Il a fait son entrée sur le petit écran marocain à travers le concert-événement "Symphonyat", Tom Cohen, directeur musical et chef de l'Orchestre de Jérusalem Est et Ouest, n'a d'yeux que pour la musique andalouse. Il est fasciné par le répertoire musical marocain qu'il revisite brillamment, souvent présent dans ses arrangements orchestraux. 2M.ma revient avec le musicologue et le chef d'orchestre sur son attachement au répertoire musical marocain, sur la naissance de cette passion et autres. Interview 2M.ma : Comment est née cette passion pour la musique marocaine ? Tom Cohen : Je suis né à Beer Sheva, la plus grande ville du sud d'Israël, dans un quartier peuplé de nombreuses familles marocaines. On pourrait dire, qu'à bien des égards, la musique marocaine , notamment le Chaâbi et le Chgoury, a été en grande partie « le tapis musical de mon enfance », et donc, a eu une grande influence sur mes goûts musicaux et sur mes choix, plus tard. À l'âge de 18 ans, j'ai eu la chance et le privilège de rejoindre un orchestre andalou en tant que joueur de mandoline,où j'ai commencé mon parcours professionnel avec cette musique dans laquelle j'ai trouvé en quelque sorte « un foyer ». Dans vos arrangements orchestraux remarquables, le répertoire musical issu d'Andalousie ou d'Afrique du nord, notamment du Maroc, et la musique classique font bon ménage. Comment parvenez-vous à rassembler les deux composantes ? J'ai grandi entre des voisins qui écoutaient tout le répertoire musical maghrébin, un grand-père qui écoutait Oum Kalthoum et une mère qui adorait Mozart et Camille Saint-Saëns… donc, dès mon plus jeune âge, tous ces styles musicaux se sont mélangés dans mon esprit comme un grand melting-pot. Plus tard, j'ai étudié avec passion la musique européenne et la musique du Maghreb et du Moyen-Orient, j'ai donc pu commencer à créer mon nouveau langage musical qui mélange l'harmonie et le Mâqam en une seule méthode organique, que j'ai développée à la fois dans « l'Orchestre de Jérusalem Est et Ouest », et dans mes autres projets à travers le monde, en particulier dans l'orchestre marocain "Symphonyat", que je porte dans mon cœur.
Parlez nous de vos liens avec le Maroc, et avec les artistes marocains avec lesquels vous avez collaborés. J'ai eu la chance et le privilège de travailler avec de nombreux grands artistes marocains au fil des années. Juste avant la crise sanitaire, j'ai joué un concert à Casablanca avec «Symphonyat» aux côtés de Nabyla Maan, Mohamed Asri, et mes deux chères amies avec lesquels j'ai fait de nombreux projets différents : Neta Elkayam et Sanaa Marahati. Parmi tous les artistes marocains, les deux que je considère non seulement comme de grands artistes mais aussi comme des figures historiques importantes sont Raymonde El Bidawiya et Rabbi Haim Louk. Parlez nous de votre tout premier concert qui a eu lieu à Casablanca. C'était un rêve devenu réalité ! J'étais entouré d'amour non seulement de la part du public de cet événement qui a affiché complet , mais par tous ceux que j'ai rencontrés et avec qui j'ai collaborés. Les musiciens que j'ai rencontrés à Casablanca sont d'un haut niveau. J'ai hâte de reprendre de là où nous avons été obligés de nous arrêter ... Vous êtes visiblement séduit par le Maroc et par sa richesse musicale, que pensez vous du rapprochement entre le Maroc et Israël? J'ai une relation de longue date avec le Maroc et avec des amis et collègues marocains, le rapprochement a été depuis toujours établi. Quand je viens au Maroc, je me sens chez moi, et quand mes amis marocains viennent me rendre visite en Israël, ils sont toujours traités comme chez eux, donc je n'ai jamais eu l'impression d'avoir besoin de plus de preuves de notre amour mutuel. Quels sont vos prochains projets, notamment ceux en rapport avec le Maroc? Je viens de rentrer de Casablanca où j'ai enregistré au studio «Hiba» avec les musiciens de «Symphonyat» et avec Sanaa Marahati pour un projet musical commandé par «Disney», Los Angeles. Le 21 avril, «Symphonyat» donnera un concert de gala pour l'Union Européenne, à Bruxelles pour représenter le Maroc et son magnifique patrimoine musical. En octobre 2021, je prévois également un grand concert à la rencontre des frontières entre Israël, l'Egypte et la Jordanie, où «Symphonyat» et «l'Orchestre de Jérusalem Est et Ouest» joueront ensemble un concert pour promouvoir la paix, la coopération et la coexistence au Moyen-Orient et dans le monde. Je rêve que «Symphonyat» devienne un ambassadeur musical du Maroc, et que nous continuions à le représenter avec excellence dans notre pays et partout dans le monde. * Interview : Juifs marocains et monarchie, diaspora de confession juive... Mehdi Boudra dit tout