* Les recettes des contrôles fiscaux ont poursuivi leur trend haussier en 2009, dépassant 5 Mds de DH. * Si les patrons se plaignent souvent des montants exagérés de ces redressements, la démarche à lamiable avec le Fisc reste la plus prisée. Depuis plusieurs années, la Direction Générale des Impôts a fait de lélargissement de lassiette fiscale son cheval de bataille. Et il est bien connu que les fruits de cette politique se font déjà sentir sur les recettes de lEtat. Mais une autre source de revenus nest pas non plus à négliger : il sagit des redressements ou contrôles fiscaux. Il sagit là du deuxième flanc sur lequel est engagée ladministration de Noureddine Bensouda. Une source de revenus dite «exceptionnelle», mais qui pèse de son poids sur les finances publiques. Rien quen 2009, plus de 5 Mds de DH ont été recouvrés par le Fisc via les différents contrôles fiscaux menés, soit près de 25% de plus quen 2008. Ce qui témoigne de lagressivité ascendante déployée par les 300 inspecteurs de la DGI. Personne ny échappe Pour rappel, la plus grosse prise du Fisc, qui sélève à ce jour à plus de 2,4 Mds de DH de redressement, a été décaissée par une grande structure du secteur bancaire. Un scénario qui risque, certainement, de se reproduire très rapidement puisque, selon nos sources, un autre établissement bancaire de la place est soumis en ce début dannée à une mission de contrôle des inspecteurs qui devrait lui coûter cher. Mais les établissements bancaires ne sont pas les seuls visés par ces redressements. Les opérateurs du secteur immobilier sont aussi dans le collimateur ; plusieurs promoteurs ont été épinglés par le Fisc en raison, principalement, de lécoulement des appartements à des prix largement supérieurs à ceux convenus dans les accords. Plusieurs autres acteurs qui échappaient autrefois au contrôle du Fisc, doivent dorénavant sy soumettre. Les écoles privées, qui ont longtemps été épargnées, ont vu lAdministration des impôts resserrer, brusquement, la vis. «Le Fisc est même allé jusquà saisir des comptes, voire les biens personnels des promoteurs», confient nos satellites. Les professions libérales et les établissements publics, qui jouissaient jusque-là de «limmunité», sont aussi devenus des cibles pour les chasseurs du Fisc. Et tout le monde râle ! Tout le monde saccorde donc à dire que le rythme et la pression des contrôles se sont accélérés ces dernières années, particulièrement en 2009. Ce qui na pas manqué de provoquer un tollé dans les milieux des affaires. Certains sont même allés jusquà critiquer la politique de N. Bensouda depuis quil est à la tête de la DGI, laccusant de «mettre en péril la pérennité des entreprises les plus vulnérables, alors quil était censé les aider à surmonter une année 2009 de crise». Dautres vont même plus loin et remettent en cause la méthode utilisée par les inspecteurs du Fisc pour évaluer les revenus de certaines entreprises. Les hommes de terrain de la DGI ne se réfèrent pas forcément à la comptabilité, si bien tenue soit-elle, et «jugent le chiffre daffaires que dégagent les établissements contrôlés selon des arbitrages pas toujours logiques», selon les dires de plusieurs acteurs économiques. Cependant, si les montant des redressements fiscaux sont souvent jugés excessifs, daucuns ne nieront que les contestations publiques se comptent sur les bouts des doigts. Et pour cause, le Fisc offre la possibilité de négocier le recouvrement des montants dus et, souvent, ces derniers sont largement revus à la baisse en cas daccord à lamiable. Alors, quau contraire, en cas de réclamations ces montants sont généralement aggravés. Et les commissaires aux comptes dans tout ça ? Au-delà des entreprises et de leurs patrons, les redressements fiscaux sont également des casse-têtes pour les commissaires aux comptes censés certifier la comptabilité des entreprises. Selon une information relatée par lun de nos confrères, «lOrdre des experts-comptables planche sur lélaboration dune norme traitant du redressement fiscal ». Concrètement, il sagit de mettre en place une procédure unifiée pour certifier les comptes des entreprises sujettes à des contrôles fiscaux. Car, quand ces derniers sont enclenchés, il est généralement difficile de connaître, avec exactitude, le montant des redressements fiscaux. De ce fait, le montant provisionné à ce sujet (sil est toutefois constaté !) risque dêtre incohérent avec la réalité des choses et les résultats certifiés ainsi biaisés.