* Dans la lettre adressée au ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, lAssociation SOS Hépatites a appelé à la suppression de la TVA sur les médicaments antihépatiques. * En plus dêtre onéreux, ces médicaments sont taxés à hauteur de 7 %. * Entretien avec le Professeur Driss Jamil, président de lAssociation SOS Hépatites. Finances News Hebdo : LAssociation SOS Hépatites existe depuis cinq ans ; ce nest que récemment que vous avez envoyé une missive au ministre de l'Economie et des Finances lappelant à la suppression de la TVA sur les médicaments antihépatiques. Pourquoi maintenant ? Driss Jamil : Depuis la constitution de notre association, il y avait un certain nombre dobjectifs tracés en fonction de leur priorité. Nous ne pouvions pas nous lancer derrière plusieurs objectifs à la fois et essayer de les atteindre sans avoir, au préalable, une stratégie de travail préétablie. Ce qui nous a poussés à faire des choix. Nous avons commencé notre activité en portant secours aux personnes malades qui étaient dans lurgence. Ce sont en général des personnes ne disposant pas des moyens nécessaires pour accéder à un traitement. Nous avons alors procédé à des collectes de fonds pour leur assurer un accès au traitement. Notre deuxième objectif était de travailler pour un prise en charge identique à tous les assurés, notamment les patients inscrits à des assurances maladies comme la CNSS ou sujets à lAMO. Il fallait dabord batailler pour que les hépatopathies soient admises comme étant des Affections Longues Durées et, à partir de là, remboursables. Cétait un premier gain pour les patients. Deuxièmement, cette prise en charge nétait que de 70 %. Sur un montant global de 100.000 à 150.000 DH, coût du traitement, les 30 % restant pèsent énormément pour un salarié ou un fonctionnaire. Donc, le taux remboursable constituait un obstacle pour laccès aux soins. Alors, nous avons entamé plusieurs démarches notamment lorganisation de colloques et de séminaires pour sensibiliser. Le dernier en date est «Le Printemps du Patient» où nous avons étalé le poids que constituait ces 30 % restant devant les différents intervenants du secteur, notamment la CNSS. Dès lors, nous avons obtenu une promesse daugmenter le taux remboursable. Et depuis quelques mois, ce taux a été revu à la hausse atteignant actuellement 97 %. Ce quil faut savoir cest que les hépatites constituent un problème social très sérieux. F. N. H. : Et pour les non-assurés ? D. J. : Cest justement lun des volets les plus importants sur lequel nous allons organiser toute une stratégie de travail, il sagit du volet RAMED. Cest lassurance maladie pour les gens démunis. Nous avons déjà entamé une démarche auprès du ministère de la Santé qui sest concrétisée par un contrat-pilote qui devait démarrer en juin, mais qui a été retardé jusquen décembre. Nous allons dabord lancer ce contrat au niveau de la région Béni-Mellal Azilal pour létendre à tout le Maroc. Ce chantier vise à généraliser le RAMED pour les personnes atteintes dhépatopathies. Si on arrive à lancer ce contrat, nous pourrons déjà dire que nous avons changé de manière nette la prise en charge des hépatopathies. En parallèle, nous sommes en train dagir sur les laboratoires pharmaceutiques également pour baisser le prix des médicaments. Cest une voie à explorer pour faciliter davantage laccès au traitement. Il ne faut pas négliger le poids des hépatites qui sont un problème de santé public à poids social et économique très lourd. F. N. H. : Pour revenir à cette TVA de 7 %., pensez-vous que les hépatopathies sont lourdement taxées par rapport aux autres ALD ? D. J. : Absolument. Je sais que certaines maladies, notamment les cancers, le Sida, bénéficient dune exonération totale de la TVA. Les hépatopathies étant des ALD, il faut par conséquent les faire bénéficier des mêmes avantages. Et ce nest pas assez puisquil faut également diminuer le coût du médicament pour assurer un accès plus large au traitement. Et à chaque fois que loccasion se présentera, nous reviendrons à la charge auprès des laboratoires dans ce sens. F. N. H. : Depuis que vous avez adressé cette lettre au ministère de l'Economie et des Finances, avez-vous eu des échos sur les suites données à votre requête ? D. J. : Jusquà présent, nous navons pas encore eu déchos. Mais nous attendons. Nous ne nous inquiétons pas. Jespère que cette requête sera prise en considération. Et de toute façon, nous sommes là pour suivre cette demande. Dailleurs nous avons envoyé une lettre, dans ce sens, au président de la Commission sociale au Parlement pour que la TVA de 7% sur les médicaments des hépatites soient supprimée. Vous savez, au départ avec la CNSS, pour faire reconnaître les hépatopathies comme ALD, nous avons eu comme réponse un niet catégorique. Actuellement, la situation a complètement changé. Ces maladies sont prises en charge à hauteur de 97 %. Nous restons très optimistes.