* Le taux moyen des créances en souffrance a été tiré vers le bas pour se situer à 6%. * Les enseignements tirés de la crise actuelle interpellent pour accélérer les réformes à entreprendre en vue de consolider le cadre de la supervision. Le secteur bancaire national résiste à la crise financière internationale. Pour preuve, les crédits consentis par les banques ont grimpé de 23% en 2008, soit 75% du PIB. Et malgré le climat des affaires défavorable, les établissements de crédit ont fait preuve dune maîtrise croissante des risques. En effet, le taux moyen des créances en souffrance a été tiré vers le bas pour se situer à 6%, voire à 4,3% pour les banques à capital majoritairement privé. En revanche, les répercussions de la crise financière internationale se sont propagées en influençant la sphère économique dont la stratégie de développement du secteur financier national est fortement dépendante. Pour remédier à la situation à travers une neutralisation des risques, Bank Al-Maghrib a renforcé, dès le déclenchement de la crise, son dispositif de veille et de surveillance tout en invitant le management des banques à faire preuve dune plus grande implication dans la gestion des risques, «notamment ceux liés aux activités internationales», stipule le dernier rapport de BAM concernant le contrôle, lactivité et les résultats des établissements de crédit. «Dans ce contexte de marasme généralisé, le système bancaire marocain a fait preuve dune résilience remarquable», précise Abdellatif Jouahri, wali de BAM. Il ajoute : «Son exposition globale aux facteurs de risques révélés par cette crise sest avérée, en effet, très peu significative». En fait, outre la croissance continue du chiffre daffaires du volume des crédits, le réseau bancaire sest renforcé de près de 400 guichets, ramenant le nombre dhabitants par agence à 9.900 au lieu de 10.900 en 2007 et par dimportantes acquisitions de filiales bancaires localisées dans des pays de la région à fort potentiel de croissance. Le secteur bancaire en croissance continue Le champ de contrôle de Bank Al-Maghrib sest élargi en 2008 du fait de lagrément de deux nouvelles banques et 5 intermédiaires en matière de transfert de fonds. Ce faisant, le nombre détablissements assujettis est passé de 78 à 84 établissements répartis entre 18 banques, 37 sociétés de financement, 6 banques offshore, 13 associations de micro-crédit, 7 sociétés spécialisées en matière de transfert de fonds, la Caisse Centrale de Garantie, la Caisse de Dépôt et de Gestion et les services financiers de Barid Al-Maghrib. Le résultat courant a marqué une baisse de 1,5%, soit 12,8 milliards de dirhams alors que le résultat non-courant, tout en demeurant négatif, est passé de 330 à 197 millions de dirhams. Concernant le résultat net des banques, il sest établi à 8,6 milliards de dirhams, en enregistrant une baisse de 4% par rapport à fin 2007. Cependant, le bénéfice net cumulé des banques a augmenté de 10,5% grâce à limpact des plus-values exceptionnelles réalisées par certaines banques en 2007. Les analystes de BAM expliquent cette relative baisse par le ralentissement de la progression du produit net bancaire du fait de la décélération de la croissance de la marge dintérêt et sur commissions, de la baisse du résultat des activités de marché et par labsence de revenus exceptionnels. Lentrée en vigueur des normes IFRS a marqué lannée 2008. La Banque centrale a arrêté la liste des retraitements à apporter aux fonds propres pour les besoins du calcul du ratio de solvabilité sur base consolidée pour neutraliser limpact des normes IFRS sur les fonds propres. Et afin de minimiser la volatilité des résultats liée à la crise financière, lIASB a émis des amendements à la norme IAS 39 concernant les instruments financiers. Encore du pain sur la planche «Bien que le système bancaire ait été épargné par les effets de la crise internationale, il nest pas à labri de développements négatifs de la conjoncture économique nationale et internationale», affirme Abdellatif Jouahri. Face à ce climat défavorable, les établissements de crédit sont appelés à neutraliser les risques, notamment le risque de crédit. Agissant dans ce cadre, BAM a renforcé le cadre prudentiel et le dispositif proactif de gestion des risques, tant au niveau microprudentiel que sur le plan macroprudentiel. Sagissant du cadre microprudentiel, la Banque centrale a fixé des règles minimales que doivent observer les banques en matière de gestion du risque-pays afin de mieux encadrer et sécuriser leurs investissements à létranger. En outre, un intérêt croissant est accordé à leffort des banques à observer le ratio de solvabilité minimum dont elle a décidé de relever le niveau à 10% en 2008. Dans ce sillage, le ratio de solvabilité moyen des banques, sur base consolidée, sest chiffré à 11,7% après 10,7% en 2007. Si lannée 2007 a été marquée par lentrée en vigueur de la réglementation de Bâle II, cette dernière prévoit au titre du pilier II des dispositifs complémentaires visant à prendre en compte les risques non ou insuffisamment appréhendés par le pilier I. Finalement, le rapport de BAM stipule que les enseignements tirés de la crise actuelle nous interpellent pour accélérer les réformes à entreprendre afin de renforcer les mécanismes de coordination entre les autorités de régulation du secteur financier en vue de consolider le cadre de la supervision.