Grand invité d'honneur de cette onzième édition du FIMA, Pathé'O souhaiterait faire de ce festival une rampe de lancement du marché de mode africaine. Accompagnant depuis 20 ans ce rendez-vous culturel et économique référent du continent, ce créateur burkinabé de renom devenu couturier des chefs d'Etat, fonde ses espoirs sur l'étape de Dakhla pour poser les pierres d'une mode africaine compétitive sur la scène internationale. Nous l'avons rencontré. C'est la première année que le FIMA quitte le Niger pour prendre ses quartiers dans les dunes de Dakhla. Une édition anniversaire qui fait la part belle au panafricanisme. Venus du Sénégal, de Côte d'Ivoire, d'Angola, du Benin, du Caméroun, du Burkina ou encore du Maroc, des dizaines de stylistes et créateurs africains ont présenté devant un large public leurs collections et devront même, ce soir, partager le podium avec leurs homologues issus des cinq continents le défilé de clôture. L'occasion de faire valoir l'excellence des créateurs africains, et leur donner toute la place qui leur échoit dans les grand-messes de la mode internationale. Un leadership que Pathé'O, lui-même, membre du jury de cette édition, appuie depuis le premier FIMA dans le désert du Ténéré. "Le continent africain est un terrain fertile à l'industrie du textile et de la mode. Nos créateurs ne manquent pas de génie, ont la volonté d'innover, mais manquent d'accompagnement", déplore le couturier dans un entretien à 2M.ma. Ce génie, nos jeunes talents tentent tant bien que mal de le perpétuer, a-t-il dit. À travers sa délibération dans le cadre du jury de la onzième édition du FIMA, Pathé'O dit avoir "flairé originalité, audace, non-conformisme et créativité. Des ingrédients qui n'ont rien à envier aux standards internationaux, d'où l'urgence de les parrainer jusqu'à les introduire dans les grandes scènes internationales". "La Mode africaine est évolutive mais reste à la traine. Il existe tellement de talents, mais ce n'est malheureusement pas quantifié", nous confie-t-il. Un secteur porteur développement à structurer, estime-t-il. Selon lui, "Aucun pays au monde n'a évolué sans la mode. Je cite l'exemple des Etats-Unis, ou encore de la France, où la mode est un vecteur de rayonnement culturel et profite de tout l'intérêt des politiques". Dans ce sens, Pathé'O en fait appel aux dirigeants africain de prendre conscience de ce foisonnement. "Il s'agit en premier lieu de reconnaître notre identité et en faire un atout. Il faut se battre pour être indépendants", insiste-t-il.