* Les critères de Maastricht adoptés par l'Union européenne fixent un taux maximum d'endettement de 60% du PIB. * La dette extérieure, libellée en devises étrangères, présente plus de risques pour le Maroc en cas de dévaluation du Dirham. Finances News Hebdo : Après la baisse de la dette extérieure suite à la reconversion en investissements, et dans un contexte où le Maroc entreprend de grands chantiers, ne risque-t-on pas de voir encore augmenter la dette extérieure ? Jawad Kerdoudi : Avant de répondre plus précisément à votre question, il faut rappeler que la dette totale du Maroc a été de 71% du PIB en 2005, dont 15% pour la dette extérieure, et 56% pour la dette intérieure. Les critères de Maastricht adoptés par l'Union européenne fixent un taux maximum d'endettement de 60% du PIB. Donc, le Maroc dépasse déjà de 11% le taux maximum. D'autre part, la dette extérieure libellée en devises étrangères présente plus de risques pour le Maroc, en cas de dévaluation du Dirham. C'est pour cela que notre pays n'aura recours à l'endettement extérieur que lorsqu'il aura épuisé toutes les ressources intérieures. F. N. H. : Quelles sont, à votre avis, les mesures que devra prendre le Trésor si l'on veut stabiliser la part actuelle de la dette extérieure dans le volume global de la dette ? J. K. : Il faut admettre que le gouvernement, et le ministère des Finances en particulier, ont fait un effort remarquable pour diminuer la dette extérieure et la ramener à seulement 15% du PIB. Cela a été possible par une gestion active de la dette, en reconvertissant une partie de cette dette extérieure en investissements, et en remplaçant les dettes à hauts taux d'intérêt par des emprunts à taux plus modérés, profitant ainsi de la baisse générale des taux d'intérêt sur le marché mondial. Il faut continuer dans le même sens. F. N. H. : Le ratio de la dette intérieure par rapport au PIB s'inscrit en hausse de 5,7% à fin 2005 ; Ne risque-t-on pas dassister à une concurrence entre le Trésor et les entreprises? Et quelles peuvent en être les conséquences ? J. K. : Comme je viens de l'expliquer, notre pays a intérêt à augmenter sa dette intérieure par rapport à sa dette extérieure pour les raisons que j'ai indiquées: moins de risques pour le remboursement de la dette intérieure. L'inconvénient d'une augmentation importante de la dette intérieure est la concurrence que peut constituer le Trésor par rapport aux entreprises marocaines qui veulent également emprunter sur le marché intérieur. Or, ces dernières années, cette concurrence n'a pas été très vive, car le système bancaire marocain a toujours disposé de liquidités importantes, faute de projets d'investissements d'envergure rentables. Il faut espérer cependant que la dette totale, qui est de 71% du PIB, n'augmente pas dans les prochaines années. F. N. H. : Face à une augmentation progressive de la dette interne, quelle stratégie le Trésor doit-il mettre en place ? J. K. : Le Trésor, à partir de 1999, a adopté une politique de gestion très active de la dette intérieure. C'est ainsi qu'il communique ses besoins longtemps à l'avance. Il procède par adjudications à court, moyen et long termes. Il fixe un taux minimum des Bons du Trésor, mais les soumissionnaires (banques, caisses de retraite, assurances, OPCVM etc ) peuvent proposer des taux supérieurs. En fonction de ses besoins, le Trésor tranche le jour même ou le lendemain de la date d'adjudication. On peut donc affirmer que le Trésor mène actuellement une gestion active de la dette intérieure.