Les nouvelles dispositions prises par les autorités monétaires pour réduire l'endettement des fonctionnaires semblent peser lourdement sur les perspectives de rentabilité des sociétés de crédit à la consommation. Ce secteur est déjà grevé d'une mauvaise Le secteur du crédit à la consommation, avec une capitalisation totale de 4,68 milliards de DH, présente 3,3% de la capitalisation totale du marché. C'est aussi un marché très concentré, étant donné que les trois premières sociétés contrôlent plus de 50% des réalisations du marché. En termes d'activité, ce secteur a continué sur sa lancée et surtout pour la branche crédit personnel qui a progressé de 57,9% en 1998. Cette évolution de l'octroi de crédits ne peut que se maintenir selon les analystes de Wafa Bourse, et pour cause, la population est très jeune et également faiblement équipée; la baisse du coût du crédit pourrait soutenir davantage la demande de prêts. La recherche de complémentarité et d'économie d'échelle substantielle le conduira à un changement probable dans la physionomie de ce marché à travers des mouvements de concentration à l'instar de la fusion- absorption réalisée par Assalaf Châabi. La nouvelle société née de ce rapprochement dispose d'un capital social de 104.107.900 DH. Les sociétés de crédit à la consommation commencent à s'aligner , depuis trois mois sur la nouvelle disposition qui consiste à augmenter la part restante du salaire après prélèvement des mensualités des emprunts et ce, de 500 DH à 1.000 DH. Cette mesure a été prise par le Ministère de l'Economie et des Finances en concertation avec l'Association Professionnelle des Sociétés de Financement (APSF). Les sociétés de crédit à la consommation seront donc contraintes à rééchelonner les dettes de leurs clients les plus endettés. Ainsi, les prélèvements sur salaires seront réduits de 50% dans certains cas, avec le doublement de la période de remboursement. La même décision ministérielle a également exclu les allocations familiales de la base salariale de remboursement. L'objectif de ces actions est la réduction de l'endettement des fonctionnaires. Il y a eu également un accord dans ce sens pour créer des réseaux d'information directs entre les sociétés de crédit et la direction du Ministère des Finances dite « DOTI » afin d'échanger les renseignements sur les fonctionnaires de l'Administration désireux de contracter des crédits à la consommation, tout en imposant l'obligation pour les intermédiaires d'informer leurs clients sur les caractéristiques et les modalités liées aux prêts et la fixation d'un délai de huit jours pour étudier l'accord de prêt par l'intéressé. A signaler que le rythme de croissance des crédits à la consommation a enregistré une hausse de 253,4% comparativement à l'année 1995. Les crédits accordés ont atteint 3.386 millions de DH au terme de l'année 98. Un autre défi qui doit être relevé par ces sociétés est la soumission aux conditions d'approvisionnement des crédits récemment initiées par Bank Al-Maghrib, qui a annoncé, il n'y a pas longtemps, aux professionnels du secteur, une mauvaise nouvelle, à savoir celle de la baisse du taux effectif global (TEG) de 17,83% à 15,63% pour la période du 1er octobre au 31 mars 2000. Les autorités monétaires estiment que les taux actuellement appliqués par les sociétés de crédit à la consommation demeurent élevés. Les professionnels ne sont évidemment pas d'accord sur ce point. Ils s'inquiètent des conséquences de cette baisse sur leurs marges, d'autant plus que les coûts de refinancement auprès des banques restent inchangés et que ces institutions ne peuvent pas développer de services ou de métiers rémunérés par des commissions, contrairement aux banques . On peut soutenir qu'avec ce taux de 15,63% maximum de facturation des crédits aux clients, les sociétés reverront en profondeur aussi bien leur politique d'octroi de crédits que leur instrument de couverture de risque ; tout cela ne manquera pas d'avoir un impact sur leurs résultats et, par voie de conséquence, de provoquer des réactions négatives sur le marché boursier. Sans vouloir être catégorique sur ce point, on peut déjà dire, en ce qui concerne la réaction de la Bourse, que ce secteur qui a déjà accusé une contre-performance relative de 13,5% depuis le début de l'année, n'affiche aucun signe de reprise. Et ce, malgré l'annonce des résultats semestriels qui sont dans l'ensemble positifs. Bien au contraire, l'observation de quelques données boursières indique plutôt une tendance régressive. Ainsi, rien qu'entre le 14 et le 20 septembre dernier, le titre Crédor a subi une contre-performance de 0,6%. Alors que Diac Salaf a enregistré une régression de 1,15%, et que le titre Eqdom, avec 43,5% de la capitalisation boursière du secteur, a accusé une nette régression de 2,58%, soit une perte de 30 DH. Mais il faut reconnaître que ces sociétés présentent des fondamentaux appréciables. D'après les analystes de Wafa Bourse, Crédor, par exemple, affiche une bonne rentabilité financière, même si le ROE (Rendement des fonds propres), évolue à la baisse, passant de 33,1% en 1995 à 24% en 1998. Par ailleurs, la société a pu obtenir en 1998 un taux de refinancement assez bas (8,9%) après avoir émis des obligations cotées en janvier de la même année au taux de 8,60% et amélioré son ratio dotations aux provisions en cours moyen qui est passé de 3% à 2,6% entre 1997 et 1998. Pour sa part, Diac Salaf dispose d'un ROE très élevé autour de 26,7% à fin 98 consolidé par la croissance bénéficiaire importante et par le volume des fonds propres plus réduit que celui de ses concurrents. Pour le leader du marché de l'année dernière, Eqdom, la rentabilité des fonds propres se situe à un niveau élevé en plus d'une politique de provisionnement assez soutenue. Il ressort aussi de l'étude de Wafa Bourse que Crédor présente un niveau de P/B (cours rapporté aux capitaux propres par action) estimé supérieur de 32% à celui du secteur en général et un PER pour 99 supérieur de 5% à celui du secteur. Diac Salaf affiche par contre un PER 99 estimé à 13,5% légèrement inférieur à la moyenne du secteur, mais qui demeure pour les analystes justifié, tandis qu'Eqdom et Sofac renferment respectivement un potentiel d'appréciation de près de 12% et 13%. Cependant, il est clair que la tendance actuelle des cours de ces titres ne reflète guère leur potentiel de croissance et ne semble pas refléter de manière claire la baisse du TEG. Ceci est encore plus vrai pour les sociétés de crédit à la consommation qui n'ont pas d'activité leasing et qui ne sont pas cotées en Bourse et qui ne peuvent pas, du coup, accéder à un refinancement adéquat par le biais d'émission de titres de créances négociables.