* Le secteur de la bijouterie doit sorganiser en association professionnelle pour bénéficier des régimes économiques de douanes. * Entretien avec Azeddine Mestari, Président de lAssociation Marocaine de Gemmologie et de Bijouterie. Finances News Hebdo : Larrivée de nouvelles marques mondiales de bijoux semble déranger les bijoutiers marocains Azeddine Mestari : Cest lun des problème avec lesquels on me martèle tout le temps. Il faut que les bijoutiers comprennent quavec la mondialisation il y aura dautres qui viendront sinstaller chez nous. Et que si le secteur nest pas riche, mécanisé, important, fort et performant, la marge des locaux sera réduite. Les procédés de fabrication de bijoux en Europe sont mécanisés, et la mondialisation aidant, si lon ne sorganise pas, on va être submergé. F. N. H. : On a limpression que malgré un développement important du secteur, avec lémergence dune vraie industrie du bijou au Maroc, lactivité elle-même continue à progresser à deux vitesses et souffre dun manque dorganisation. À quoi imputez-vous cela ? A.M. : Il faut répondre aux soucis évoqués et identifiés par les professionnels eux-mêmes. Nous suivons chacun dans sa recherche. Mais, de manière générale, le secteur nest pas totalement organisé mais en passe de lêtre. Le secteur englobe des bijoutiers de niveaux différents, dont ceux qui ont des niveaux intellectuels moyens. Ce qui fait quils ne font pas le poids devant lAdministration et nont pas de compétences juridiques et économiques. Pour cela, il nous faut une organisation fiable et ficelée. Cest pourquoi nous réfléchissons à nous doter dun bras armé pour devenir un peu comme lAMITH pour se liguer en formation professionnelle. F. N. H. : Pourquoi le secteur ne profite-t-il pas de régimes économiques conçus par la Douane pour encourager limportation et lexportation ? A.M. : Le secteur peut bénéficier dau moins trois régimes économiques de douane en suspension de taxes et de droits de douane. Actuellement, on nen profite pas, ce qui fait quil faut une garantie pour importer ou exporter, ce qui pourrait constituer un handicap pour un petit bijoutier. Quand on est un peu habitué, cest une caution bancaire dont il faut disposer. Mais, quand on est membre dune organisation bien forte qui peut assurer une garantie morale à ses membres auprès de la douane, on profite pleinement des avantages que présentent ces régimes. Et cest vers cette troisième option quil faut tendre. F. N. H. : Mais vous disposez déjà dune association ? A.M. : Actuellement, nous ne sommes pas regroupés dans une association professionnelle, mais une association à but non lucratif . Notre objectif est dévoluer vers une association professionnelle qui soit lunique interlocuteur du secteur. Il faut se doter dune forte organisation au niveau du secteur. Ce nest quen ayant une voix unie quon peut disposer dune caution morale vis-à-vis de lAdministration. F. N. H. : Pourquoi les bijoutiers nexportent-il pas leurs créations vers le marché mondial ? À ce jour, il ny a quOromécanica qui le fait vers le marché américain A.M. : Il ne faut pas non plus se voiler la face. Si on ne peut pas exporter cest quon na pas les capacités intellectuelles, marchandes et de prospection pour le faire. F. N. H. : Certains bijoutiers évoquent une situation de monopole et dobstacles administratifs A.M. : Il ny a pas de monopole de la part de qui que ce soit. Cest un non-sens de dire cela ; avez-vous déjà entendu parler dune Administration qui bride lexport ? F. N. H. : Il suffit quun nouveau modèle de bijou sorte pour être illico-presto copié. Que faites-vous pour contrecarrer la contrefaçon ? A.M. : Jai des plaintes dans ce sens. Par ailleurs, nous travaillons avec lOMPIC pour protéger les créations des bijoutiers. Ce nest pas une question que nous traitons à la légère. Les créateurs savent quune fois créé, un modèle doit être déposé auprès de lOMPIC pour le protéger. Et ils peuvent faire appel à la Justice sils découvrent que leur modèle a été copié. F. N. H. : À la lumière de tout ce qui a été dit, quelles sont les perspectives de développement du secteur ? A.M. : Il y a une expression qui dit : «Tel est comme un bébé, il pleure tout le temps mais il grandit». Je trouve que cela colle parfaitement au secteur. Nous allons également étudier la possibilité de lancer une formation en sertissage pour décrocher des parts de marché en Europe. Vous savez quà cause de la cherté de la main-duvre, les bijoutiers européens envoient leur création ailleurs auprès des Asiatiques, Ceychelles et autres, où la main-duvre est peu coûteuse. Et cela peut être une niche importante à développer au Maroc.