Le nouveau mode de gestion des parkings, “Fès-Parkings”, ne semble pas faire l'unanimité dans la capitale spirituelle. Le torchon brûle entre les habitants et les responsables de la nouvelle Société de Développement Local (SDL) “Fès-Parkings”, et un mouvement de protestation a été initié dans la ville. Les automobilistes estiment que les tarifs et les modalités de gestion de ce modèle proposé par la commune pour la gestion des parkings sont "entachés de dépassements” et les gardiens jugent qu'ils sont “laissés pour compte”. Le point. “Ce nouveau système de gestion des parkings est très coûteux par rapport à l'ancien système de gardiennage (des véhicules). Il n'est pas adapté non plus au pouvoir d'achat, ni à l'infrastructure de cette ville et les contraventions sont trop chères. Nous estimons qu'il y a bien plus d'autres priorités dont a besoin la ville, plutôt qu'un smart parking”, déclare à 2M.ma, Oussama Oufrid, l'un des initiateurs du mouvement de protestation sur les Réseaux sociaux, qui compte à ce jour près de 28.000 adhérents, ajoutant que la société gestionnaire “n'a fourni aucun effort au niveau de l'infrastructure”. Pour rappel, la nouvelle formule exige des automobilistes un paiement de 20 dirhams pour un stationnement toute la journée et 2 dirhams par heure, avec inscription préalable sur l'application ou le site et “un paiement à la minute”. En cas d'infraction, l'automobiliste sera amené à régulariser sa situation dans un délai de 48 heures qui suivent l'établissement du PV, à défaut, le montant de la pénalité sera multiplié par 50 pour chaque heure de stationnement. Une formule jugée “exagérée” par les citoyens. A en croire la SDL, les citoyens résidents peuvent avoir accès au stationnement gratuit à côté de leur lieu d'habitat qui n'est pas doté d'un garage en sous-sol. Face à ce projet, que la mairie considère à la pointe de la technologie, les automobilistes de la ville pointent du doigt “des failles légales”, notamment relatives au respect des données personnelles, au barnacle (sabot connecté) et au « black out » sur la nouvelle société partenaire . Ainsi, les citoyens appellent la mairie à publier le cahier des charges du projet conformément à la loi 31-13 relative au droit d'accès à l'information. « La solution aux problèmes des parkings à Fès, est le smart parking », selon certains! Contacté par 2M.ma, Mohamed El Harti, 3e vice-président du conseil communal, estime qu'en plein avènement de la digitalisation, ce nouveau modèle de gestion des parkings ne pourrait qu'apporter des solutions à l'ancien modèle “marqué” par de nombreux dépassements”. “La mairie détient 51% du capital de ladite SDL et continuera à gérer le projet de l'intérieur et de l'extérieur à condition de ne dépenser aucun dirham en tant que commune, c'est plutôt le partenaire choisi qui doit alimenter le capital”, explique-t-il, ajoutant que les anciennes sociétés de gestion des parkings payaient 5 millions 500 milles dirhams par an pour 10.000 places alors que cette nouvelle entreprise va en payer 6 millions pour le même nombre de places, et payer au prorata pour tout supplément. * Fès : Un SMS pour payer son stationnement sur la voie publique ! Selon le responsable, la commune a mené une démarche de transparence en laçant un appel à manifestations d'intérêt, avec des critères bien définis, et une douzaine de candidats en lice, dont de grandes sociétés marocaines. “Le groupement franco-italien sélectionné (KLB) a su nous convaincre parce qu'il a misé sur le smart parking alors que le reste a opté pour les horodateurs,”, ajoute Mohamed El Harti, qui tient à souligner que la SDL est une société de droit marocain avec le Wali à la tête du conseil d'administration. Et de poursuivre que le cahier des charges sera publié incessamment sur le site de la commune. Dans la foulée, il a écarté toute atteinte aux données personnelles. “Les informations communiquées sont le nom, le prénom et la plaque d'immatriculation”, précise-t-il. Aux paiements jugés trop chers par les automobilistes, le vice-président estiment que "les tarifs sont raisonnables et que la plus petite facture de parkings a été réalisée dans le cadre de ce projet". Quel sort pour les gardiens ? Entre des automobilistes mécontents et une SDL qui veut placer coûte que coûte la ville dans le rang d'une “smart city”, les anciens gardiens de parkings semblent être à la peine, et dans une situation "floue" qui remonte à 2018; depuis la fin des contrats avec les sociétés, alors gestionnaires des lieux. Afin d'être sous l'égide d'une personne morale à l'approche de l'entrée en vigueur du nouveau projet, une bonne partie des gardiens gardiens de parkings qui envahissent les rues de la ville a décidé de créer une association qui compte aujourd'hui plus de 800 membres, d'après, Mohamed Khalid Sabir, ancien gardien et l'un des fondateurs. Toutefois, "le dossier de déclaration a été refusé d'être déposé et pourtant complet", selon Me.Ahmed Horma, avocat au barreau de Fès, en charge du dossier. “Dans le cadre des libertés publiques, ces personnes ont le droit de créer une association en toute liberté, c'est la constitution qui leur garantit cela. Les autorités sont obligées de le recevoir et du moins d'expliquer les raisons de refus”, fustige l'avocat, qui explique que la demande de dépôt a été refusée même en ayant recours à un commissaire judiciaire. “Nous sommes déjà fragilisés par la crise du coronavirus, la ville est vraiment à l'agonie, et là nous allons nous retrouver au chômage après de longues années de travail, sans explication aucune et sans alternatives”, nous confie un gardien de parking sur l'une des avenues principales de Fès. Pour 3e vice-président du conseil communal Mohamed El Harti, ladite association n'a aucun fondement juridique, et n'a pas lieu d'être. “ Nous n'allons pas lutter contre le chômage par l'anarchie”, argue-t-il. A en croire le responsable, les anciennes sociétés gestionnaires n'avaient déclaré que quelque 120 gardiens que la nouvelle SDL a convoqués pour passer l'entretien, mais ils ne se seraient pas présentés. A souligner que ce nouveau mode de gestion est opérationnel au niveau de l'arrondissement Agdal depuis le 18 décembre et s'élargirait aux autres arrondissements et quartiers résidentiels prochainement sur fond d'"insatisfaction" des automobilistes et des commerçants de la ville de Fès qui ont organisé de nombreux sit-in et manifestations, dont le dernier a eu lieu il y a une semaine. * Tarifs de parkings : Le Conseil de la ville de Casablanca déclare la guerre aux gardiens clandestins