* Le réseau traditionnel pourrait être performant si les pouvoirs publics mettent en place un certain nombre de mesures. * La TVA est un problème récurrent que la profession met sur la table à loccasion de chaque Loi de Finances. * Tour dhorizon avec H.M. Berrada, président de la Fédération nationale des courtiers et agents au Maroc. - Finances News Hebdo : Est-ce que les intermédiaires d'assurance ont ressenti l'impact de la crise économique qui a touché certains secteurs stratégiques de l'économie? - H. Mohamed Berrada : Certainement, si lon en juge par les gros retards enregistrés dans le recouvrement des primes; doù la nécessité de reconsidérer le délai de paiement imparti aux assurés, sans pour autant verser dans le laxisme dantan. - F. N. H. : Quelles sont les mesures contenues dans le contrat-programme du secteur des assurances 2009-2014 et qui relèvent de l'intérêt de votre profession? - H. M. B. : Le contrat-programme porte plutôt sur une période de cinq ans. Il y a, bien évidemment, des choses tout à fait positives dans l'étude présentée comme celle de rendre un certain nombre de couvertures obligatoires, notamment en matière de Responsabilité Civile ou le fait de dispenser une formation ciblée au profit notamment des postulants à l'intermédiation en assurance. Mais l'étude n'a pas pris en considération certaines recommandations de la profession qui vont pourtant dans le sens du développement du secteur, à savoir : l'ouverture des points de vente au profit du réseau traditionnel; une ouverture d'autant plus justifiée que les auteurs du document reconnaissent une insuffisance de couverture géographique; l'élargissement de l'accès à la profession aux diplômés issus de l'enseignement supérieur privé dont le profil est souvent mieux adapté aux besoins du marché; la définition de la «Présentation»pour éviter les amalgames et lever les équivoques. Mieux encore, certaines préconisations sont en totale contradiction avec l'option libérale choisie par notre pays. J'entends par là l'idée de vouloir porter le capital social des courtiers et des agents personnes morales à respectivement 1000.000 et 500.000 DH; une suggestion que nous avons déjà combattue par le passé. Ceci est d'autant plus contradictoire que ce type de mesures ne va pas dans le sens de la promotion de la petite entreprise, ni dans celui de la promotion de l'emploi tant souhaitée par le législateur marocain. - F. N. H. : Au Maroc, on pointe du doigt le fait que l'essentiel du chiffre d'affaires de l'assurance se fait via la bancassurance. Qu'est-ce qui empêche, d'après vous, le réseau traditionnel de se développer? - H. M. B. : Ces informations sont tout dabord dénuées de tout fondement. Si les banques ont pu relativement se démarquer en matière d'assurance de personnes, ce qui représente moins du quart du chiffre d'affaires réalisé par le marché en 2008, ce n'est pas tant par la qualité de service ou par un certain savoir-faire, mais par la pression qu'elles exercent sur leurs clients lors d'une demande de crédit, ce qui est au demeurant illégal. Quant au second volet de votre question, je crois que le réseau traditionnel apporte, par son expertise et sa maîtrise, énormément au secteur. Le lancement de nouvelles agences opéré, chaque année, par l'ensemble des compagnies de la place, en est la preuve certaine. Le réseau traditionnel, dans toutes ses composantes, peut, bien entendu, être plus performant si: on assouplissait raisonnablement au profit des clients les délais de règlement des primes; on relevait sensiblement les taux de commissionnement des agents et courtiers, figés depuis au moins un quart de siècle; les compagnies amélioraient leurs prestations en terme de délai de règlement des sinistres, car c'est sans doute à ce niveau que le bât blesse et qu'un effort devra être fait pour mettre en confiance le consommateur; le marché investissait dans une campagne de communication pour mieux faire connaître son rôle et son apport. - F. N. H. : Quelles sont les actions que compte entreprendre votre fédération, essentiellement pour promouvoir l'activité des intermédiaires dassurance? - H. M. B. : Nous avons quelques idées, mais je préfère ne pas anticiper. Nous en parlerons le moment voulu lors, notamment, de notre prochaine Assemblée Générale élective prévue le 29 octobre 2009. - F. N. H. : Quelles sont vos principales attentes de la Loi de Finances 2010 ? - H. M. B. : Je dirais, bien évidemment, une reconsidération du principe de la TVA payée indûment par les intermédiaires pour ne citer que ce cas récurrent. Mais je n'ai pas, au vu de la rencontre que nos représentants ont eu le 13/10/2009 avec Noureddine Bensouda à la CGEM, que la DGI soit disposée, du moins dans l'immédiat, à trancher pour en finir avec une pratique que d'aucuns, experts notamment, jugent incohérente, voire injuste. Mais nous n'avons pas l'intention de renoncer à un droit que nous estimons légitime car l'intermédiaire d'assurance n'est, au risque de me répéter, qu'un prestataire de services et non le consommateur final.