Le Directeur marketing de Fiat Group Automobiles Maroc entretient une vraie relation émotionnelle avec Fiat. Youssef Touhami a baigné dans la marque enfant, étudiant et une fois adulte, il lui est resté fidèle depuis quil la rejointe en 1995. Natif de Rabat et originaire de Ouazzane, Youssef Touhami passera son enfance dans la capitale, où il vit encore, préférant faire la navette que de sinstaller à Casablanca. Sous ses airs dhomme calme et zen, on peine à limaginer enfant agité. «Jétais une vraie tête brûlée». Aîné de quatre enfants, Youssef était pour le moins turbulent, ce qui lui vaudra dêtre souvent mis à la porte de plusieurs établissements scolaires. Une situation qui durera jusquen terminale où un déclic se produisit, le métamorphosant complètement. «Le seul lycée de la mission française qui avait accepté de maccueillir était le lycée Paul Valery à Meknès, à condition dêtre élève interne». Cette expérience va profondément le marquer. En effet, si à Rabat il suffisait de faire des bêtises pour se faire remarquer, au lycée français de Meknès, le seul moyen de se distinguer était dêtre studieux. «Cétait un très beau lycée, mais il y avait très peu délèves. Jai fait une terminale scientifique dans une classe dune douzaine délèves où on mavait à lil. Heureusement, cela ma permis de revoir ma copie et la manière dont je devais me comporter en société». Une fois son Bac en poche, grandi et raisonné, Youssef senvole pour la France pour y poursuivre ses études à lEcole Supérieure de Commerce de Paris. «Comme tout étudiant, jai été amené à faire des stages pour compléter le cursus universitaire théorique classique. Jai toujours voulu morienter vers le secteur automobile. Jai donc commencé par être vendeur à la succursale Citroën de Sopriam. Par la suite, jai fait dautres stages en France, notamment chez Fiat, à deux reprises». Lattachement passionnel de Youssef pour Fiat est cependant bien plus ancien. «Feu mon père était Directeur des achats à la Somaca. Quand jétais enfant, je me rendais souvent sur le site de la chaîne de montage. Jai toujours été impressionné et attiré par cela ! Rappelez-vous quà lépoque, la carte Fiat appartenait à la Somaca. Mes parents ont donc toujours eu des Fiat à la maison ». Ce sont par conséquent de vrais liens émotionnels quil entretient avec la marque. Ainsi, alors quil était encore étudiant, bien quil ait eu le choix entre plusieurs sociétés présentes à Paris pour y effectuer des stages, il a naturellement opté pour Fiat. «A la fin de mon dernier stage chez Fiat France, on ma suggéré de reporter mon retour au Maroc». Nous sommes alors en 1994. Youssef annule in extremis son retour au pays et signe pour une année supplémentaire chez Fiat France. En 1995, les responsables de Fiat en charge du lancement du projet «voiture économique» le rencontrent à Paris pour lui proposer de rejoindre léquipe alors en phase de constitution. «Jétais le premier cadre à être recruté pour Fiat Maroc avant même la signature de la convention de production de la voiture économique au Maroc». Cest ainsi quil renoue avec sa mère patrie. Il démarre sa carrière professionnelle en tant que responsable commercial de zone, puis responsable des flottes et, en 1998, responsable des ventes de Fiat pour le Maroc. En 2000, Fiat Maroc récupère la carte Alfa Romeo. Il est promu responsable de la marque. En 2003, il est nommé Directeur marketing de toutes les marques vendues par Fiat Group Automobiles Maroc à ce jour. Sa devise dans la vie est limplication dans tout ce quil fait. «Je me remets, constamment en question. Je connais mes limites et mes capacités. Je fais le maximum pour essayer de bien faire ce que je prends en charge et, surtout, ne pas décevoir ceux qui me font confiance. Mon père ma transmis des principes de vie simples que je mets en application chaque jour. Rester humble, honnête avec soi-même et vis-à-vis des autres, accepter lautre et rester ouvert desprit en toute occasion.. Cest important !». Avec ses collaborateurs, le mot dordre de Youssef Touhami est lautonomie et la responsabilisation dans la prise de décision. Il est aussi connu pour être très pointilleux. «Je laisse la liberté totale aux gens avec qui je travaille de me faire des propositions, de mexposer leurs idées sans devoir être sur leurs dos tout le temps». Dautre part, la non-implication dans le travail ou dans un autre domaine est un défaut que Youssef ne saurait tolérer. «Quand je suis face à quelquun qui nest pas impliqué dans son travail, je sors de mes gonds». En effet, pour lui, il ny a pas pire que ce manque dengagement dans le labeur quotidien. Cela dit, cest quelquun qui pardonne facilement; ce qui lui a joué bien des tours. Youssef nhésite pas à faire son autocritique, il est même assez sévère avec lui-même. Mais cest un exercice qui lui permet davancer. Ainsi, il lui arrive de sisoler pour prendre du recul par rapport à certains aspects de la vie, quil sagisse de sa vie personnelle ou professionnelle. «Il faut chercher lerreur dans le cheminement des choses pour pouvoir rectifier le tir». Aujourdhui père de deux garçons de trois et cinq ans, Youssef est un papa poule. Cela dit, il ne déroge pas à sa fonction dautorité à la maison. «Il y a un dicton qui dit quune mère doit être «merveilleuse» et quun père doit être «persévère». Donc, je persévère même si je suis assez ouvert et très proche de mes enfants. Je tiens à ce quils apprennent les choses par eux-mêmes au grand dam de leur maman. Jinstaure évidemment des règles à ne jamais dépasser». Amateur de tennis, de cinéma et de lecture, Youssef apprécie les films et les livres daction et dintrigue. Actuellement, il est sur le dernier livre de Dan Brown. Lun des côtés secrets de Youssef, qui commence à faire des émules, est quil est bon cuisinier. Cela remonte à son séjour en France : comme il était las de manger dans des fast-foods, il profite des vacances dété pour apprendre à cuisiner. «Jai passé deux semaines avec la gouvernante qui ma appris les fondamentaux de la cuisine marocaine». De retour en France, il invite ses amis à manger le couscous. «Jhabitais dans un petit studio à Saint-Cloud, dans la banlieue parisienne, à quelques centaines de mètres du siège du Front National, avec comme voisins dimmeuble des familles dont les noms commencent par De ». Le gardien de limmeuble, un Portugais, était dailleurs venu faire part des plaintes des voisins de voir beaucoup de va-et-vient dans limmeuble à loccasion de la «Couscous Party». Youssef, fier des traditions dhospitalité marocaine, offre des plats de couscous au gardien et à sa famille. Ce dernier en fait goûter à certains voisins de Youssef. Le lendemain, ceux-là mêmes qui se plaignaient, ont accosté Youssef pour lui demander quand il allait préparer le prochain couscous. Depuis, Youssef na pas perdu la main et une à deux fois par mois, il sexerce à lart du cordon bleu et commence à fidéliser les fans de sa cuisine, surtout française et italienne. Si la vie était à refaire, il naurait certainement pas choisi de devenir cuisinier, mais plutôt pilote de Formule 1. «Je vis de manière assez speed. Si je devais avoir une autre vie, jaurais aimé devenir pilote de Formule 1».