Après un fort mouvement d'assainissement et de restructuration, le secteur national des Assurances semble récupérer sa performance et sa santé financière. Ainsi, d'après une étude réalisée récemment, le secteur a réalisé en 1998 un résultat net de 1,69 m Cependant, les fruits de la restructuration ont été accueillis bien avant 1998, puisque déjà en 1997 ce secteur avait réalisé une reprise de résultat net de 171%. Le point le plus remarquable de cette reprise est le fait qu'elle est fondée sur des bosses saines lui permettant de se reconduire à long terme. Ainsi, avec la liquidation des cinq compagnies d'assurance en 1996 et la création de la Compagnie d'Assurance de Transport (CAT), le déficit structurel de la branche automobile a été extrait des centres des compagnies pour être concentré exclusivement sur ceux de la société nouvellement créée (CAT). Dans la même logique d'assainissement, un relifting de la Convention d'indemnisation directe a été initié par les principaux acteurs de la place. Les principales lignes directrices de ce projet peuvent être résumées de la manière suivante : les compagnies devront établir un coût moyen forfaitaire selon les sinistres et définir une liste de garages conventionnés ainsi que des experts organisés et certifiés. Afin de pallier certaines tentatives de fraude (faux constats) pouvant survenir au moment de l'établissement du constat amiable, les compagnies devront mettre en place un numéro vert et une équipe de constateurs de bonne moralité, qui auront pour charge exclusive d'établir les constats des dégâts, condition sine qua non pour l'application de la CID. Cependant, un certain nombre d'éléments qui compriment la croissance de la branche automobile ne peuvent être occultés. En effet, cette branche, soumise à une tarification réglementée, est considérée comme sous-tarifée par les compagnies d'assurance, ce qui est à l'origine de son déficit structurel, d'autant plus qu'elle représente environ 40% du portefeuille global du marché. L'entrée en vigueur à partir de septembre 1998 du système du bonus pour non sinistre va engendrer un manque à gagner d'environ 6% des primes ; la revalorisation du barème d'indemnisation des victimes d'accidents automobiles corporels devra se traduire par une augmentation des coûts de la sinistralité de l'ordre de 7,5%. La libéralisation des tarifs, associée à une concurrence de plus en plus accrue, entraînera aussi une aggravation du déficit de la branche automobile. Actuellement, le marché des assurances compte 20 compagnies, dont 17 commerciales et trois mutuelles. Parmi elles, on distingue 12 compagnies opérant sur les branches assurance dommages et assurance de personnes, 3 compagnies spécialisées dans les opérations d'assurance de personnes, 1 compagnie spécialisées dans la réassurance, 2 compagnies n'intervenant qu'au niveau des opérations d'assistance, et enfin une compagnie spécialisée dans les opérations d'assurance crédit. L'environnement de ces sociétés tendra à se développer davantage suite à la fort probable promulgation de la nouvelle loi organisant le secteur. Cette loi a pour ambition de renforcer le contrôle de l'Etat sur les compagnies d'assurance, afin d'éviter une répétition du scénario de 1995 (liquidation des cinq compagnies d'assurance : la Renaissance, la Victoire, la REMAR, Arabia Insurance et la CADA). Par ailleurs, ce nouveau code permettra aux sociétés d'évoluer dans un cadre juridique et technique rigoureusement défini et adapté, ce qui leur permettra d'optimiser les actions en matière de collecte et de gestion de l'épargne nationale. Le texte prévoit, par ailleurs, la possibilité pour les assurances de placer un certain pourcentage de leur portefeuille en valeurs mobilières sur les places boursières étrangères, ce qui, nécessairement, leur permettra d'améliorer les revenus des placements. Enfin, ce texte aborde la question de la présence étrangère dans le capital des compagnies d'assurance, tout en limitant cette dernière à un maximum de 50%. Le problème risque de se poser pour les compagnies d'assurance Axa Al Amane dont le capital est détenu à hauteur de 51% par AXA, et la CNIA dont le capital est détenu à hauteur de 67% par ARIG. La question qui se pose actuellement est de savoir si l'Administration est prête à changer son mode de contrôle, passant d'un contrôle des tarifs à un contrôle de la solidité financière des compagnies d'assurance.