La douzième édition du festival international du film documentaire (FIDADOC) a pris fin le 19 décembre 2020. Cette année, la section officielle donne a proposé 12 films : 8 longs métrages et 4 courts métrages représentant 16 pays de production. Pour en savoir un peu plus sur cette édition particulière, 2M.ma a contacté Hicham Falah, Délégué général du FIDADOC. Au bout de 12 ans d'existence, quel bilan dressez-vous? Quand Nezha Drissi a créé le FIDADOC en 2008, le film documentaire n'avait plus sa place sur les écrans qu'ils soient petits ou grands. Aujourd'hui tout le monde veut en faire. Il est évident que le FIDADOC a contribué à stimuler ce mouvement et a rendu au film documentaire ses lettres de noblesse et sa place sur le grand écran au Maroc. En quoi cette 12e édition du FIDADOC se distingue-t-elle de ses précédentes? Cette année, on était dans l'obligation de s'adapter et d'innover pour pouvoir organiser une édition totalement digitale. Pour cela, nous avons pu compter sur la solidarité de notre réseau professionnel à l'échelle internationale et mobiliser des compétences marocaines dans ce domaine. Notre priorité a été d'exiger un niveau élevé des films participants pour maintenir la cohérence de la programmation du FIDADOC. Grâce aux outils digitaux nous offrons un accès gratuit au public en fonction du calendrier du festival. Cette année, nous avons élargi notre audience à l'ensemble du continent africain. La crise sanitaire a porté un coup dur aux évènements culturels. Quelles sont vos propositions pour aider le secteur à s'adapter à cette nouvelle situation? Pour les acteurs culturels marocains, cette situation n'a fait que confirmer que le rôle de notre secteur n'est pas considéré à sa juste valeur tant au niveau économique qu'humain. Heureusement le FIDADOC n'est pas qu'un événement. Depuis le début de la pandémie, nous avons pu poursuivre nos activités pédagogiques et à vocation professionnelle et même les renforcer grâce au soutien de partenaires étrangers qui sont conscients de la qualité et de l'utilité de notre travail en faveur des jeunes créateurs marocains et africains. Il est dommage que les institutions marocaines et les sponsors privés ne soutiennent pas davantage ces activités qui ont une portée durable et une efficacité mesurable au nombre de films réalisés après avoir bénéficié de programmes de formation comme les nôtres. Comment faire alors pour que cette notoriété perdure ? Là encore le vrai problème est celui de la continuité. Chaque année, nous repartons presque de zéro, au lieu de capitaliser sur nos acquis. Les partenaires nationaux qui financent les manifestations culturelles, en particulier les collectivités territoriales, devraient apporter un soutien financier pluriannuel afin que nos équipes puissent travailler sereinement. C'est pourquoi nous développons nos réseaux de partenaires à l'international et nous étudions avec attention à toutes initiatives en matière d'organisation et de financement de structures équivalentes à la nôtre sur le continent africain et dans le monde arabe. Quel est le rôle qu'a joué le Fida'Doc dans la promotion du genre du documentaire dans la région ainsi qu'au niveau national ? Grâce à nos deux programmes de formation et d'accompagnement, « la Ruche documentaire du FIDADOC » et « Produire au sud Agadir », nous avons favorisé l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes, en cristallisant ou en encourageant leur désir de passer à l'acte. Nous favorisons également les échanges entre le Maghreb et l'Afrique de l'Ouest et du centre, tant au niveau de la circulation des films que de créer les conditions de davantage de coproductions sud-sud. Nous sommes fiers que sur la centaine de projets marocains et africains qui ont bénéficié de nos deux programmes, une trentaine d'entre eux ont abouti ou sont en cours de production, et que beaucoup d'entre eux connaissent une vraie reconnaissance professionnelle auprès du public, à l'échelle nationale et internationale. Quels sont vos objectifs à court et long terme ? Notre ambition est de réunir le FIDADOC et toutes ses activités de diffusion et de médiation culturelle (comme les projections ambulantes, ainsi que nos deux programmes de formation (la Ruche documentaire et Produire au sud Agadir), au sein d'un Centre de création et de diffusion du documentaire basé au futur Technopark Agadir, qui aurait pour missions de contribuer à la formation et à l'accompagnement des cinéastes émergents et à la promotion du genre documentaire, pendant toute l'année, à l'échelle locale, nationale et continental . * Agadir: le festival FIDADOC revient avec une édition digitale