* Prolifération de lhabitat insalubre, faible cadence de relogement, manque de visibilité en matière daménagement urbain et offre de logements insuffisante sont les facteurs qui alimentent lanarchie dans le secteur. * Outre la rigueur prônée par les autorités, labsence dun cadre juridique adéquat et dune stratégie de longue durée intégrée perturbent les réalisations dans ce domaine. * Ce sont les grandes villes et leurs périphéries qui sont les plus touchées et la complicité de certains responsables locaux ne manque pas damplifier le phénomène. Le respect des normes durbanisme est lun des sujets chauds que le gouvernement doit résoudre au plus vite. Cest une bombe à retardement qui prend plusieurs dimensions à la fois : économique, sociale, juridique et sécuritaire. La tâche est, certes, difficile mais avec la volonté de lEtat et la contribution de tous les acteurs, le programme peut aboutir. Lessor démographique et urbanistique qua connu le pays ces dernières années a créé une forte demande sur le foncier, les villes ayant évolué plus vite que loffre foncière disponible. En labsence dun cadre juridique transparent et dune visibilité pour les prochaines années, les prix du foncier a connu un record. Dans les zones périphériques et autres quartiers défavorisés, lhabitat clandestin fait rage et lEtat semble incapable de mettre un terme à ce désordre. Lors de sa dernière visite à Casablanca, SM le Roi avait manifesté son mécontement quant à la faible cadence des opérations de relogement des bidonvillois et la croissance de lhabitat anarchique. Les réactions des autorités de tutelle ne sest pas fait attendre. Le ministre de lIntérieur a démis plusieurs présidents de commune et autres conseillers de leurs fonctions à cause de leur non respect des normes urbanistiques. Il faut dire, cependant, que la percée du phénomène nest pas due uniquement au manque de rigueur des autorités, mais également à la défaillance de larsenal juridique qui reste largement en deçà des besoins du pays en la matière, notamment labsence dun code de lurbanisme et aussi de plans daménagement. Lautre lacune soulevée par les opérateurs concerne toujours le hiatus existant entre les textes et leur application. Ce qui explique les divergences qui existent entre les différentes communes et aussi entre les villes en matière durbanisme. Au niveau du foncier, les grandes villes comme Casablanca et Rabat, sous la pression urbanistique, ne disposent pas dassez de marge de manuvre pour offrir davantage dassiettes foncières et lextension vers les périphéries semble être la solution inévitable. Lapplication dun nouveau Schéma Directeur dAménagement Urbain (SDAU) tarde à venir, dautant que les plans daménagement nont pas encore reçu laval de lIntérieur. Les Conseils des villes concernées ont beaucoup de travail à faire dans ce domaine, notamment en tant que force de proposition pour lAgence urbaine et les autres autorités pour ouvrir de nouvelles zones à lurbanisation verticale. Le SDAU va bouleverser la physionomie des villes marocaines et leur permettre dactiver leur dynamisme. Mais sa réalisation est conditionnée par la création des infrastructures nécessaires et le changement de la réglementation. Il sagira par conséquent de développer lurbanisme vertical, afin de combler linsuffisance du foncier. Pour les grandes villes, le gouvernement est surtout confronté à la lutte contre les bidonvilles. Si le programme Villes Sans Bidonvilles (VSB) a réussi dans plusieurs cités du Royaume, il rencontre des difficultés à Casablanca. Au rythme actuel du recasement, la ville ne parviendra à atteindre ses objectifs quà partir de 2015. Lexpérience a donné ses fruits dans certains quartiers où on observe un véritable engagement de tous les acteurs. A Sidi Moumen, dénommé par les bidonvillois «Carrières Sekouila et Thomas», les réalisations avancent selon les objectifs. «La contrainte sécuritaire explique en gros ce rythme comparativement avec les autres quartiers», explique un conseiller de la ville de Casablanca. Mais, dans dautres lieux, cest un schéma différent qui se profile. Lhabitat clandestin continue de faire rage. A Lahraouiyne, Douar Tkalia et autres zones périphériques, des villes fantômes ont vu le jour en un laps de temps record. Les mesures de dissuasion semblent produire deffets et la mafia de la construction illégale continue dagir en toute impunité.