* Les cautions bancaires sont une pratique considérée comme un levier de financement efficace pour les entreprises. * Un examen très minutieux est exercé par les banques par mesure de sûreté en cas d'insolvabilité des débiteurs. En prêtant leur signature, les banques accordent en réalité des crédits à leurs clients. L'engagement de payer en lieu et place de leurs clients en cas de défaillance est synonyme d'un crédit ou d'un engagement de découvert. C'est pour dire que le risque qu'encourt une banque en octroyant sa caution est juridiquement comparable à celui contracté à l'occasion d'un contrat de prêt. Les lignes de caution sont donc ouvertes suivant des conditions très strictes, que les nouvelles règles prudentielles imposées aux banques en matière de couverture des risques n'ont fait qu'aggraver. Pourtant, à y regarder de plus près, la plupart des banques voient dans les cautions un moyen subtil pour contrôler ou du moins assurer une présence importante dans la gestion des entreprises cautionnées. «La caution est en effet, comme l'explique Mohamed Hami, avocat du barreau de Casablanca, très avantageuse pour les deux parties. Pour l'entreprise, la caution est moins coûteuse qu'un crédit et, pour la banque, elle est moins risquée et plus avantageuse lorsqu'il s'agit, pour elle, d'assurer une présence significative au sein d'une entreprise». Il faut remarquer que le cautionnement bancaire couvre plusieurs domaines. Généralement, le recours à la caution satisfait un besoin urgent en fonds de roulement. Mais la caution couvre d'autres domaines beaucoup plus complexes, dont les plus importants sont ceux relatifs au financement des investissements. La classification juridique offre une typologie qui va des cautions réglementaires ou légales aux garanties financières exigées. C'est le cas pour les opérations financières nécessitant un accompagnement bancaire. Mais la plupart des cautions, au Maroc ou dans l'U.E, se font généralement pour des besoins de fonds de roulement. «Les contraintes de la politique monétaire et les plafonds fixés par les autorités monétaires, souligne Mohamed Hami, ont obligé les banques partout dans le monde à recourir aux cautions pour satisfaire les demandes de leurs clients». Ce n'est pas une échappatoire aux normes fixées en matière de politique de crédit, mais ce procédé est devenu une pratique très courante bien qu'elle soit théoriquement risquée. Dans la pratique bancaire marocaine, les cautions sont de trois grandes catégories. Les plus utilisées sont celles dites «administratives», délivrées à l'occasion de marchés publics. Elles peuvent être provisoires dans le cas des soumissions, ou simplement des «cautions retenues de garanties» pour couvrir les risques et les vices cachés. Les cautions douanières sont également très utiles pour les sociétés travaillant dans l'import/export. «Ce genre de cautions, explique Mohamed Hami, a l'effet d'une suspension des décaissements demandés lors de l'admission temporaire des marchandises». Les cautions bancaires s'étendent aussi au contentieux fiscal. Elles permettent de «rassurer» l'Administration fiscale de la bonne foi du contribuable. Les cautions bancaires sont également sollicitées lors de contrats conclus entre opérateurs et particuliers. C'est le cas par exemple de la caution bancaire demandée lors de la conclusion d'un contrat avec Maroc Télécom ou encore pour obtenir certaines autorisations spéciales pour la commercialisation de certains produits, comme le tabac.