* Rating : une étape préalable aux prises de décisions. Bien que sous dautres cieux le rating est une pratique très courante, au Maroc on note une quasi-absence du système de notation. A lexception de quelques acteurs financiers du marché marocain, force est de constater que pour les autres institutions, les avantages du rating demeurent très méconnus. En effet, le rating est né aux Etats-Unis au début du 20ème siècle en guise dappréciation de la volonté et de la capacité dun émetteur à honorer ses engagements en matière dendettement. Aujourdhui, dans beaucoup de pays, le rating est entré dans les murs du marché financier international et constitue un passage obligé pour les investisseurs dans leurs prises de décisions. Mieux encore, le recours de plus en plus important au processus de la notation sest accru après le développement remarquable de lactivité de désintermédiation financière mettant en avant le financement sur le marché des capitaux, en loccurrence le marché obligataire comme moyen approprié du financement au détriment de celui bancaire. En labsence dagences nationales de notation, les organismes marocains sont notés par des agences internationales telles que Fitch Ibca, Maghreb Rating, Standard & Poors. Comme la souligné Choukri Mahnouj dErnest & Young, « au Maroc le rating nest pas une démarche courante à cause du nombre limité dentreprises cotées». Pis encore, les entreprises ne sont pas conscientes que la notation est un facteur déterminant de compétitivité, doù le recours insuffisant à une telle démarche. Pour plus de précisions, les agences de rating sont des firmes privées qui attribuent des notes à des émetteurs pour apprécier leur solvabilité. Les trois leaders mondiaux en matière de notation financière sont Moodys, Standard & Poors et Fitch. Chaque note attribuée par une agence de notation est considérée comme une note de référence. Elle traduit la capacité de lémetteur à assurer le paiement ponctuel de ses dettes. Une bonne notation permet à un émetteur de mobiliser des fonds à coût favorable. Plus sa note se dégrade, plus le taux dintérêt augmente parce que les investisseurs exigent une prime de risque plus importante. Autres objectifs recherchés par les émetteurs à travers lobtention du rating, il sagit pour eux dafficher une plus grande transparence à légard des investisseurs, de disposer dune appréciation indépendante sur la qualité du crédit, de disposer du moyen de communication le plus rapide et le plus efficace en matière de solvabilité et délargir la base des investisseurs et de diversifier les sources de financement dans la mesure où certains marchés ne sont accessibles que pour les émetteurs disposant dun rating jugé favorable. La question qui se pose demblée est : jusquà quel point peut-on considérer quune note est fiable dans la mesure où les documents sont généralement remis par lorganisme objet de notation ? Daprès Kamal Bouyad de BMCE Capital, la note attribuée ne peut semer le doute parce que lagence ne se limite pas aux documents remis par la société, mais elle procède elle-même à un audit sur place par ses propres moyens. Il ajoute aussi que lagence de notation a une notoriété internationale et ne peut ainsi se permettre de remettre en cause sa crédibilité en accordant des notes non fiables. Un fait confirmé par Choukri Mahnouj dErnest & Young qui répond à cette question par le fait que lagence de notation procède au départ à un travail de diagnostic basé sur des opérations de gestion et de comptabilité. A ce sujet, Choukri Mahnouj estime que les notes attribuées sur le territoire marocain sont la plupart des cas des BBB (note satisfaisante). Mais si lon observe de près ce qui se passe dans dautres régions telles que le Moyen-Orient ou lEurope, les notes sont généralement des BB, voire AA, sinon mieux. Cest en raison de tous ces privilèges associés à lobtention dun bon rating, mais également des préjudices qui pourraient être causés en cas dune mauvaise note, que ces trois agences ont acquis un pouvoir considérable. La note accordée peut-elle être médiocre ? Donc toute dégradation de la note quelles accordent se traduit par un renchérissement du coût de financement de lémetteur en question. Et sil sagit dune société, cest le cours de laction qui en pâtirait. Les cas dAlcatel et de France Telecom, respectivement en 2001 et en 2002, sont frappants. France Telecom na pu se financer sur le marché obligataire à la suite de la dégradation de sa note. Seule lintervention de lEtat lui a évité le dépôt de bilan. Pour Vivendi, échappant un peu à la faillite, son action a perdu 25% au lendemain de la dégradation de sa notation par Moodys. Une chose est sûre : le Maroc se trouve à la croisée des chemins dans un contexte de libéralisation. Mieux encore, ce dernier a grand besoin de lattraction des investissements qui demeurent essentiellement dopés par les privatisations et les concessions. Les entreprises sont appelées à recourir au système de rating parce quil y va de lintérêt de léconomie nationale en général et de leur intérêt en particulier.