* Les partis politiques à la recherche dune crédibilité perdue. * Leurs armes de guerre : des programmes économiques précis et chiffrés. * Une belle avancée, même sil est permis démettre quelques réserves. Les programmes économiques déclinés par les différentes formations politiques à la veille des élections législatives vont-ils séduire lélectorat marocain ? La question mérite dêtre posée, surtout lorsque lon sait le désintérêt manifesté ces dernières années par les citoyens pour la chose politique. Ce désintérêt, légitime du reste, tient à plusieurs facteurs, dont lun des plus importants, sans aucun doute, est que la classe politique marocaine a failli à sa mission. La succession de revers et les dissensions apparues au sein de certains partis politiques minés par la convoitise de ceux qui ont «tout» et lappétit de ceux qui nont «rien» participent, en effet, de ces actes qui ne sabreuvent pas à la source du militantisme. Cela, bien évidemment, a creusé le fossé entre les politiques, dont la légitimité sest érodée avec le temps, et des citoyens désabusés qui ont perdu tout repère devant un microcosme politique où certains cadres de partis ont enterré dans la trappe de lhistoire leurs convictions politiques au profit de leurs intérêts personnels. Il faut dire que lélectorat semble nostalgique de cette époque où certaines figures emblématiques de la scène politique nationale convoquaient leur part de sagesse pour mener à bien, et sans triomphalisme, la vie politique de la cité. Nostalgie, mais également lassitude devant certains chefs de partis qui sagrippent avec pugnacité, depuis des décennies, à leur fauteuil de leader, au point que lusure du temps aidant, ils auront perdu de leur lucidité politique. Tout autant est né un sentiment de trahison face aux accointances douteuses et aux alliances de circonstance qui ont mis en berne les convictions politiques et poussé lopinion publique à se surprendre à sinterroger sur le sens du vote et à remettre en cause la crédibilité de la classe politique. Transhumance, promesses non tenues, convictions politiques hypothéquées sur lautel de calculs parfois mesquins , autant déléments qui peuvent justifier, quau moment des vendanges, lélectorat soit aux abonnés absents. Comme le fait dailleurs cette majorité délus qui déserte lhémicycle, alors quils sont censés défendre les intérêts de ceux qui les y ont portés. Cette majorité qui courtise les foules au moment des échéances électorales pour oublier, une fois élue, quelle doit être au service du citoyen et non linverse. Tout cela pour dire que quand la chose politique saccommode de lamateurisme et que les choix des électeurs, considérés tout au plus comme du «bétail électoral», sont passablement sacrifiés sur lautel de larithmétique politicienne, le réveil des leaders politiques risque tout autant dêtre dur. Car la raison finira un jour ou lautre par prendre le dessus. Cette raison qui poussera la plupart dentre eux, au crépuscule de leur vie politique, à filer par la petite porte. Changement de donne ? Mais il faut croire, actuellement, à la lecture de la vie politique, que les choses semblent évoluer positivement. Cela, à la faveur, dune part, du sursaut dorgueil (mieux vaut tard que jamais) de la société civile, notamment lAssociation Daba 2007, qui aura accompli un formidable travail pré-électoral afin de «remobiliser» les citoyens et susciter leur intérêt par rapport à lexpression plurielle des courants politiques. Pari réussi ? Lavenir le dira. Mais quoi quil en soit, linitiative est à saluer et à multiplier. Dun autre côté, les partis politiques semblent avoir pris conscience, devant la défection de lélectorat et une crédibilité perdue, de la nécessité de changer de discours et de méthode sils veulent dune nouvelle légitimation populaire. Les prémices de ces changements, on les ressent notamment à travers les programmes économiques servis actuellement à la collectivité. Même si, dans le fond, les préoccupations économiques et sociales majeures semblent être les mêmes pour les différentes formations politiques, la démarche a notoirement changé. Aux promesses pharaoniques distillées à-tout-va, se substitue un discours rationnel et réaliste, quoiquon peut toujours le juger un brin trop ambitieux. Mais la mayonnaise semble bien prendre, du moins du côté de la société civile. Le Président de lAssociation Daba 2007, Noureddine Ayouch, ne dit pas autre chose. Selon lui, «les partis ont préparé des programmes chiffrés et crédibles. Ils ne font plus de vagues promesses, telles que léradication de la pauvreté ou du chômage, mais déclinent des programmes et, surtout, fournissent des chiffres». «Cest le sérieux et le professionnalisme avec lesquels les programmes sont préparés ( ) qui constituent donc la principale caractéristique cette année», précise-t-il. Un avis qui nest pas partagé par tous, eu égard aux réserves soulevées par certains observateurs avertis, pour qui les partis politiques ne font certes plus dans les promesses rocambolesques, en ce sens quils définissent des objectifs réalisables, mais le bémol dans leur programme économique reste les sources de financement pour atteindre lesdits objectifs. Cest dire la divergence des points de vue. Reste donc à la classe politique de prouver aux plus sceptiques que lère des grandes promesses électorales sans lendemain est révolue. Seul moyen : faire ce que lon promet.