Les jours qui suivirent, les commentaires allèrent bon train. Largutie «officielle» servie pour justifier le veto du CEC est que le projet de partenariat entre la BMCE et la Caisse dEpargne nétait guère structurant pour léconomie nationale. La vérité, du moins ce qui semblait être vrai pour la majorité des observateurs avertis est, dun côté, que les pouvoirs publics étaient davantage favorables à un rapprochement maroco-marocain. Et pas nimporte lequel : la BCM devait forcément trouver sa moitié. Quitte à «bafouer» les règles de bienséance. Et cest bien ce qui a eu lieu, fort du soutien dont elle a pu bénéficier en haut lieu. Sur un autre volet, les analyses sont allées plus loin pour aboutir à une conclusion : la présence de capitaux étrangers dans les établissements bancaires commençait à déranger. Cette présence était certes historique, avec notamment des filiales de banques françaises comme le Crédit du Maroc, la BMCI ou encore la SGMB. Mais lappétit des étrangers pour grignoter dans le capital des banques marocaines est allé grandissant, avec une présence de plus en plus significative de nouveaux groupes dans le système bancaire. Car à côté des Français, dautres groupes étrangers se sont positionnés dans le tour de table des banques locales, avec des participations minoritaires mais significatives qui leur donnent, selon le cas, un droit de regard sur la gestion. Cest ce droit de regard qui a semblé gêner les autorités dans le projet de partenariat BMCE Caisse dEpargne. Et mieux, il semble quil était prévu, outre les 20% quallait prendre la Caisse dEpargne, quelle porte plus tard sa participation à 33% pour atteindre la minorité de blocage et pouvoir intervenir dans la gestion de létablissement. Toutefois, pour maints observateurs avertis, la décision du CEC était «légitime», même si elle nest pas innocente. Il sagit de protéger le secteur de la mainmise des banques étrangères, tout en favorisant lémergence détablissements puissants (comme la BCM) qui font autorité sur le marché. Un protectionnisme déguisé en quelque sorte, dans un contexte de libéralisation. Une libéralisation qui, pour daucuns, ne doit pas cependant empêcher de «protéger certains secteurs-clés de notre économie, notamment le secteur bancaire, de certaines convoitises». Surtout que «même si la présence de ces capitaux témoigne de la crédibilité de notre système bancaire, il nen demeure pas moins vrai que lapport des banques étrangères pour léconomie nationale reste quand même modeste, compte tenu des positions stratégiques quelles occupent et leur présence relativement longue sur le territoire pour certaines». «Le Maroc est davantage considéré comme un centre de profit : cest comme si elles investissaient dans un portefeuille dactions pour réaliser uniquement des bénéfices; il ny a pas véritablement de transfert de savoir-faire. Leur présence est donc purement financière», soulignait un expert de la place. Mais quimporte, Othman Benjelloun était bien décidé à trouver un nouveau partenaire, après la tentative avortée avec la Caisse dEpargne. De son côté, Oudghiri semblait jubiler : il na pas eu ce quil voulait; Benjelloun non plus. Lui aussi réfléchissait à une autre alternative. Il lui fallait impérativement trouver une niche de croissance. (à suivre)