Francesco Voltolina est le Président Directeur Général de Cristalstrass. Il fait partie dune fratrie de sept personnes qui ont fait tout au long des 26 dernières années du lustre une vraie industrie au Maroc. Mais contrairement aux autres, il sest entièrement consacré au Maroc depuis 2000, année où lentreprise passe par une dure épreuve. Il ny a pas de juste milieu avec Francesco Voltolina : ou on laime ou lon ne laime pas. Il faut dire quil a un caractère bien trempé cet Italien qui, depuis de longues années, est installé de manière permanente au Maroc. Simple rappel chronologique : on est en 1960. Francesco et son frère Achille, alors mineurs fauchés, décident de se lancer dans le commerce de la bijouterie en verre de Venise. Si la ville italienne est le centre de leur production, ils choisissent alors de développer leur activité à partir du centre de la mode de lépoque, Düsseldorf en Allemagne. Un vrai challenge pour ces deux Italiens dans une Europe encore fermée. En effet, à lépoque seuls les grands groupes pouvaient exporter, or, même si les deux frères commencent à petite échelle, ils se lancent directement dans lexportation vers le nord et le centre de lEurope, et même en Amérique. Au fil des années, les frères Voltolina constatent que leurs meilleurs clients sont de lExtrême-Orient : Chine, Corée, Taiwan, Philippines Sur le rapport quil entretient avec son frère Achille dans cette grande aventure, Fransesco explique : «Lui cest la force, moi le management ». Un duo complémentaire et efficace qui, aux côtés des autres frères Voltolina, permettra de bâtir un empire. En 1972, Francesco choisit alors la Chine comme point dimportation. «Nous étions parmi les premiers en Chine, mais nous avons rencontré de graves problèmes de contrefaçon puisque nous navions pas de marque déposée ni de contrat dexclusivité ». Une dure expérience mais qui a permis à Francesco daccumuler plus dexpérience sur les différents marchés dans lesquels il travaille. Lactivité de la bijouterie se développe, mais les frères Voltolina veulent également se déployer dans le lustre de cristal. «Nous navions pas assez de fonds pour lancer ce projet; alors il a fallu faire preuve dingéniosité. Nous avons ainsi décidé de lancer ce projet dans un pays en voie de développement. Entre lEurope de lEst encore très fermée et lAmérique latine trop loin, les Voltolina étaient indécis. « Entre-temps, le Maroc avait adopté la loi sur le retour des capitaux étrangers; alors nous avons été parmi les premiers investisseurs étrangers à venir sy installer. Nous avions une petite taille et très flexible, alors nous nous sommes adaptés au pays ». Après plus de 26 ans dactivité au Maroc, Francesco Voltolina estime aujourdhui que cétait le meilleur choix qui pouvait se faire. « Jai connu et apprécié le Maroc en tant que touriste en le visitant dans les années 70, depuis jai appris à le connaître profondément. Cest un pays que jaime ». Settat était à lépoque une petite bourgade qui ne disposait même pas dune ligne téléphonique directe, mais elle fait partie de la zone 4 bénéficiant de grands avantages fiscaux pour attirer les investisseurs. Lunité de production emploie alors 1.000 salariés dans la ville de Settat, des artisans italiens sont venus dispenser des formations aux artisans marocains. «Les débuts nétaient pas évidents, mais nous avions eu le soutien des autorités. Depuis, nous avons développé lindustrie du lustre au Maroc par le transfert du savoir-faire de nos artisans à Venise. Nous sommes une entreprise où règne un esprit citoyen et une grande solidarité ». Pour y parvenir, lentreprise est également passée par une phase difficile. Alors que Francesco était installé en Italie, il a dû quitter son pays dorigine pour venir sinstaller au Maroc en 2000. La crise et les tensions sociales étaient telles quil a dû laisser sa famille pour gérer les problèmes de Cristalstrass. « Je me rends une fois par moi en Italie pour voir ma femme, ma fille et mon fils ». Très ponctuel et faisant preuve de beaucoup de sang-froid, il a su en un rien de temps absorber les tensions sociales et les différents problèmes liés à lactivité. Son secret ? « Je ne suis pas jaloux de mes employés, quils soient bien formés ou bien motivés pécuniairement. Au contraire, ça mapporte une grande valeur ajoutée car ma valeur est la somme des valeurs de tous ceux qui travaillent pour moi. Jai vite compris la mentalité des gens ici et jai appris à my adapter ». Mieux, il a décidé de fédérer ses salariés autour du projet de création dune marque spécifique de lustres réalisée par Cristalstrass baptisée Voltolina. Une marque qui sera déployée sur 20 franchises au Maroc dici 2010. «Nous avons aujourdhui au niveau de Settat la possibilité de réaliser les rêves de tout créateur ! et tout en produisant aussi des articles accessibles à différentes clientèles ». Dailleurs, Francesco a de grandes ambitions, notamment celle douvrir un showroom à Dubaï pour présenter les lustres made in Morocco ! Il ne se décourage pas, même si un tel rêve nécessite un million deuros dinvestissement ! Bien quil travaille dans les métiers du luxe, que ce soit à travers les lustres ou encore la marque de bijoux Antica Murrina, Francesco se retrouve dans le social et apporte sa contribution aux évènements de la ville de Settat. Même sa devise dans la vie peut sembler contradictoire, vu son statut. « Tu ne dois pas augmenter tes entrées mais limiter tes dépenses. Même mes frères ne cessent de me répéter que je naime pas largent ! ». Francesco sait quil peut sembler parfois contradictoire en jonglant entre lêtre et lavoir. Lecteur assidu, les livres sont son seul shopping ! Le sport et la musique classique sont ses principaux hobbies. « Jai eu la vie que jai choisie et je ny changerai rien. Jai fait ce que je voulais même si je me suis retrouvé dans des situations difficiles ».