* Dans cet entretien, Mohamed Maarouf, DG de Planet Finance Maroc, retrace les grandes étapes de ce projet ainsi que les difficultés à surmonter. - Finances News Hebod : Quelles seraient d'après vous les grandes difficultés que rencontrent ces projets liés à l'insertion des jeunes en situation précaire? - Mohamed Maarouf : Les projets de mise en place de Cellules d'Orientation et d'Insertion Professionnelle (COIP) des jeunes en situation précaire, peuvent rencontrer plusieurs difficultés potentielles. Les premières difficultés sont inhérentes à ces jeunes eux-mêmes et à leur environnement. En effet, le premier défi du processus d'intégration par l'employabilité ou l'entrepreneuriat c'est d'abord faire changer les comportements et les perceptions de ces jeunes qui sont souvent fatalistes et négativistes eu égard à leur rude expérience ; ensuite, il faut les aider à croire en leur avenir et se doter d'un projet de vie et d'avoir une volonté de réussir et de changer de vie. Enfin, il faut réussir tous ces challenges dans un environnement socio-économique qui n'est pas toujours favorable. Tout cela fait aussi que les difficultés peuvent être aussi liées à l'organisme porteur de ce type de projets, car il faut avoir une vision claire et faire preuve de rigueur et de maîtrise des outils et des process pour réussir la captation des jeunes, leur formation et leur insertion. D'autres difficultés pourraient être liées à l'employeur et à son environnement. Car, sans l'implication positive et imaginative des employeurs dans ce processus, il ne pourra pas réussir. Il faut faire sortir l'acte de recrutement de ces jeunes du cliché de charité à celui d'une démarche win-win basée sur des enjeux économiques sains. Par ailleurs, l'Etat pourrait donner un coup d'accélérateur à ce processus en prévoyant des encouragements fiscaux pour le recrutement de cette catégorie de personnes. Et enfin, il ya des difficultés liées au financement des AGR en création, car l'offre actuelle de produits de micro-credit ne s'intéresse généralement qu'aux AGR, déjà établies (au moins depuis une années) et pas à la création d'AGR car elle est jugée porteuse de plus de risques. - F.N.H. : Quels sont les critères qui ont présidé lors du choix des catégories sociales visées (migrants de retour, anciens détenus...),et est-ce que ce «mélange» social est un gage pour la réussite du projet? - M.M. : La pertinence de l'approche COIP proposée par PlaNet Finance et basée sur la spécificité et l'homogénéité des populations ciblées. Car, chaque catégorie de population vivant dans la précarité, nécessité une adaptation spécifique des outils. Donc, globalement, spécialiser les COIP par catégories est un impératif d'efficacité. Les autres critères sont le niveau de précarité, la pertinence de l'intervention et l'existence de partenaires (ONG) spécialisés. - F.N.H. : Enfin, est-ce que la réussite de cette initiative conditionnera d'autres projets qui sont envisagés ou qui seront imaginés pour la lutte contre la marginalisation sociale des jeunes en difficulté? - M.M. : Nous avons beaucoup d'espoir et d'ambition pour cette démarche que nous avons initiée. Au début, nous étions dans une logique de test pilote du concept COIP. Ensuite, nous somme passés à une étape de spécialisation des outils à des contextes et dépopulations spécifiques. Enfin, nous prévoyons l'élargissement de la portée du concept par sa généralisation et la création d'un réseau de COIP pour assurer les synergies et benchmark nécessaires et faire évoluer constamment le concept. Il est aussi utile de mettre en place un observatoire des métiers par catégorie de population ciblée.