* La 4ème réunion du Conseil a fait le point sur les réalisations de l'économie nationale, du secteur bancaire, monétaire et financier et dressé un constat sur les perspectives d'avenir. * Des incertitudes pèsent toujours sous les effets des aléas de la conjoncture internationale. Le budget de la compensation devrait atteindre les 24 ou 25 Mds de DH à fin 2010, contre 14 Mds de DH prévus initialement. Comme à l'accoutumée, les travaux du Conseil national de la monnaie et de l'épargne (CNCE) sont d'une grande importance. Ils rassemblent tous les PDG, directeurs ou représentants des établissements de crédit, de même que le ministre des Finances, le wali de Bank Al-Maghrib, le président du GPBM et les responsables d'autres entités du monde de l'économie et de la finance. Cette réunion était censée faire la lumière sur les réalisations de l'économie nationale, les perspectives d'avenir et les contraintes liées à la conjoncture mondiale incertaine et les mesures en faveur du secteur monétaire et financier. Mezouar a affirmé que « depuis la dernière réunion du CNCE, beaucoup de choses ont changé, tant au niveau national qu'à l'international». Il a reconnu que 2009 a été une année difficile. Bien que 2010 démarre avec de meilleures perspectives, il y a toujours des incertitudes qui entourent la reprise. «Notre économie a mieux résisté à la crise grâce à notre travail d'anticipation et les actions ciblées du Comité de vigilance. Les indicateurs du pays sont jugés positifs», a-t-il souligné. En effet, la croissance a été maintenue à un niveau satisfaisant : 4,9% en 2009 et 5,6% en 2008, un déficit budgétaire en amélioration par rapport aux prévisions de 2,2% du PIB, au lieu de 2,9%, et un ratio d'endettement comparable à son niveau de 2008 à savoir 47%. Le niveau de croissance reste le plus élevé de la zone euroméditerranéenne avec une stabilisation du taux de chômage. Malgré les réalisations encourageantes de l'économie nationale, Mezouar s'est montré plutôt prudent. «Nous avons constaté un retour de la croissance pour les transferts de nos MRE et un premier trimestre qui a enregistré des données intéressantes. Mais nous devons être vigilants à cause de la hausse des cours des matières premières et des perturbations de la parité euro-dollar. A cet égard, les dépenses de la compensation risquent de passer à 24 ou 25 Mds de DH, contre 14 Mds de DH prévus dans la Loi de Finances 2010», a averti l'argentier du Royaume. Sur le plan budgétaire, Mezouar a annoncé que l'Etat atteindra les objectifs de recettes, tandis qu'en matière de dépenses il devra réduire son train de vie au travers de restrictions sur le budget de fonctionnement. «Le gouvernement est confiant quant à la maîtrise du déficit à 4% et aussi de l'inflation autour de 2%», a-t-il annoncé. Mezouar a évoqué par la même occasion les secteurs qui ont donné un certain tonus à l'économie marocaine, en particulier l'immobilier qui est appelé à reprendre son dynamisme grâce aux mesures de la Loi de Finances 2010. Pour 2011, le ministre des Finances s'est montré également confiant. «Nous allons maintenir nos prévisions de croissance à plus de 5%. Parmi les actions du projet de Loi de Finances 2011, figurent notamment la préservation de l'investissement, la poursuite du programme des réformes et les mesures en faveur de la solidarité nationale», a-t-il affirmé. Ces bonnes perspectives seront toujours contrariées par les aléas de la conjoncture. «Dans cette phase de crise qui risque de perdurer, notre stratégie sera flexible, privilégiant la concertation avec tous les acteurs concernés», a assuré Mezouar. Le ministre des Finances a fait ressortir deux faits majeurs : il s'agit de la place financière de Casablanca et de la nouvelle notation du Maroc. « C'est un élément de reconnaissance mais qui ne doit pas occulter les déficiences structurelles de notre économie », a-t-il lancé. Le rating du pays a été élevé à l'«investment grade» dans un contexte international difficile où les agences de notation sont plutôt sévères. A cet égard, Mezouar a affirmé l'engagement du gouvernement à veiller aux fondamentaux de l'économie et que les risques de dérapages seront préservés. Fidèle à ses habitudes, Abdellatif Jouahri a entamé son intervention dans un langage clair. «Les réponses apportées pour lutter contre la crise ont constitué des sources de fragilité, surtout avec l'endettement des Etats», a-t-il noté. Le wali de Bank Al-Maghrib a précisé que «l'Europe, qui est notre premier partenaire, est le grand malade de l'économie mondiale. On parle de 4 à 5 ans pour que cette région puisse commencer à reprendre une croissance normale ». Aujourd'hui, le défi pour le Maroc est de poursuivre les efforts engagés pour préserver la stabilité macroéconomique et la croissance face aux répercussions d'une conjoncture extérieure difficile. Jouahri a mis en évidence la solidité du système bancaire et financier national qui a contribué à la résilience de l'économie. En effet, la dynamique du crédit, quoiqu'en décélération, est demeurée soutenue. Le repli de la hausse du crédit, selon les nouvelles statistiques monétaires, à 13,6% à fin mai 2010 contre 19,1% et 28,6% pendant la même période, respectivement en 2009 et 2008, traduit le retour vers un niveau de cohérence avec les fondamentaux de l'économie. Cette évolution n'a pas eu d'impact sur la rentabilité des banques, leur résultat net global ayant enregistré une progression de 7%. De même, la rentabilité des actifs et celle des fonds propres se sont situées respectivement à 12% et 15,2%. Les créances en souffrance ont, pour leur part, poursuivi leur tendance à la baisse atteignant 5,5% du total des crédits en 2009, et 5,3% à fin mai 2010. «Ceci est dû à la fois au processus d'assainissement des bilans et à la réduction du coût du risque», a expliqué Jouahri.