L'Union européenne "agira d'une seule voix" face aux menaces américaines de surtaxer lourdement certains produits français, en réponse à l'instauration en France d'une taxe sur les géants du numérique, a affirmé, mardi 3 décembre, l'un des porte-paroles de la Commission européenne, Daniel Rosario. "L'Union européenne agira et réagira d'une seule voix", a déclaré M. Rosario, ajoutant que la Commission travaillait "en étroite coordination avec les autorités françaises sur les prochaines étapes". Le porte-parole de la Commission a affirmé que l'UE chercherait à engager "immédiatement des discussions avec les Etats-Unis sur la manière de résoudre cette question à l'amiable afin d'éviter un différend à l'OMC". "Nous demeurons d'avis que l'OMC est le lieu où régler tout différend commercial", a-t-il rappelé, ajoutant aussi que "plusieurs" autres voies restaient "ouvertes" en cas de tarifs douaniers américains. Pour rappel, Washington menace de surtaxer lourdement une série de produits français, qui pèsent l'équivalent de 2,4 milliards de dollars, comme les fromages, les yaourts, le vin pétillant ainsi que des produits cosmétiques ou encore des sacs à main. L'annonce des autorités américaines, lundi 2 décembre en fin de journée, fait suite à une enquête concluant que la législation française visant à taxer les "Gafa" (en référence aux géants américains Google, Apple, Facebook et Amazon) portait préjudice aux entreprises américaines. La proposition, qui doit encore recevoir l'aval du président américain Donald Trump, risque d'intensifier les frictions avec l'UE et la France en particulier. L'imposition de tarifs douaniers punitifs sur les produits français ne pourra pas intervenir avant la mi-janvier, à l'issue d'une période de consultations. Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, rencontrera mercredi 4 décembre à Bruxelles le commissaire européen au Commerce, Phil Hogan. La France a pris contact avec la nouvelle Commission européenne pour s'assurer qu'"il y aurait bien une riposte européenne, une riposte forte", a souligné mardi 3 décembre M. Le Maire, tout en appelant à "éviter de rentrer dans cette logique de sanctions et de ripostes". La taxe française Gafa impose les géants du numérique à hauteur de 3% du chiffre d'affaires réalisé en France, notamment sur la publicité ciblée en ligne, la vente de données à des fins publicitaires et la mise en relation des internautes par les plateformes. Cette solution a vocation à n'être que temporaire dans l'attente d'un aboutissement de négociations internationales. "La Commission reste déterminée à trouver une solution stable et globale à long terme pour la taxation de l'économie numérique", a rappelé mardi le porte-parole de la Commission.