Le PDG de Royal Air Maroc, Driss Benhima, a réussi un joli coup de force : obtenir de lEtat marocain une aide substantielle dans le cadre dun contrat-programme 2010 2013 relatif au développement du transport aérien domestique. Cest ainsi que 300 millions de dirhams seront déboursés (soit 25% de linvestissement requis pour la nouvelle flotte), à raison de 100 MDH par an sur la période 2010 2012. Histoire daccompagner, en particulier, la compagnie nationale dans la création de RAM Express et, plus globalement, le processus dintégration régionale tout en dynamisant le tourisme intérieur. En réalité, ce sont plutôt les quelque 35 millions de Marocains qui vont en moyenne payer environ 9 DH chacun, soit 3 DH par an, pour renflouer les caisses de la compagnie aérienne. Cela paraît, à léchelle individuelle, dérisoire. Pourtant, cest quelque part une solidarité nationale quasiment forcée (patriotisme oblige (sic !)) pour venir à la rescousse dune Royal Air Maroc qui, dans un contexte de crise, auquel se sont ajoutées, il faut lavouer, certaines erreurs de gestion, semble piquer du nez. Et les résultats au titre de lexercice 2009 sont là pour prouver que la compagnie aérienne est en zone de forte turbulence. En cela, le nombre de passagers transportés a reculé de 3,4%, pour un chiffre daffaires en régression de 4,2% à 11,7 Mds de DH et un déficit qui sélève à 850 MDH. Et quand bien même le management de la compagnie sest employé à mettre, à côté de ces chiffres, ceux encore moins bons des compagnies membres de l'Association internationale du transport aérien (IATA), il paraît évident que Royal Air Maroc pouvait largement mieux faire. Car, entre la mauvaise «gestion» des conflits sociaux, la politique de couverture pétrolière décriée en interne, lonéreux partenariat rompu avec Air Sénégal International, le modèle économique hybride et vertement critiqué dAtlas Blue (cf www.financesnews.ma) , que dargent parti en fumée ! Maintenant, lon attend bien évidemment de voir ce quil adviendra de RAM Express. Les premiers discours des pouvoirs publics sont, en tout cas, empreints doptimisme. Il ne saurait dailleurs en être autrement lorsquon se décide à débourser 300 MDH. Cet optimisme trouve sa légitimité dans les premiers chiffres portés sur la place publique : le trafic aérien domestique sur la région de l'Oriental a progressé de 76% depuis le début des vols de la nouvelle compagnie, tandis quil est en hausse de 43% vers Laâyoune. Cependant, il semble important de rappeler au bon souvenir de ceux qui semblent loublier quau lancement de Regional Air Lines, le discours était tout aussi optimiste, voire passionné. Aujourdhui, la défunte compagnie nexiste quà travers une entité juridique. On ne souhaite guère à RAM Express de connaître le même sort. Mais toujours est-il que nous ferons le point le moment venu. En 2013. Dans juste trois ans.