Tard dans la soirée du vendredi 28 novembre, au siège central du parti, le bureau politique de l'Union Socialiste des Forces Populaires a élu son nouveau chef après que Abderrahmane Youssoufi ait décidé de se retirer de la scène politique. Et c'est à Mohamed El Yazghi que revient la casquette de premier secrétaire. Après avoir été longtemps numéro 2 de l'USFP, EL Yazghi voit, non sans peine, son rêve de tenir les rênes du Parti se réaliser. Abdelouahed Radi s'est vu attribuer le poste de Premier secrétaire adjoint. À 68 ans, El Yazghi n'avait toujours pas désespéré de voir un jour son rêve de devenir un leader politique aboutir et être le numéro 1 de son parti. A peine un jour après sa nomination, le nouveau Premier secrétaire de l'USFP a tenu une rencontre avec la presse au cours de laquelle il a présenté le programme de travail approuvé par le bureau politique du parti. L'empressement d'El Yazghi s'explique de lui-même. Bien qu'El Yazghi devait prendre, le plus naturellement du monde, les prérogatives de premier secrétaire suite à la démission d'Abderrahmane Youssoufi, comme le stipule d'ailleurs le statut de l'USFP, il lui aurait fallu près d'un mois pour venir à bout des « querelles intestines, des règlements de compte, des petits calculs et des complots de l'extérieur ». Normal, ce militant de longue date est loin de faire l'unanimité au sein même de son parti. Ce qui explique, d'ailleurs, le fait que les partisans de Youssoufi au sein de l'USFP, aient demandé à Abdelouahed Radi de présenter sa candidature à ce poste. Même si ce dernier n'en fit rien (il n'avait pas déposé officiellement une demande), cela a suffit pour créer la discorde et semer la zizanie au sein du Parti. Finalement, il n'y avait pas besoin de vote ce vendredi soir, puisque les membres du bureau politique ont trouvé un consensus. En effet, El Yazghi devait présenter toutes les garanties aux partisans de Youssoufi, et à leur tête Abdelouahed Radi et Khalid Alioua, et assurer qu'il associerait tout le bureau dans les prises de décisions. En tout cas, d'ici la tenue du VIIe congrès de l'USFP, Mohamed El Yazghi aura tout le temps pour prouver sa bonne foi. Désormais, le chef de parti n'aura plus carte blanche pour agir tout seul, mais devra se référer aux instances du parti. Dans ce sens, El Yazghi s'est engagé à redynamiser et réformer les différentes fonctions au sein du parti. Il a, par ailleurs, affiché son souhait de rétablir des passerelles entre les autres partis de la gauche socialiste, mais également de rallier les élites qui ont, pour une raison ou une autre, déserté le parti et se sont constitué en parti ou association. D'ici la tenue du VIIe congrès de l'USFP, El Yazghi aura toute la latitude de mettre à exécution ce programme, même s'il hérite d'un parti très affaibli. La partie n'est pas encore gagnée puisqu'il faudra attendre la tenue dudit congrès qui donnera une légitimité à cette nomination. D'ici là, bien de choses pourraient changer.