Le procès du directeur de publication du quotidien Akhbar Alyaoum et du site d'information Alyaoum24, Taoufik Bouachrine, a démarré ce matin à la Cour d'appel de Casablanca. Voici les principales choses à retenir d'une première audience sous haute tension. http://www.h24info.ma/wp-content/uploads/2018/03/B20-1.mp4
La défense des plaignantes toujours pas prête Les avocats des plaignantes ont tout fait pour reporter le procès, justifiant leur requête par la nécessité d'avoir plus de détails sur l'affaire. Me Tarik Zouhair et Me Amina Talbi ont tous deux reconnu qu'ils n'ont toujours pas lu les PV de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). « Nous avons été contactés la veille du procès, et nous n'avions pas assez de temps pour nous préparer », nous a confié l'avocat au barreau de Rabat, Amina Talbi. Demande approuvée par le juge, qui a renvoyé le procès au 15 mars. Le parquet et la BNPJ dans le viseur de la défense C'est le coup de théâtre de la journée. Le bâtonnier Mohamed Ziane, sous les nerfs depuis le démarrage du procès, prend la parole et remet en cause l'indépendance de la BNPJ, avant d'annoncer que Afaf Bernani, une femme qui figurait sur la liste des plaignantes fuitée par la presse, a décidé de déposer une plainte pour « déformation des témoignages » contre la BNPJ. Dans la foulée, Me Abdessamad Idrissi, avocat Pjdiste de l'accusé, affirme que Taoufik Bouachrine a déposé plainte contre le procureur général pour « falsification de PV ». La défense réclame tout simplement la suspension du procès pour vice de forme. Bouachrine de plus en plus isolé Hormis la présence d'Amina Maelainine et Abdelali Hamidine, deux figures du Parti de la justice et du Développement (PJD) connus pour leur soutien appuyé au journaliste, et ce dès son arrestation, l'audience n'a pas connu la présence d'autres proches de l'accusé, notamment sa famille. Si aucun représentant du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) n'a répondu présent, deux membres de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), Abdelilah Benabdesslam et l'avocat Said Benhammani, ont assisté au procès avec des casquettes d'observateurs, sans pour autant afficher le moindre soutien à l'accusé. La sérénité d'un juge Malgré la grande tension qu'a connue la salle 7 de la Cour d'appel tout au long de l'audience, le juge Bouchaib Farah s'est montré serein et calme. À chaque altercation entre la défense de Bouachrine et celle des plaignantes, le magistrat se contentait de demander aux deux partis d' »être plus responsables pour l'importance de l'affaire », ou de suspendre l'audience pour quelques minutes, le temps que les esprits s'apaisent. Une audience « très » publique La plupart des journalistes venus couvrir le procès ce matin ont été surpris par la facilité (inhabituelle?) qu'ils ont eu à accéder à la salle d'audience. Contrairement aux procès hebdomadaires du Hirak du Rif, où les autorités imposent aux journalistes la présentation des cartes de presse et interdisent l'entrée des caméras au tribunal et les téléphones portables à la salle d'audience, les policiers chargés de l'inscription des journalistes présents pour couvrir l'audience de Bouachrine ont été particulièrement souples. Caméramen, journalistes et photographes pouvaient librement se balader dans les couloirs du tribunal, interviewant les avocats des deux parties du litige. Pourvu que ça dure!