L'exposition "Lady Berbère", qui se veut un véritable hommage aux femmes brodeuses du Moyen Atlas et à leur savoir-faire, sera présentée du 7 octobre au 15 novembre, à la résidence artistique de la Fondation Montresso à Marrakech. Initiée par la collectionneuse Nathalie Heller-Loufrani et Stéphanie Cassan de l'agence Virage, cette exposition, qui met à l'honneur les brodeuses de tapisseries Zindekh de la région d'Azilal, est un formidable symbole de dialogue entre l'art populaire et l'art contemporain, habituellement réservé aux élites. Par la couleur, le travail de ces "Ladies" se confond de façon stupéfiante avec des toiles de maîtres : Keith Haring et ses figures aux bras ouverts, le parme de Nicolas de Staël ou encore la géométrie d'une Sonia Delaunay… À travers l'Histoire, les femmes berbères ont assuré la survivance de la langue, du savoir-faire et des traditions Amazighs. Elles ont permis la survie et la transmission de l'héritage culturel. Elles ont porté, enseigné et révélé les messages et les coutumes propres à leurs ancêtres. La transmission est un ressort omniprésent de la création artistique des femmes berbères. Le projet "Lady Berbère" est précisément né de la conviction que le talent peut venir des femmes qui savent porter sans impératif les savoir-faire de leurs "hajjates" (leurs aînées). "La transmission ne bride ni l'originalité ni le génie". C'est l'idée défendue par le projet Lady Berbère. Quand ces femmes se racontent, elles mettent en avant une technique, une façon de tenir le fil, de le croiser, de le nouer, héritée de leurs mères. Avec des matériaux bruts, ces brodeuses sont parvenues à créer de véritables objets d'art, aux formes géométriques complexes, et ont rédigé des codes auxquels les hommes n'avaient pas accès. Les tapisseries sont autant de coffres forts scellés. Dans la fibre, ces femmes témoignent de leurs expériences, de leur solitude, de leur joie, de leur délicatesse, guidées par une histoire portée par leurs mères et grand-mères avant elles. Leur force est d'avoir créé un langage propre dans lequel leur parole n'est plus tue. Cet événement artistique a aussi des objectifs caritatifs à travers le soutien de l'association "SEMNID" qui œuvre pour la scolarisation des filles des zones rurales. Souvent, l'éducation détermine nos destins et nos identités. Une enfant qui grandit comme "une jeune fille de la vallée d'Azilal" n'a pas la même fortune qu'un enfant qui grandit dans un quartier central de Casablanca. Pour pallier ces différences, l'évènement "Lady Berbère" soutient activement l'association "Semnid" qui accompagne la scolarisation de jeunes filles entre 12-18 ans, qui n'ont pas grandi en ville. En résidence pour la première fois au Maroc à Jardin Rouge, l'artiste Tina Tictone initie un nouveau projet sur la symbolique méconnue des tapis berbères. Grâce à la rencontre avec Stéphanie Cassan, initiatrice du projet "Lady Berbère", elle pourra échanger quelques secrets avec les brodeuses du Moyen Atlas. Au détour de la conversation, il sera question de transmission, d'héritage et de pluralité du langage. De son côté, l'artiste française Tina Tictone dévoilera ses œuvres textiles rendant hommage aux brodeuses de la région.