.000 en 2018. Cette avancée globale doit cependant être nuancée. Alors que certaines régions avancent dans la bonne direction (comme l'Amérique du Sud), le niveau de paix de pays importants se détériore, notamment au Brésil qui perd 10 places au classement (116e). Les Etats-Unis perdent également quatre places dans ce classement, ce qui les positionne au 128e rang.
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La sécurité intérieure est le principal facteur de cette détérioration dans le pays, avec notamment l'augmentation du taux d'homicide depuis 2010, note le think tank basé à Sydney. De plus, la diminution des conflits mondiaux importants laisse place à d'autres, moins intenses mais qui pèsent sur la paix mondiale. Le constat global n'est donc pas pleinement positif. «Un écart se creuse entre les pays dont l'indice de paix est élevé et ceux dont l'indice est faible» s'alarme Serge Stroobants, directeur des opérations pour l'Europe et le Moyen-Orient pour l'IEP. L'Europe domine le classement La détérioration du climat a également un rôle majeur dans cette disparité. Les pays qui connaissent des dégâts climatiques, comme la diminution des ressources naturelles ou les catastrophes naturelles, seront à l'avenir davantage exposés à des conflits, estime l'Institute for Economics and Peace. Parmi les 941 millions de personnes vivant dans des zones à forte exposition aux aléas climatiques, 400 millions habitent dans des zones avec un faible degré de paix, notamment en Asie-Pacifique ou en Afrique subsaharienne où se trouvent plus de 78% de la population exposée à ces risques climatiques.
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L'Europe, qui est la région la plus pacifique au monde, domine ce classement: dans les 25 pays les plus pacifiques, 17 sont européens. L'Islande est toujours à la tête de l'index, suivie de la Nouvelle-Zélande, du Portugal et de l'Autriche. Parmi les pays pacifiques, l'IEP distingue deux types de paix, étroitement liés. D'abord la paix négative définie simplement comme l'absence de violence, qui n'est donc pas obligatoirement vouée à durer. Et la paix positive caractérisée par les attitudes, les institutions et les structures qui créent et maintiennent une paix durable, comme dans les pays scandinaves. Quant aux pays dont le niveau de paix positive est négatif et faible, ils se trouvent dans des cercles vicieux de conflits dont il est difficile de sortir. C'est le cas des Etats du bas du classement, comme l'Afghanistan, à ce jour, le moins pacifique au monde. Le bilan est donc mitigé mais l'avenir n'est pas tracé, estime le Global Peace Index. Malgré certaines avancées, les disparités se creusent en matière de paix. La prise de conscience doit être collective, comme le confirme Serge Stroobants. «Les pays en bonne santé, où la paix est installée, se doivent d'avoir une vue sur les moins pacifiques.»