* Depuis lannonce de leur fusion, les investisseurs sarrachent les titres Distrisoft et Matel, alors que la parité déchange ne sera connue quen mars prochain. * La complémentarité entre les deux entités devrait permettre à lalliance dengendrer un géant à même de monopoliser les parts de marché au niveau national, voire international. On ne le dira jamais assez : le secteur des NTIC est particulièrement convoité en Bourse. Il est, certes, bien admis quil constitue un refuge pour les investisseurs au vu du potentiel de croissance quil offre. Cependant, certaines des valeurs cotées à la Bourse de Casablanca, et qui puisent leur activité dans les nouvelles technologies de linformation, sont particulièrement attrayantes en comparaison avec leurs consurs du secteur. Cest notamment le cas de Distrisoft et de Matel Pc Market qui connaissent un engouement pour le moins inhabituel. Rien quen 2010, le cours boursier de Distrisoft sest bonifié de 13,06% (à la clôture de la séance de lundi dernier), tandis que celui de Matel Pc Market a pris 18,18%. Côté volumétrie, la donne nest pas moins différente. Habitués à une moyenne hebdomadaire de 2 MDH chacune, DST et MPM ont drainé depuis le début de lannée 23 et 32 MDH respectivement. Selon les analystes de la place, lexplication est toute simple : «lannonce du projet de fusion entre les deux sociétés, intervenue en novembre dernier, na pas manqué de se faire ressentir au niveau du comportement des investisseurs». Pour rappel, ce projet devrait être entériné après la publication des comptes annuels des deux sociétés, prévue en mars prochain. Ceci étant, «le mouvement de hausse observé depuis lannonce nintègre pas complètement la valeur ajoutée de lentité fusionnée», affirme-t-on au sein dIntegra Bourse. En effet, le rapprochement entre les deux entités donnera naissance à un champion national, voire international, dans la distribution des produits et matériels informatiques. Un champion dont la valorisation des capitaux ressort à 1.058 MDH, si lon se réfère à lévaluation par la méthode DCF établie par les analystes dIntegra Bourse, alors que la somme des capitalisations boursières des deux sociétés ne ressort quà 810 MDH (494 MDH pour MPM et 316 MDH pour DST). Cest dire que le mariage entre Distrisoft et Matel laissera apparaître une intéressante décote au niveau de la capitalisation que les spéculateurs semblent déjà anticiper. Et ce nest là quun premier argument qui conforte la confiance des investisseurs en cette alliance. Car, il ne faut pas omettre que DST et MPM jouissent également dune complémentarité quasi parfaite, particulièrement sur le plan commercial. «Ensemble, les deux sociétés commercialisent les principales marques des PC (HP, Dell, Toshiba et Acer), représentant conjointement près de 80% des ventes de PC au Maroc», ajoutent les mêmes analystes. Aussi, si Matel a d ores et déjà affiché son intention denvahir des marchés à lexport, en commençant par la Tunisie, son rapprochement avec Distrisoft devrait lui permettre datteindre une taille critique pouvant lui permettre de poursuivre sa stratégie dinternationalisation sur des bases encore plus solides. Une optimisation de la gestion des risques Par ailleurs, si le risque de stock et le risque de change sont les prérogatives dans la gestion des risques dans lactivité des distributeurs, lalliance Matel et Distrisoft semble procurer les garanties nécessaires. Dabord, parce que les deux sociétés disposent dune logistique complémentaire répondant aux standards internationaux. Distrisoft a inauguré en 2008 sa plate-forme située dans la zone «Atlantic Logistic» à Casablanca et dotée dune capacité de stockage dépassant les 10.000 m3, tandis que Matel a récemment annoncé que sa plate-forme de Nouaceur, dune capacité de 200.000 m3, serait opérationnelle dans un an. Le regroupement des capacités logistiques des deux sociétés devrait donc permettre à la nouvelle entité daméliorer sa gestion de stock et ainsi réduire le rapport stock/ventes. Ensuite, loptimisation de la gestion des fluctuations des devises devrait être assurée à travers les systèmes et processus de suivi du risque de change au quotidien, dont se sont dotés les deux distributeurs. Leffet de synergie sur ce dernier volet sera dautant plus important sachant que les deux sociétés sont fortement exposées au risque de change, ce qui peut impacter significativement leurs résultats financiers. A titre de rappel, au terme du premier semestre de lannée 2009, le résultat financier de Matel sest élevé à 7 MDH contre 1,7 MDH une année auparavant, profitant ainsi de la hausse de la parité MAD/USD. Poursuivant une couverture de la position en devises, Distrisoft na pas, quant à elle, réellement tiré profit de lévolution du taux de change se contentant dun résultat financier d1 MDH. Sur un autre registre, et devant laffaiblissement de la concurrence et leffet de taille, la marge opérationnelle du géant de linformatique qui va naître de la fusion entre Matel et Distrisoft devrait saméliorer progressivement. Il profiterait de lamélioration du pouvoir de négociation aussi bien vis-à-vis des clients que des fournisseurs, ce qui se traduirait par le renforcement de la marge brute, ainsi que lélimination des doublons permettant à lentité de réaliser des économies de charges importantes. Dans le même sens, «les marges nettes devraient saccroître, soutenues par le soulagement des charges financières avec, notamment, une meilleure gestion du risque de change», prévoit-on au sein dIntegra Bourse. Enfin, le soulagement de la pression concurrentielle permettrait à la nouvelle entité de réduire le délai de paiement des clients qui a atteint des niveaux élevés au terme du premier semestre 2009, notamment pour Matel. Ces deux éléments, conjugués à une légère amélioration du délai de paiement des fournisseurs, soulageraient le niveau du besoin en fonds de roulement de lentité. Il en résulterait une réduction progressive de la trésorerie négative de la société et une baisse du gearing qui devrait passer, selon les estimations dIntegra bourse, à 74% à fin 2012.