Les deux pays se donnent deux ans pour rapatrier les réfugiés de cette minorité musulmane. Un accord qui ne règle pas le fond du problème. Une petite lueur d'espoir pour les Rohingyas. La Birmanie et le Bangladesh ont signé mardi un accord prévoyant un retour échelonné sur deux ans pour près de 650.000 réfugiés qui ont fui la première depuis le mois d'août. Les deux pays avaient convenu en novembre dernier du principe du retour des réfugiés. Il restait à en concrétiser les modalités. L'annonce de cette échéance est le premier résultat de pourparlers ouverts en début de semaine dans la capitale birmane. L'accord signé prévoit l'édification de cinq camps côté bangladais. Ils serviront de base pour la sélection des réfugiés qui auront le droit de retourner en Birmanie, où deux autres camps sont prévus pour les accueillir. Pour obtenir leur droit au retour, ils devront prouver avoir effectivement vécu du côté birman de la Naf, le fleuve frontière. Au total, près d'un million de Rohingyas sont réfugiés au Bangladesh, l'un des pays les plus pauvres du monde, dans l'impossibilité de leur porter correctement assistance. La Birmanie était également sous pression pour trouver un accord, mais elle de la part de la communauté internationale, qui s'impatiente de voir une solution aboutir dans l'Etat Rakhine. Cette région, la plus occidentale du pays et séparée du reste du territoire par une chaîne montagneuse, est le théâtre d'une «épuration ethnique» menée à l'encontre des Rohingyas, minorité musulmane, par l'armée birmane, affirme l'ONU. Des nouveaux camps côté birman Côté birman, les préparatifs ont commencé d'après le quotidien pro-gouvernemental birman, le Global new light of Myanmar (lien en anglais), qui évoque la visite du ministre des Affaires sociales, des Secours et du Rapatriement, dans l'Etat Rakhine. Ce dernier a fait la tournée de plusieurs futurs camps, dont l'un devrait accueillir à terme 30.000 personnes réparties dans 625 maisons. Premier bémol par rapport aux futurs réfugiés, l'un des points forts de sa tournée fut la visite et le soutien apporté à des «personnes musulmanes», vivant dans un camp temporaire, mais qui «n'ont pas fui dans l'autre pays», malgré le fait «que leurs maisons aient été détruites par le feu lors d'attaques terroristes», détaille le journal birman. Il a assuré que cette fidélité leur assurerait des maisons reconstruites non-loin de leur village d'origine. Les réfugiés partis au Bangladesh devront sans doute attendre plus longtemps. Encore faudrait-il qu'ils se décident à rentrer. Nombre d'entre eux ne font plus confiance aux autorités birmanes et craignent d'être parqués à long terme dans des camps coupés de l'extérieur. La question des vérifications L'autre inquiétude réside dans le processus de vérification d'identité, dont les détails n'ont pas été divulgués. On sait simplement qu'un «formulaire» a été mis au point, et qu'il s'adressera à la famille entière. Le cas des orphelins a également été prévu dans l'accord de retour. Des documents officiels prouvant la réalité de leur résidence seront sans doute demandés aux réfugiés. C'est ainsi que la Birmanie avait procédé après le dernier exode, en 1992. Une vérification qui pourrait poser problème pour nombre de familles qui n'ont rien pu emporter dans leur fuite. Naypyidaw a par ailleurs fourni une liste de 1000 noms à Dacca de personnes qu'elle désigne comme des «terroristes» et qu'elle ne veut pas voir revenir sur son sol. Autre inquiétude soulevée par ce processus d'acceptation, celle de l'attribution de documents d'identité provisoire aux réfugiés. L'Etat souhaite remettre une «carte nationale d'identification». aux Rohingyas, chez qui cette dernière fait débat, n'indiquant pas l'origine ethnique du détenteur. Un élément déterminant pour l'avenir, car la reconnaissance des Rohingyas aux côtés des 135 autres groupes officiellement enregistrés serait le signe d'une ouverture vers une citoyenneté pleine et entière. Pour le moment, ces derniers sont qualifiés «d'Hindous» ou de «Bengalis» par les autorités et une partie de la presse, façon de les considérer comme des migrants et non des natifs du pays. Le premier convoi de rapatriés doit arriver mardi 23 janvier en Birmanie. Cette dernière indique que les camps seront prêts «à temps». L'ambassadeur du Bangladesh à Rangoon a cependant jugé «impossible» le début des retours à cette date.