Personne ne la prédit, même les observateurs et les analystes les plus aguerris de la politique marocaine. Toute la presse nationale a titré sur la reconduction pure et simple de Saâd Eddine El Othmani pour un nouveau mandat. Elle a eu tout faux. A la surprise générale, cest Abdelilah Benkirane qui a été élu nouveau mentor du PJD. Ce scrutin ressemble en quelque sorte au scrutin du 7 septembre 2007 : le corps électoral avait faussé tous les pronostics. Mais cette fois, il a répondu massivement. Mais que faut-il comprendre à travers «léviction dEl Othmani» ? Simplement que la logique du zaïm est dépassée; celle du conciliateur, du modéré, du diplomate na plus raison dêtre. Une logique qui cède désormais sa place au pragmatisme. Lidéologie du parti est claire, ses méthodes aussi. La base a voulu que son leader incarne fidèlement lesprit du PJD. Lère dEl Othmani est révolue, celle de Benkirane commence. Le parti a montré quil est capable de procéder à des changements majeurs dans la douceur et dans un cadre responsable. Belle leçon de démocratie, avec un verdict des urnes qui a porté un fkih au sommet du parti de la «lampe» aux dépens dun psychologue dont la politique nest, visiblement, plus du goût de ses partisans. Même si El Othmani se retrouve toujours à la tête du Conseil national, son rôle sera de second ordre. En tout cas, le parti de Benkirane a réussi là où les autres formations dites historiques, et soi-disant démocratiques, ont échoué : instaurer la démocratie en interne. Lorganisation du Congrès du PJD a été, à ce titre, exemplaire : des militants disciplinés et responsables, une gestion transparente et «fair-play» après la proclamation des résultats. Cest dire que le chemin de la consolidation de la démocratie au Maroc passe par les partis politiques. Lexemple du PJD est donc à copier. Pour la bonne cause, il est permis de copier. A bon entendeur