* La valeur Addoha a gagné 52%, en seulement deux semaines. Managem, elle, a gagné, dans le même laps de temps, quelque 28%, malgré lalerte sur profit quelle a lancée. Lascension brusque de ces deux valeurs intrigue. Voilà pourquoi. Addoha Le pourquoi dune rocambolesque percée Encore Addoha. La valeur immobilière est depuis quelques semaines sur toutes les langues. Sa montée en flèche na laissé personne indifférent. Et tous se demandent le pourquoi du comment. Après avoir perdu plus de 17% depuis le début de lannée, le titre du groupe dAnas Sefrioui a fait en effet une virée pour le moins impressionnante, en alignant des performances pour le moins extraordinaires. En tout, la valeur immobilière a gagné plus de 52% depuis le 05 février, pour atteindre quelque 128 DH à lheure où nous mettions sous presse. Les analystes de la place expliquent cette magnifique percée par leffet dannonce du chiffre daffaires 2008. Un chiffre daffaires qui a marqué une progression de 57% par rapport à 2007 pour se fixer à 4,7 milliards de dirhams. Mais cet argument tombe rapidement à leau quand on sait que lindicateur «chiffre daffaires» nest point significatif et ne renseigne guère sur la bonne santé financière de la firme. «Afficher un chiffre daffaires en forte progression est une bonne chose. Ça montre que la société continue à drainer du business. Mais encore faut-il pouvoir en tirer le maximum de rentabilité. Cest ce qui devrait normalement intéresser tout investisseur», martèle ce professionnel du marché. Et ce qui conforterait le plus les investisseurs dans notre cas, cest bien un bon résultat net. Or, ce dernier sera sérieusement plombé cette année, en raison des provisionnements que la société immobilière sera amenée à faire. Des provisions pour dépréciation dactif notamment, qui sont relatives aux pertes latentes sur son programme de rachat, et sur les titres du CIH quelle détient en grande quantité dans son portefeuille de participation. Des provisions qui sont estimées, en tout et pour tout à quelque 400 MDH. Cest ce qui amène cet analyste de la place, qui se réfugie dans lanonymat, à avancer que «leffet dannonce récolté par le titre Addoha a été démesuré». Une affirmation que cet autre professionnel de la place balaie dun revers de main en soutenant que «même à ce niveau de cours (128 DH), la valeur reste en dessous de sa valeur théorique». Lascension rapide de la valeur ne serait donc, selon lui, quune simple correction. Les analystes dAttijari Intermédiation corroborent eux aussi cet avis. Se basant sur la méthode de lactualisation des cash flow futurs (DCF pour les intimes), les analystes de la société de Bourse du groupe Attijariwafa bank ont évalué, dans une récente note de recherche, le titre à 169 DH. Et lont même recommandé à lachat au vu de lintéressante décote (+32%) quil offre aujourdhui. Et entre les arguments des uns et des autres, dautres hypothèses trouvent aussi leur chemin. «On sait par expérience que ce ne sont pas les fondamentaux qui dirigent le marché. La place casablancaise est un marché de rumeurs», martèle ce banquier daffaires qui nous affirme, sans donner de plus amples détails, «quil y aurait un joli deal qui se prépare entre le groupe dAnas Sefrioui et le Groupe ONA». «Cest la seule chose qui, selon lui, pourrait expliquer cette bizarre montée de limmobilière». Qui vivra verra ! Managem Les montagnes russes ! Cest à ny rien comprendre ! En deux semaines, la valeur Managem a épongé toutes les pertes accusées depuis le lancement de son profit warning, le 14 janvier dernier. Une alerte qui portait, pour rappel, sur des éléments qui pourraient plomber le résultat net (2008) du groupe à hauteur de 650 MDH. Une information qui na pas laissé les investisseurs indifférents, puisque le titre est rentré, depuis, dans une spirale baissière sans commune mesure. Mais la balade a été de (très) courte durée, apparemment. Puisque quelques semaines après, la tendance baissière sest complètement inversée, permettant au titre de gagner, en un laps de temps, quelque 28% pour se fixer à près de 180 DH, à lheure où nous mettions sous presse. Mieux encore, le titre avait, quelques jours avant la date à laquelle ces lignes étaient écrites, atteint son plus haut niveau depuis le début de lannée, soit 189,85 DH ! Comment sexplique donc ce rocambolesque revirement de tendance ? «La hausse de ces derniers jours nest point justifiée», lâche demblée cet analyste. «Du moins, si lon se réfère à la raison», sempresse-t-il dajouter. Laissons donc de côté la raison. «Une telle ascension ne pourrait être expliquée que par une éventuelle opération stratégique qui se préparerait dans les coulisses», nous dit notre analyste. Une rumeur insistante fait état, en effet, et depuis quelque temps, dune éventuelle cession par Managem de sa filiale SMI (Société Minière dImiter), histoire de compenser les pertes de lexercice 2008. Une rumeur qui a été vite démentie par le groupe ONA, maison-mère de Managem. Mais le groupe ONA nous a appris à prendre ses démentis avec réserve. Le dernier exemple en date est celui de la prise de participation dun des fonds de Capital Développement du groupe Attijariwafa bank, dans La 3, chaîne télé dOthman Benjelloun. Une information qui a été démentie plusieurs fois par les services de lONA, mais qui sest révélée vraie au final ! Et les exemples ne manquent pas. «Cette hypothèse est soutenable. LONA a plus que jamais besoin dargent. La cession de certaines filiales pourrait savérer une bonne solution qui permettrait au groupe de reconstituer son trésor de guerre », soutient notre analyste. Cela étant dit, si cette rumeur savère bien fondée, cela impliquera quil y a bien eu fuite de linformation. Et que des initiés en ont pleinement tiré profit. Une situation qui nest pas nouvelle puisque ces cas sont devenus légion dans notre marché Ce serait peut-être le premier vrai test pour le nouveau gendarme du marché, Hassan Boulaknadal !