* Préparation dun nouveau plan daction pour la période 2008-2010. * Projet de création dune société de financement spécialisée pour les agriculteurs non éligibles au financement bancaire. * Un personnel très militant qui a besoin dun complément de formation. * Le point avec le Président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc, Tarik Sijilmassi. Finances News Hebdo : Quelles sont les nouvelles ambitions du Crédit Agricole ? Tarik Sijilmassi : Les nouvelles ambitions du CAM concernent la banque universelle : arriver à plus de 3,5 milliards de DH de PNB et à plus de 1,5 milliard de DH de résultat net à lhorizon 2010. Le CAM vise à asseoir fermement la 4ème banque de la place. En parallèle, nous visons la création dun deuxième pôle de financement, dédié à la mission de service public; il sera constitué de la Fondation Ardi pour le micro-crédit et de la société de financement spécialisée pour les agriculteurs qui ne sont pas éligibles au financement bancaire normal et au micro-crédit. Ces nouvelles structures seront dotées chacune de leur propre réseau : La Fondation Ardi pour le micro-crédit aura 300 agences, un effectif de 1.000 personnes et 5 milliards de DH de crédits distribués à lhorizon 2010. Les sociétés de financement : 100 agences. F.N.H. : Quen est-il des nouvelles missions du contrôle et de linspection pour le Crédit Agricole ? T. S. : Le contrôle général et linspection ont toujours existé. La nouveauté aujourdhui est quil est renforcé en passant de 36 à 100 personnes. Il aura pour mission de contrôler: laudit préventif sur les métiers, le risque opérationnel, le risque juridique , linspection pour la partie fonction, c'est-à-dire le support et la logistique, les aménagements de locaux et de bâtiments. De même pour la fondation Ardi pour le micro-crédit et la société de financement qui sont spécialisées dans le service public. F. N. H. : Comment le CAM peut-il concilier entre les mesures prudentielles de Bank Al-Maghrib et le fait quune bonne partie des clients, surtout certains agriculteurs, travaillent dans linformel ? T. S. : Le devoir de vigilance contre le terrorisme et la grande criminalité ne doivent pas être un prétexte pour suspecter tout le monde. Lagriculture ce nest pas de linformel. Il ne faut pas nourrir de suspicion envers une partie de la population marocaine. Des mécanismes seront mis en place pour faire la différence entre lun et lautre. Et en aucun cas nous ne deviendrons des censeurs. Il est clair que lorsque nous avons une opération suspecte notre devoir est de la déclarer. En revanche, nous nous devons de veiller au secret professionnel devant la nature de lactivité de nos clients que lon connaît très bien. F. N. H. : Quest-ce que le projet de loi 2008 concernant CAM va apporter à la banque? T. S. : Avec la possibilité davoir un actionnaire avec 20% du capital, cela permettrait davoir un actionnaire de référence aux côtés de lEtat. F. N. H. : Comment voyez-vous à terme le tour de table du CAM dans la mesure où il y aurait une ouverture de capital ? T. S. : A mon avis, il doit y avoir 3 blocs. LEtat qui garde toujours ses 51% et la Bourse environ 20% où nous devons aller fin 2008, début 2009 et un actionnaire de référence privé ou un institutionnel. F. N. H. : Quen est-il du statut et des caractéristiques de cette structure , la société de financement spécialisée ? T. S. : Ce sera une filiale à 100% du CAM ; le capital va être déterminé et va être lui aussi important autour dune centaine de millions de DH. Tout ceci va être formalisé et finalisé avec les deux ministères concernés : lAgriculture et les Finances et, bien entendu, Bank Al-Maghrib pour le mode de fonctionnement. F. N. H. : Est-ce quil aura son propre réseau ? T. S. : Ça va être un réseau dédié et une centaine dagences F. N. H. : Quelle serait donc sa date de création ? T. S. : Le gouvernement est en train détudier et de mettre les dernières touches à cette structure. Le projet de contrat programme est en phase de finalisation. On parle de quelques semaines pour quil voie le jour. F. N. H. : Quen est-il du personnel du CAM ? T. S. : Nous allons lancer un nouveau plan daction qui sera dévoilé en grande pompe à la presse lors de la convention des cadres en janvier 2008. Le plan 2004-2008 est pour sa part déjà achevé avec une année davance en ayant atteint tous nos objectifs. Concernant les grandes lignes du nouveau plan daction 2008-2010, sachez quil sarticule autour de 3 axes. Premièrement, faire de CAM une banque universelle