Lincendie qui a récemment ravagé lusine de Dolidol, à Casablanca, re-pose un problème dune importance cruciale pour lentreprise : celui de lassurance-incendie. Pour mieux cerner cette question, Finances News Hebdo a rencontré Tourya Haïtami Tazi, Directeur Général Adjoint Pôle Non-Vie, et Abderrahim Boumehdi, responsable Souscription et Production IRDT (Incendie, Risques Divers et Transports) de la compagnie CNIA. F.N.H. : Quelles sont les différentes polices dassurance liées au risque dincendie quune société est censée contracter ? T.H.T. et A.B. : Le patrimoine dune entreprise peut être menacé par divers risques : incendie, explosion,catastrophes naturelles, tempêtes, bris de machines, vol... Par rapport à cette panoplie de risques, le contrat dassurance-incendie occupe une place importante dans la perspective de protection du patrimoine de lentreprise car il garantit celle-ci contre les dommages causés aux bâtiments, équipements, machines et stocks de matières premières et de produits finis; dommage causés par un incendie prenant naissance à lintérieur de lenceinte de lentreprise ou propagé à partir dun immeuble voisin. Aujourdhui, la plupart des contrats offrent des garanties multirisques qui regroupent lincendie, lexplosion, les dégâts des eaux, le vol, le bris de glaces, les tempêtes, les cataclysmes et autres inondations... Cependant, la garantie des dommages directs nest pas suffisante. Elle peut être judicieusement complétée par lassurance perte dexploitation. Suite à un sinistre incendie, une tempête ou un bris de machine, cette assurance a pour objet dapporter à lassuré, selon les cas, un financement des charges fixes et même du résultat, pendant toute la période de cessation totale ou partielle de lactivité, et ce dans la limite de la période contractuelle dindemnisation. Si elle est bien déterminée, cette période doit correspondre au temps nécessaire à lentreprise pour retrouver son activité normale après un sinistre majeur. En fait, le contrat perte dexploitation est une véritable assurance vie de lentreprise. F.N.H. : Dans quelles conditions une compagnie dassurance peut-elle refuser de prendre en charge un risque dincendie ? T.H.T. et A.B. : En matière de risque-incendie, notamment les risques industriels, les assureurs sont généralement prudents, car cette catégorie de risques constitue un «petit marché». Le chiffre daffaires national de cette branche est de lordre de 600 millions de DH. Un chiffre faible eu égard au coût du sinistre potentiel qui pourrait représenter 20 fois ce chiffre. Par ailleurs, beaucoup de sinistres sont causés et/ou aggravés par un manque dinvestissements en protection et/ou en prévention. Lapproche de ce marché nécessite un réel professionnalisme et lacceptation de ces risques passe par des visites dinspection qui, au cas où le risque visité savère être au-dessous des standards requis en matière de prévention et de protection, permettent à lassureur de conditionner sa garantie par la mise en conformité du risque à ces standards. Il pourrait même, selon les situations, refuser de couvrir ce risque ! F.N.H. : Quelles sont les répercussions en cas de sous-assurance ? T.H.T. et A.B. : En assurance dommages aux biens, la prime est calculée par lapplication dun taux à la valeur dassurance. Il est essentiel que cette valeur soit exacte, le jour du sinistre, pour lassuré. Il y a sous-assurance lorsquil savère que la valeur assurée, le jour du sinistre, est inférieure à la valeur réelle du bien assuré. Dans ces conditions, lassuré sera sanctionné par lapplication de la règle proportionnelle des capitaux. Cette règle, dont beaucoup dassurés gardent un mauvais souvenir, stipule que lindemnité à rembourser par lassureur est réduite dans le rapport valeur assurée-valeur réelle. Cest une disposition réglementaire (article n°43 de la loi 17-99 portant Code des Assurances), une nécessité arithmétique du fait quelle sanctionne une insuffisance de prime. Enfin, cest une question déquité à légard des assurés membres de la même mutualité. F.N.H. : Quels sont les critères dévaluation des dégâts et de lindemnisation ? T.H.T. et A.B. : Lexpert se déplace très tôt sur le site en question pour faire une reconnaissance du sinistre déclaré, constater limportance des dégâts et essayer de déterminer les causes et circonstances de lincendie. Ensuite, il évalue le coût des dommages en sappuyant sur tous les éléments justificatifs que lassuré doit mettre à sa disposition. Une fois le rapport dexpertise établi, il est remis à lassureur qui procède à des vérifications habituelles : acquisition de la garantie des différents postes sinistrés, conformité des déclarations par rapport à ce qui existe dans létablissement sinistré, notamment les valeurs assurées... Ensuite seulement, on passe à létape de règlement de lindemnité proprement dite.