La proclamation de la journée internationale de l'arganier, célébrée pour la première fois le 10 mai dernier à Agadir par le Maroc et l'ONU, représente une reconnaissance de la valeur de cette source ancestrale et son rôle dans le développement durable du Royaume. 2M.ma revient avec Abdelaziz Mimouni, Ingénieur en Chef Principal au Centre Régional de la Recherche Agronomique d'Agadir, sur les caractéristiques de cet arbre qui couvre environ 830000 ha du sud-ouest du Royaume et sur les voies de valorisation de cette source ancestrale. « L'arganier (Argania spinosa (L.) skeels) est une espèce forestière endémique des zones arides et semi-arides du sud-ouest du Maroc. Il appartient au genre Argania, unique représentant de la famille des Sapotaceaes au Maroc. Cette essence est à la fois forestière, fruitière, oléagineuse et fourragère », nous indique le spécialiste. D'après cet expert, l'arganier est parfaitement adapté à l'aridité du sud-ouest marocain, il possède des mécanismes qui limitent ou ralentissent la chute du potentiel foliaire. Et d'ajouter que cette espèce qui présente une forte plasticité écologique et climatique est bien adaptée à différents types de sol développant ainsi des mécanismes d'adaptation pour subvenir à ses besoins en alimentation minérale en particulier. Et d'ajouter que l'arganier s'étend sur plusieurs unités et étages bioclimatiques : du semi-aride, frais aux zones tempérées du sud en passant par les zones sub-humides dans la montagne du Haut Atlas et supporte les températures élevées (50°C à Taroudant). * Journée internationale de l'Arganier: "une valorisation de cette source ancestrale" (M.Hilale) A quoi la dégradation de cette plantation est-elle due ? Abdelaziz Mimouni souligne que cet arbre subit une dégradation importante à cause de plusieurs facteurs naturels, mais amplifiés par les actions anthropiques (faites par l'être humain ndlr). « Les changements climatiques que subit le centre-ouest du Maroc, ces dernières décennies, notamment les températures élevées et la rareté des pluies sur des périodes prolongées ont entraîné des stresses sévères de l'arganier et par la suite une disparition des arbres moins résistants et sis sur des environnements difficiles (montagnes, arides…) », ajoute-t-on. Toutefois, il souligne que les abattages semblent avoir fortement diminué à ce jour et de nouvelles plantations sont en cours d'être réalisées tant en forêt ou en extension en terre agricole (arganiculture), ce qui constitue une réelle voie de développement qui donnera lieu à une arganeraie durable et rentable, d'après le spécialiste. Voies de valorisation .. Par ailleurs, la même source estime que la valorisation de cet arbre passe aussi par la transformation et la mise en valeur de l'huile d'argan aussi bien culinaire que cosmétique, des dérivés des huiles, des matières actives, des extraits de feuilles ou autres produits ou sous-produits de l'arganier au niveau national. A rappeler qu'au Maroc, la production de l'huile d'argan oscille entre 6.000 et 4000 T/an selon les conditions climatiques avec des exportations de l'huile d'argan qui varient entre 1000 et 1500 T/an . Dans ce sens, le spécialiste appelle à la modernisation des voies de commercialisation et du marketing de cette source au niveau national et international. A noter que l'arganier a un rôle important dans la lutte contre la désertification, la protection des sols, l'adaptation aux changements climatiques et leur atténuation. * Plantation de 50.000 hectares d'arganier d'ici 2030 (M. Akhannouch)