au meilleur ratio de la place. On a fait des progrès mais on a encore des progrès à faire durant les 3 prochaines années. Deuxièmement: la mission de service public. Comme je lai dit précédemment : développer la Fondation pour le micro-crédit Ardi, développer la société de financement spécialisée et développer le financement agricole dans son ensemble, car le Crédit Agricole continuera à financer lagriculture dans la partie bancable. Le troisième axe de notre plan daction est le relèvement général du niveau de nos ressources humaines ; cest un volet aussi important que les deux premiers avec un effort énorme en matière de mise à niveau et de formation. Dici 3 ans, le personnel de CAM passe entièrement au mode de formation. Nous avons un personnel très militant et de grande qualité. Ce quil faut à ce personnel cest un complément de formation. On a traversé des turbulences, on a pu relever les défis et remonter les handicaps. Je suis toujours très reconnaissant envers le personnel qui a vraiment fait preuve dun courage extraordinaire. Je compte faire le maximum pour lui en matière davantages, dacquis et de formation. Nous sommes la seule banque qui nest pas adossée à une grande structure. Aucune banque étrangère nest derrière nous. F.N.H. : Comment le Crédit Agricole travaille-t-il après la fin des dérogations accordées par Bank Al-Maghrib ? T. S. : Comme toutes les autres banques. F.N.H. : Quen est-il des créances en souffrance ? T. S. : Les créances en souffrance sont approvisionnées adéquatement et font lobjet dun recouvrement intense F.N.H. : Et les bons CNCA ? T. S. : Les bons CNCA ont été transformés ; une partie en dette subordonnée, cest-à-dire des crédits remboursables in fine. Lautre partie est transformée en nouveau crédit remboursable sur dix ans. F.N.H. : Le gouvernement a lancé un produit immobilier de 140.000 DH destiné essentiellement au monde rural. Est-ce quil y aurait un programme du CAM dans ce cadre ? T. S. : Le Crédit Agricole va prendre sa responsabilité et sengager dans ce programme pour soutenir la politique du gouvernement. Mais on va sengager avec une prise de risque raisonnable pour ne pas mettre en danger le reste de la banque, car cest une expérience qui mérite dêtre tentée. F.N.H. : Quelle est la structure de votre portefeuille ? T. S. : Nous avons la chance de connaître parfaitement notre portefeuille. Sur lagriculture, nous connaissons parfaitement nos clients et leur risque, de même sur le segment de la promotion immobilière et limmobilier. Au niveau du crédit immobilier, on est en dessous de ce que lon devrait avoir et nous devons nous battre pour gagner des parts de marché en fonction de notre positionnement. Nous avons, à cet égard, des objectifs clairs car le potentiel de croissance existe. Lagro-business, cest le cur de notre métier et il bénéficie du soutien du «Plan Emergence». On est leader dans lagro-business et cest une grande chance pour nous. Pour les grandes entreprises, comme cest le cas pour lONE, cest un risque pays. Le Crédit Agricole du Maroc assume aussi ses responsabilités en matière de financement. F.N.H. : Avec lexistence de la Banque CAM et la holding CAM et ses filiales, est-ce quil y aurait des changements dans le mode de gouvernance ? T. S. : Le mode de gouvernance a déjà changé après le passage à une SA avec Conseil de surveillance et Directoire. Le Président du Conseil de surveillance cest le Premier ministre qui a deux vice-présidents : le ministre de lAgriculture et le ministre des Finances et les autres membres sont issus des actionnaires. Il y a un Directoire que je préside et il y a des filiales avec leurs structures et leurs directeurs généraux. Il y a Holdagro qui est la banque daffaires du monde rural ; il y a Safacred, société de crédit à la consommation récupérée de lex-BNDE et nous avons une participation dans Safa Bourse. F.N.H. : Quel est le positionnement dans les autres métiers ? T. S. : Nous sommes très dynamiques et les filiales réalisent un excellent travail. La bancassurance, dans la partie banque particuliers, se développe. Nous avons dans notre capital Atlanta et la Mamda-MCMA et nous avons un partenaire naturel qui est la CNIA. Quand on a racheté la BMAO, on a utilisé une partie des structures de cette banque, notamment le siège à Casablanca pour créer la Banque des Finances et de lInvestissement (BFI). Nous sommes exactement actifs dans les opérations du marché, le capital-risque. Holdagro, cest le métier de banque daffaires dans le rural.