Pour son 10ème anniversaire (29 avril-1er mai 2010), le Printemps Musical des Alizés à Essaouira, organisé en partenariat avec la Fondation des Trois Cultures (Séville), se devait de signer cette édition d'anthologie du sceau de l'exception. En ouverture tout d'abord avec Carmina Burana de Carl Orff, cette œuvre éclatante, pleine d'humour et de force dont les notes vont résonner entre les remparts de Bab El Menzeh dont la scène sera investie pour l'occasion par plus d'une centaine de chanteurs et de musiciens du Chœur et du jeune Orchestre Symphonique d'Andalousie. Ce sera un moment rare où l'émotion le disputera au talent et à l'audace. Essaouira en effet n'a pas seulement gagné le pari fait il y a dix ans en dotant le Maroc d'un festival de musique de chambre et d'art lyrique, qui a naturellement pris place parmi les rendez-vous reconnus et recherchés par les mélomanes. Essaouira a su le faire en ouvrant avec constance et détermination son espace musical aux jeunes talents qui savent se révéler et s'épanouir dans une cité des alizés plus universelle que jamais dans son goùt et son écoute de toutes les musiques. Carmina Burana en ouverture et Dvorak en clôture avec son Stabat Mater dont chacun reconnaît la marque et la profondeur pour avoir été écrit et mis en musique à une période très particulière de la vie du grand compositeur. Pour ce Stabat Mater, ce sont 150 musiciens et chanteurs du Chœur des Trois Cultures, né à Essaouira en 2003 et de l'Orchestre des Jeunes de l'Andalousie qui vont se retrouver sur la même scène où ils interpréteront le même soir des œuvres inédites en arabe et en hébreu spécialement écrites et arrangées pour le Festival d'Essaouira. Auparavant et pendant trois jours, à Dar Souiri, à l'Alliance franco-marocaine et sous le chapiteau de Bab el Menzeh, sextuor à cordes, quatuor, lieder et airs d'opéra vont se succéder en puisant leur inspiration dans les répertoires de Brahms, Berlioz, Mozart, Bizet, Schonberg et d'autres encore. Last but not least, une programmation inattendue va donner une tonalité et une dimension inédites à cette édition hors normes. Pour la première fois en effet le Festival des Alizés va faire une place de choix au chant classique arabe et à sa musique avec des moments rares dédiés à Mohamed Abdelwahad, Oum Keltoum, Abdelhalim Hafez et à quelques airs choisis dans le riche répertoire maghrébin judéo-arabe. Edition d'anthologie donc mais aussi édition d'exception et de reconnaissance avec l'hommage que rendra le Printemps des Alizés au regretté Mohamed Boudrar, un chef d'orchestre trop tôt disparu mais qui dès les années 1970 avait su imposer sa marque et enrichir la scène musicale marocaine de son talent très vite reconnu par ses pairs et par les critiques les plus exigeants de la grande musique.