Quelque 7 millions de personnes dans le monde perdent la vie chaque année à cause des maladies cardiovasculaires et respiratoires liées à la pollution de l'air, selon les données de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publiées mercredi. Plus de neuf personnes sur dix sont exposées à des taux anormalement élevés de particules fines dans l'air ambiant, mais aussi à leur domicile. Les particules fines sont les grandes responsables de ces morts prématurées. Plus petites qu'un cheveu, ces substances sont capables de se loger profondément dans les poumons et le système cardiovasculaire, représentant une menace silencieuse pour 90% de la population mondiale. "Tout le monde a le droit de respirer un air sain. Il est inacceptable aujourd'hui qu'autant de personnes n'aient pas accès à ce droit", a déploré le Dr Sophie Gumy du département de santé publique et des déterminants environnementaux et sociaux de la santé à l'OMS. À peine une personne sur cinq sur la planète a la chance de vivre dans une région où les niveaux de pollution respectent toute l'année les seuils fixés par l'OMS, soit moins de 10 μg/m3 (microgrammes par mètre cube) de PM2,5 et 20 μg/m3 de PM10. Les taux de pollution dans les mégalopoles sont plus de 5 fois supérieurs aux seuils, à en croire l'étude des relevés de la qualité de l'air réalisée dans plus de 4300 villes de 103 pays et des images satellites. Avec plus de 270 μg/m3 de PM10 en 2016, Delhi (Inde) et le Caire (Egypte) sont les plus polluées parmi les villes comptant plus de 14 millions d'habitants. Des taux records font également suffoquer les grandes villes des pays à revenus faibles et intermédiaires, en particulier en Asie du Sud-Est et la région du Pacifique occidental (Japon, Chine, Philippines ou encore Vietnam). Elles comptent plus de 1,3 million de décès attribuables à la pollution de l'air ambiant et plus de 2,7 millions de morts liés à la pollution de l'air intérieur. Cette pollution au cœur des maisons inquiète l'OMS, laquelle estime qu'environ 3 milliards de personnes utilisent encore du charbon, du pétrole ou des excréments d'animaux comme combustibles pour cuisiner, se chauffer et s'éclairer. Les femmes et les enfants sont les plus exposés à cette pollution, et en sont les principales victimes. L'agence onusienne va organiser, du 30 octobre au 1er novembre à Genève, la première conférence mondiale sur la pollution de l'air et la santé, afin de convaincre un maximum de pays de déclarer la guerre à ce "tueur invisible".