* Le ministre de la Pêche maritime, Aziz Akhennouch, serait sur le point dannoncer la stratégie Maroc Bleu qui restructurera le secteur. * Lannonce faite dans la Newsletter Maghreb Confidentiel a créé une polémique. * Hassan Sentissi, président de la Fédération des industries de transformation et de valorisation des produits de la pêche, et Kamal Sabri, vice-président de la Confédération nationale de la pêche côtière, livrent leurs impressions. Un article paru dans le numéro 886 de la Newsletter Maghreb Confidentiel a semé le trouble dans le secteur de la pêche. Larticle fait état de lannonce, dans les prochaines semaines, de la stratégie dAziz Akhennouch, ministre de la Pêche maritime, pour la restructuration du secteur. «Je ne suis pas le seul à le dire, on ne présente jamais une stratégie à la veille des vacances qui coïncident dailleurs avec les élections des Chambres professionnelles !», a déclaré Kamal Sabri, vice-président de la Confédération nationale de la pêche côtière, chargé du dossier du pélagique. Sur ce même point, Hassan Sentissi, président de la Fédération des industries de transformation et de valorisation des produits de la pêche, réagit. Contacté par nos soins, il précise avoir pris connaissance de cet article qui la laissé perplexe. «Effectivement, jai eu à parcourir cet article «Vent de réforme dans la pêche du Sud», que je considère comme étant du nimporte quoi ! Dailleurs, je suis navré de constater que le Maroc, après plus de 50 ans dindépendance, fait toujours appel à des bureaux détude étrangers. Est-ce que ces quatre ou cinq bureaux citées dans larticle vont nous apprendre comment pêcher ou comment valoriser nos produits ? Jaurais bien voulu que des bureaux détude marocains, au fait des réalités socio-économiques du pays, mènent les diagnostics et élaborent par conséquent des recommandations pouvant constituer la plate-forme dune stratégie». Il va sans dire que les professionnels doivent être partie prenante de toute projection stratégique visant le devenir et le développement du secteur. Quand lAdministration en prendra-t-elle conscience ? Concernant la probabilité de lannonce de la stratégie pour le secteur de la pêche dans les semaines à venir, Sentissi est plutôt sceptique. «Cest une musique que jentends depuis plusieurs mois, mais que je trouve cacophonique à mon goût. Je vous rappelle que tous les professionnels ont applaudi larrivée de M. Akhennouch, réputé manager de haut niveau, pour réhabiliter notre secteur et lui redonner la place qui lui échoit dans le paysage socio-économique du Maroc. Je ne dis pas quil est trop tard, à la seule condition que Monsieur le ministre ouvre immédiatement les portes de son bureau pour un dialogue serein, global et responsable avec lensemble des partenaires concernés, sans exclusion aucune», explique-t-il. Pourquoi la sérénité, la globalité et la responsabilité ? «La trilogie tient son fondement de la situation actuelle du secteur de transformation et de valorisation des produits de la pêche. Nous sommes à la dérive, et une intervention immédiate et urgente est seule capable de sauver les meubles ; la stratégie actuellement dans le pipe (en cours délaboration) étant une projection à long terme», ajoute-t-il. Le secteur en crise Dans larticle en question, il est assuré que «Rabat veut porter l'exploitation du petit pélagique à plusieurs centaines de milliers de tonnes par an, contre quelques dizaines de milliers actuellement. Tout reste à faire : développer une flotte adaptée, augmenter les capacités de débarquement dans les ports (les régions de Dakhla et Boujdour sont citées) et, surtout, créer une filière conserverie et conditionnement créatrice d'emplois et de valeur ajoutée. Pour l'instant, l'essentiel du poisson pêché dans le Sud est transformé en farine et en huile à Laâyoune ou transporté par la route à Agadir. Peu rentable La création de zones franches industrielles à Dakhla et Laâyoune devrait remédier à ce problème. Et pour évacuer la production, les autorités envisagent même de construire un port à containers en eaux profondes près de Dakhla». Il est totalement compréhensible de voir les professionnels de la pêche méfiants. En effet, le secteur traverse une grave crise qui sest amplifiée depuis février 2009, provoquée en grande partie par laugmentation fulgurante du prix du gasoil, entraînant celui de la matière première. «Avec la flambée du prix du gasoil, nous avions conclu un accord entre la Confédération de la pêche et la Fédération nationale de lindustrie de la pêche. Un accord chapeauté bien évidemment par le ministère de tutelle. On sétait mis daccord pour appliquer une augmentation de 30 centimes sur le prix du kilo de la matière première. Parallèlement, on avait convenu que des mesures daccompagnement soient prises afin de nous aider à faire face à la crise, notamment la baisse des taxes prélevées par lONP, lencouragement et la mise en place de fonds de mise à niveau et de modernisation de la flotte et, troisième point, la réduction des taxes sur le gasoil. Toutes ces mesures ont été par la suite approuvées par le Premier ministre», affirme Kamal Sabri. Valeur aujourdhui, les armateurs attendent toujours la concrétisation de ces mesures. En effet, les armateurs sont conscients quavec les transformateurs, ils sont tous dans le même bateau «qui na pas de cap et lon attend aussi la stratégie du ministère qui nest pas claire du tout. Et lon ne sait même pas qui a travaillé là-dessus parce que nous navons pas été consultés !». De leur côté, les transformateurs encaissent le coup. Pour Sentissi, «nous avons voulu être conciliants, puisque linterdépendance est de mise. Par ailleurs, jinvite le rédacteur de larticle en question à revoir sa copie, et par là même, à consulter des sources dinformation dignes de foi. Aussi, me permettrai-je dinviter le ministère de tutelle dy apporter les éclairages et la mise au point nécessaires». A bon entendeur, salut !