* Malgré ses avantages, la pratique reste victime du déphasage entre les textes et la pratique. * En France, 15% seulement des promoteurs financent leurs opérations avec des fonds propres contre une moyenne de 50% au Maroc. Cinq ans après son entrée en vigueur, la vente en létat futur dachèvement (VEFA), appelée communément vente sur plan, na pas donné les effets escomptés. Le nombre dopérations réalisées par ce modèle reste limité. Des litiges surviennent souvent en fin de compte entre lacquéreur et le promoteur, et pour cause, il y a un grand déphasage entre la théorie et la pratique. En France, 95% des ventes réalisées sont effectuées suivant le principe de la VEFA. Cette loi a plus de 36 ans et na jamais été amendée. Au Maroc, des voix sélèvent et appellent à sa modification. Outre la France, la VEFA a fait ses preuves aux Etats-Unis et dans dautres contrées européennes. Les professionnels reconnaissent quelle a été perçue comme une véritable révolution dans le secteur immobilier. Au Maroc, lélaboration de la loi 44-00 et sa mise en application le 8 novembre 2002, ont été vivement saluées par les professionnels du secteur immobilier. Car le texte constitue une avancée importante vers la modernisation et lharmonisation du droit immobilier national. Loriginalité de la loi nouvelle tient aux avantages quelle confère, tant au promoteur (vendeur) quà lacquéreur. La VEFA vise à assurer la sécurité et la transparence dans les transactions immobilières sur des locaux en cours de construction. La clarté et la transparence dans les rapports entre les parties concernées dans le cadre de la VEFA permettent, dune part, de garantir les avances versées par les acquéreurs pendant les travaux de construction et, dautre part, de protéger lacquéreur contre les manuvres dilatoires qui peuvent entacher les transactions immobilières. Selon la Fédération nationale des promoteurs immobiliers «lavantage de la VEFA est dassurer la sécurité des accédants à la propriété en ce qui concerne les avances versées au vendeur au cours de la construction de limmeuble, en leur assurant le remboursement des sommes versées en cas dinachèvement des travaux de construction». Lautre avantage de la VEFA consiste en lindépendance quoffre lopération au profit du promoteur à légard des organismes de financement. En effet, le recours à la VEFA présente lavantage pour le vendeur (promoteur) de limiter les emprunts bancaires ou les fonds propres pour financer les travaux de construction. En France, 15% seulement des promoteurs financent leurs opérations avec des fonds propres contre une moyenne de 50% au Maroc. La mobilisation des fonds propres et le recours au financement bancaire limitent la marge de manuvre des promoteurs et réduit leur champ dactivité. Avec la VEFA, le promoteur naura pas à mobiliser des sommes très importantes pour la réalisation de ses projets, puisquil bénéficiera du financement progressivement assuré par les futurs acquéreurs. «Lopération permettra donc aux promoteurs de réaliser plus de logements et de contribuer à la résorption du déficit actuel», a expliqué Mohamed Koutbi, responsable délégué de la FNPI. Il a précisé que «lun des atouts majeurs de la vente sur plan est sa contribution à réduire le coût de la construction en facilitant la mobilisation des prêts daccession à la propriété au profit du vendeur, ce qui constitue pour ce secteur dactivité un levier permettant lautofinancement des projets de la promotion immobilière». Mais dans la pratique, la VEFA a montré ses limites et les textes ont montré des insuffisances. Entre le contrat préliminaire, le contrat de transfert et le contrat définitif, plusieurs contractions et contraintes surviennent. Si le prix doit être payé au fur et à mesure de lavancement des travaux, comme le souligne larticle 618-6, le transfert de propriété et le droit de propriété nont lieu quavec linscription du contrat définitif de vente sur les livres fonciers, conformément aux dispositions de larticle 618/20. Contrairement à la législation française, la loi marocaine sur la VEFA est assimilée à une vente à terme sans lavantage essentiel quelle devrait comporter, dès lors que la propriété de limmeuble nest transmise à laccédant que de manière rétroactive. La loi sapplique à des propriétés non immatriculées, ce qui est contradictoire avec le dahir du 12 août 1913 qui encourage limmatriculation et surtout le décret royal du 17 décembre 1968 relatif au crédit foncier, au crédit à la construction et au crédit à lhôtellerie qui autorise les établissements de crédit à octroyer des prêts uniquement si limmeuble est immatriculé ou en cours dimmatriculation. «Cest un handicap pour lacquéreur nécessitant un crédit dans la mesure où les prêts ne sont consentis par les établissements de crédits que sur la base dune hypothèque de premier rang inscrits sur les livres fonciers si limmeuble est immatriculé, ou dune promesse dhypothèque si limmeuble est en cours dimmatriculation», a précisé Koutbi. Ce qui est encore plus dangereux cest que la VEFA permet aux deux parties de ne pas conclure le contrat définitif. Les indemnités de retard ou de non-respect de ces engagements reste dérisoires vu le préjudice subi. La VEFA na dintérêt que si les désistements sont interdits.