«Le Terrorisme vu par les médias» est le thème du forum organisé au début de la semaine par lambassade dAllemagne à Rabat en collaboration avec lagence MAP et les fondations politiques allemandes Friedrich Neumann, Friedrich Ebert et Hans Seidel. Compte rendu. Pour débattre du thème du terrorisme, il faut tout dabord se mettre daccord sur la définition de ce phénomène devenu universel après le choc du 11 Septembre 2001. Les Etats-Unis, qui ont dressé une liste des pays soutenant ou exportant le terrorisme (Soudan, Iran, Syrie, Corée du Nord ), lont fait dune manière unilatérale. Le pays de lOncle Sam qualifie également le Hizbollah au Sud Liban, le Hamas et le Jihad islamique en Palestine de groupes terroristes. Ce pays va même jusquà imposer son point de vue au reste de monde en jouant la carte de laide économique ou celle de la suprématie militaire. Cette vision unilatérale constitue, selon plusieurs analystes, le vrai danger pour le monde daujourdhui. Dans son intervention lors de louverture de ce forum, Roland Mauch, ambassadeur dAllemagne au Maroc, a admis la difficulté dêtre daccord sur la définition dun tel phénomène. «Il nest manifestement pas aisé de se mettre daccord sur la définition du terrorisme, des actes terroristes et de leur caractère pénal. Pour les uns, il peut sagir de terroristes tandis que pour dautres, il sagit de combattants pour la liberté ou lindépendance», a-t-il souligné. Lintervenant estime que les médias ont le droit de traiter du phénomène du terrorisme en toute liberté. Au Maroc, la quasi-totalité des représentants des médias, tous genres confondus, a appuyé la réaction sécuritaire sans faire danalyses profondes. Certains ont même profité des attentats de Casablanca du 16 mai 2003 pour des fins purement politiques. Pour Roland Mauch, il est inadmissible que les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs napprennent quune partie de la vérité à cause dun dispositif médiatique mis au pas. Ainsi, par principe ou par peur, les médias marocains nont pas couvert les procès des deux ressortissants marocains Abdelghani Mzoudi et Mounir Moutassadeq, soupçonnés dappartenir au réseau Al Qaïda, pourtant innocentés par la justice allemande. Le même constat peut se faire concernant les Marocains de Guantanamo. Parler de ces Marocains-là ne veut pas dire encourager le terrorisme Au lendemain de linvasion du Koweït par les troupes irakiennes en 1990, les Américains ont présenté aux autorités saoudiennes de fausses images par satellite montrant l«avancée» des soldats de Saddam vers les frontières du royaume dAl Saoud. Manipulations par la guerre des images En 2003, la Maison Blanche a véhiculé de nouvelles images satellitaires sur les armes de destruction massive présumées du régime de Saddam. Elle a même mobilisé les médias américains pour «prouver» le lien entre Al Qaïda et le régime irakien déchu. Sur le Net, des Yankees véhiculent des images portant atteinte à lIslam et incitent ainsi à la haine contre les Musulmans. Dans ces cas précis, les États-Unis limitent la liberté des médias pour faire passer de faux messages. Aujourdhui encore, ils continuent de manipuler des médias concernant les évènements en Irak. Les supports de presse doivent jouer pleinement leur rôle noble ; celui dinformer les lecteurs, les auditeurs, les téléspectateurs et les internautes tout en évitant de tomber dans le piège des vrais terroristes.