Cette édition du Festival International du Film de Marrakech célèbre le cinéma russe, en présence d'une délégation de cinéastes venue tout droit du pays des tsars . Son président, le réalisateur Karen Shakhnazarov, nous parle de son cinéma et de l'évolution de ce dernier. C'est désormais devenu une coutume du FIFM. Depuis 2004, chaque édition du festival rend hommage à la culture d'un pays et son histoire cinématographique. Riche en histoire et marqué par un cachet tout à fait singulier, le cinéma russe est au cœur de cette 16ème édition. Outre quelques films projetés en marge de la compétition officielle, une délégation de réalisateurs, scénaristes et acteurs est présente à Marrakech afin de rencontrer les festivaliers marocains. A leur tête, Karen Shakhnazarov qui se dit « ému par autant d'amour et de respect de la part des marocains ». Pour lui, cet hommage résulte de l'intérêt grandissant des cinéphiles à la culture et à l'histoire russe. Un pays qui fait partie des plus grandes nations du monde. Interrogé par 2m.ma, cet illustre cinéaste est revenu sur l'évolution du cinéma de son pays, et sa transformation depuis l'époque soviétique. « Le cinéma de la Russie contemporaine est toujours en train de se chercher. C'est un cinéma jeune, qui date de près de 25 ans seulement ». En effet, le cinéma russe a connu un véritable tournant, à la suite de la disparition de l'état soviétique. A l'époque, il était conditionné par « une très stricte censure de la part des autorités russes », et représentait un véritable instrument de propagande. Pourtant, l'époque soviétique a vu émerger bon nombre de chefs d'œuvres cinématographiques, et a donné naissance à de grands cinéastes tels que Vladimirovitch Koulechov et Sergueï Eisenstein. Un cinéma en constante évolution Karen Shakhnazarov est une sommité dans son pays. En plus de diriger l'un des plus grands studios de cinéma, Mosfilm, il fait partie des cinéastes les plus brillants de sa génération. « J'ai réalisé 6 films pendant la période soviétique, et 10 durant la Russie contemporaine. Je peux vous assurer, que la situation a catégoriquement changé », nous précise le réalisateur de « l'Empire disparu » et de « Salle n°6 ». Il parle du cinéma de son pays avec passion et nostalgie. Même si la nostalgie est loin d'être sa tasse de thé. « Même si j'ai beaucoup travaillé lors de l'époque soviétique, pour moi c'est du passé. J'ai certes été nourri par ses influences et ses traditions ancestrales, mais j'estime que c'est une époque révolue et qu'il faut aller de l'avant », note Karen Shakhnazarov. Si certains pensent que le cinéma russe est profondément marqué par la tristesse et la mélancolie, Shakhnazarov explique qu'il s'agit du reflet de la personnalité des russes, mais également l'héritage du cinéma d'antan. « Les autorités de l'époque considéraient qu'il fallait produite des films sérieux. Et pour eux, la comédie n'en faisait pas partie. Même si, je vous l'assure, les cinéastes on créé d'hilarantes comédies (rires) », précise le cinéaste. Aujourd'hui, l'industrie cinématographique russe produit en moyenne 80 long-métrages destinés à la distribution, ainsi que près de 600 épisodes de séries. Un volume conséquent, qui reste tout de même inférieur à celui de l'époque soviétique qui connaissait la production de près de 300 films par an.