* Soumises à lexercice de notation, Casablanca, Marrakech et Salé ont eu un BB+ (10/20). Une notation attribuée par Fitch Rating et rendue publique en début dannée. * La notation na pas été du goût de la partie marocaine qui la qualifie de «sévère». * Une rencontre a été organisée la semaine dernière pour tirer les choses au clair. Compte-rendu. Tirs croisés sur Fitch Rating. Casablanca, Marrakech et Salé ne sont pas du tout contentes de la notation que leur a accordée lagence internationale Fitch Rating. Cest du moins limpression qui sest dégagée lors de la rencontre entre les représentants des collectivités locales, les institutions financières nationales et les analystes de Fitch Rating. Pour rappel, linitiative de noter ces trois communes urbaines sest inscrite dans le cadre du projet de gouvernance locale soutenu financièrement par lUsaid. Objectif : rendre ces trois villes plus aptes à élargir leurs sources de financement en sadressant aux marchés de capitaux, aussi bien national quinternational. Les travaux de lagence Fitch Rating, basés sur les chiffres de lannée 2006 et rendus publics en janvier 2008, ont abouti sur des notations assez décevantes pour nos trois villes : un BB+ pour les trois. Une note qui leur colle (à tort ou à raison ?) un «caractère spéculatif» et indique, selon léchelle de notation de lagence française ,«une possibilité dapparition du risque de crédit du fait, en particulier, dune évolution défavorable des conditions économiques». En équivalant numérique, nos trois villes ont eu un 10/20. Tout juste la moyenne ! Pour Christophe Parisot, Senior Director International Public Finance chez Fitch Rating, «les notes attribuées aux trois villes marocaines sont honorables». Car, argue-t-il, «il suffit de les comparer au rating de quelques entreprises ». En effet, Casablanca, Salé et Marrakech sont au même cran que la prestigieuse British Energy ou encore le champion national des métiers de la banque et de la finance, Attijariwafa bank. Mais cela nest, semble-t-il, point suffisant pour réconforter la partie marocaine, qui nentend pas de cette oreille les arguments de M. Parisot. Et cest Karim Mansouri, Directeur Général du Fonds déquipement communal (FEC), qui est allé au front le premier, en qualifiant la notation des trois villes marocaines délivrée par Fitch Rating de «sévère». Dédié exclusivement au financement des collectivités locales, et ce depuis déjà une cinquantaine dannées, «le FEC na jamais eu de problèmes avec les collectivités locales. Aucun antécédent de défaut de paiement na été enregistré », avance Karim Mansouri, qui estime dailleurs que «ces trois villes marocaines méritent un AAA (qualité de crédit la plus élevée, Ndlr) et non un BB+». Dautant, explique-t-il, que «les collectivités locales bénéficient dun appui considérable de la part de lÉtat en cas de survenance de difficultés financières». Lhistoire la déjà prouvé. Tout le monde se souvient en effet du cas de la ville de Safi. Cette commune urbaine qui, pâtissant dune très forte diminution (inattendue) de ses recettes fiscales, se dirigeait tout droit vers le mur à un certain moment. La cessation de paiement était alors tout indiquée. Mais cétait sans compter avec lintervention robuste de lÉtat, qui a mis la main à la poche et a sauvé, in extremis, une ville tout entière. Et comme le déséquilibre était structurel, Safi a fait par la suite lobjet dun plan de restructuration soutenu par les équipes du ministère de lIntérieur, qui sest traduit par un ajustement de la situation. Cest dire que lÉtat joue toujours le rôle du pompier, et ne laissera jamais une collectivité livrée à son sort. Un argument retenu dailleurs par Fitch Rating dans ses rapports dévaluation. Mais qui est atténué par le fait que «la procédure de déblocage des fonds de soutien est lente (évalué à 2 mois)». Fitch Rating botte donc en touche. Car, explique-t-on, «malgré ces procédures de soutien de lÉtat, des défauts techniques sont donc possibles et le remboursement à bonne date des engagements financiers nest pas assuré». Quoiquil en soit, et au-delà de cette polémique autour de la notation, lexercice en soi a été apprécié par toutes les parties. Et comme la si bien dit le maire de Casablanca, Mohammed Sajid, «la notation en soi nest pas une fin». Un avis partagé par Abdelghani Guezzar, Gouverneur, Directeur des finances locales, qui estime que «le fait que les Présidents des trois communes urbaines aient choisi de se soumettre à cet exercice sévère est en soi un signe de bonne gouvernance et de transparence». M. M.