Il s'agit d'une décision historique. Le géant de l'agrochimie a été condamné à verser 290 millions de dollars à Dewayne Johnson, un jardinier atteint d'un cancer. Monsanto a annoncé vouloir faire appel. C'est une décision historique: un tribunal de San Francisco vient de condamner Monsanto à payer près de 290 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide Roundup à l'origine du cancer de Dewayne Johnson. Une victoire pour ce jardinier américain qui espère un effet boule de neige. Les jurés avaient commencé à délibérer le 8 août après plus d'un mois de débats dans ce procès historique, le premier à concerner le caractère possiblement cancérigène des produits au glyphosate de Monsanto. Ils ont ainsi déterminé que Monsanto avait agi avec «malveillance» et que son herbicide Roundup, ainsi que sa version professionnelle RangerPro, avaient «considérablement» contribué à la maladie du plaignant, Dewayne Johnson. Le géant de l'agrochimie a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision. «Nous exprimons notre sympathie à Dewayne Johnson et à sa famille. La décision d'aujourd'hui ne change pas le fait que 800 études scientifiques et les conclusions de l'agence américaine de la protection de l'environnement (EPA), des instituts nationaux pour la santé et des autres autorités de régulation à travers le monde soutiennent que le glyphosate ne cause pas de cancer et n'a pas causé le cancer de Dewayne Johnson», affirme le groupe. Moins de deux ans à vivre «Comment [l'entreprise] ose-t-elle faire appel», s'est indigné l'un des avocats du plaignant, Brent Wisner. Le verdict «montre que les preuves (de la dangerosité du glyphosate) sont accablantes». Des gens «souffrent du cancer car Monsanto ne leur a pas donné le choix», a-t-il ajouté, se disant déterminé à «(se) battre jusqu'au bout». Tombé dans les bras de ses avocats à l'annonce du verdict, partagé entre larmes et sourire, Dewayne Johnson, 46 ans, réclamait plus de 400 millions de dollars, estimant que les produits de Monsanto avaient entraîné son cancer et que la multinationale avait sciemment caché leur dangerosité. «J'ai reçu beaucoup de soutien depuis le début de cette affaire, beaucoup de prières et d'énergie de la part de gens que je ne connais même pas. Je suis content de pouvoir aider une cause qui me dépasse largement. Et j'espère que cette décision commencera à lui apporter l'attention dont elle a besoin», a réagi sobrement D. Johnson au cours d'une conférence de presse. Dans le cadre de son travail de jardinier, ce père de trois garçons, a abondamment utilisé le désherbant Roundup, et sa version professionnelle plus puissante, le RangerPro, entre 2012 et 2014. Il a été diagnostiqué en 2014 d'un lymphome non hodgkinien, un cancer incurable du système lymphatique. Les médecins lui donnent moins de deux ans à vivre. Le jardinier, qui n'avait pas de problème de santé auparavant, a expliqué, lors de son témoignage fin juillet, qu'il n'avait aucune idée des controverses sur le glyphosate avant de voir des marques sur sa peau et de se renseigner sur internet. Le verdict de vendredi «va provoquer une cascade de nouvelles affaires», selon Robert F. Kennedy Jr, membre de l'équipe d'avocats rassemblée autour du plaignant, qui compte demander à ce que l'appel de Monsanto soit traité en urgence compte tenu de l'état de santé de Dewayne Johnson. Actuellement, des milliers de procédures contre Monsanto sont en cours aux Etats-Unis, à des degrés divers d'avancement.