* En cinq ans, lencours des crédits distribués a crû de 150 % ! * Les taux dintérêt sont au plus bas; une hausse est plus que probable. * 1 ou 2 points de plus peuvent engendrer linsolvabilité de milliers de petits clients. * Limmobilier est trop cher. En cas de baisse, les biens donnés en hypothèque se déprécieraient. Le secteur est-il aujourdhui sur le point de connaître sa quatrième crise ? Si nul ne peut répondre à une telle question, il est intéressant de relever quelques indices qui rappellent fortement les situations qui avaient prévalu avant leffondrement des années 90 : existence dune période deuphorie préfigurant la flambée des prix du mètre carré fini et une flambée des prix du foncier. La suite, on la devine : les prix deviennent hors de portée, les acquéreurs narrivent plus à suivre, les ventes ralentissent, le marasme sinstalle. Cela dit, et comme le rappelle un banquier, il existe une différence de taille entre la situation en 1991-1992 et celle daujourdhui : «A lépoque, les taux dintérêt étaient trop élevés et le crédit était encadré alors quaujourdhui, les taux sont au plus bas». Ce qui rend la situation actuelle encore plus compliquée et plus explosive. En effet, lors de la crise des années 90, les pouvoirs publics avaient pu relancer la machine en jouant justement sur les taux dintérêt et en rendant laccès au crédit-logement plus facile. Ce qui aujourdhui nest plus possible puisque les taux sont déjà suffisamment bas et laccès au crédit élargi à des franges de populations plus importantes. En un mot, lEtat na plus de cartes à jouer pour desserrer létau. En fait, pour certains observateurs avisés, la grande inquiétude aujourdhui provient justement de lexplosion quont connue ces dernières années les crédits immobiliers, plus spécialement aux particuliers. Les encours des crédits immobiliers se sont littéralement envolés. Ils sont passés de 32 milliards de DH en 2002 à... 80 milliards de DH à fin août 2007, soit une hausse de 150% en moins de cinq ans. Aujourdhui, et pour résumer, la situation est la suivante : des banques trop engagées par rapport à la valeur des biens financés, des clients dont beaucoup sont déjà trop endettés, des durées poussées au maximum. Et si demain les taux reprenaient la voie de la hausse ? «Ce serait catastrophique», affirme cet ancien banquier, aujourdhui converti à la promotion immobilière. Petite démonstration pour comprendre la gravité du danger : une simulation pour un crédit sur une durée de 25 ans démontre quune hausse de 100 points de base du taux dintérêt (cest-à-dire 1%) se traduirait par une hausse de... 14% de la mensualité. Autrement dit, si demain les taux augmentaient de 2 points par rapport à leur niveau actuel, cela se traduirait par une hausse de 28% des mensualités.