* Les détenus tiennent leur exposition à la Foire Internationale de Casablanca. Un événement soutenu par la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus. * Objet d'un intérêt particulier, le monde carcéral vit une expérience pilote de réinsertion post-carcérale, au niveau de Casablanca et de Salé, regroupant la Fondation, la Direction des prisons et de la réinsertion, en plus de l'ANAPEC et de l'AMITH. Une lueur d'espoir pour les détenus marocains. L'humanisation du milieu carcéral est plus que jamais à l'ordre du jour. En témoigne la tenue des 2ème Journées nationales pour l'insertion des détenus du 30 mai au 3 juin 2006. Dans ce sens, deux actions majeures ont été prévues. D'abord une rencontre directe entre détenus et grand public à l'exposition des ateliers de formation professionnelle et artisanale ainsi que des produits réalisés par les détenus eux-mêmes. Et, dans un second temps, une vente de ces produits dans les surfaces de Marjane et Acima à partir du 8 juin. La générosité des citoyens et des partenaires avait généré la collecte de 17.596 millions de DH à l'occasion des premières Journées nationales pour la réinsertion des détenus, organisées du 23 au 29 mai 2005. A la Foire internationale de Casablanca, les ventes des produits, d'articles et d'uvres réalisés par les détenus ont atteint 220.126 dirhams, qui ont été cédés à la Direction pénitentiaire au profit des détenus producteurs. Cette année, aucun appel aux dons ne sera fait puisque l'on table sur les ventes et les visites payantes. L'objectif est d'atteindre 100 millions de DH représentant le budget prévisionnel d'ici 2010 pour financer le plan d'action de la Fondation en faveur des détenus, qu'il s'agisse d'équipement ou de constructions des centres de formation au sein des pénitenciers. Durant ces deuxièmes journées, une dizaine de rencontres culturelles et artistiques sont organisées tout au long de ces cinq jours susceptibles d'un grand changement pour les détenus. Organisées sous la présidence effective de S.M le Roi, ces Journées ne sont qu'un maillon d'un processus ayant pris naissance en 2005. Dans le cadre de la défense des droits des prisonniers, le Souverain avait inauguré, en octobre dernier, le Centre de formation professionnelle relevant du Centre de réforme et d'éducation de Aïn Sebaâ à Casablanca. Tout un programme a, depuis, été élaboré pour humaniser les prisons et en faire un tremplin pour une meilleure insertion dans la société avec l'éducation et la formation comme leitmotiv. Et l'un des maillons forts de ces actions est l'unité de réhabilitation post-carcérale. Actuellement, seuls les pénitenciers de Casablanca et de Salé abritent des unités qui suivent les prisonniers en interne et en externe. Les assistants procèdent à la sélection des bénéficiaires des cycles de formation suivi d'un accompagnement de réhabilitation dans les familles et la société de manière plus globale. La sélection se fait selon la peine purgée, l'âge et le niveau d'instruction, mais surtout suivant la volonté du détenu de s'en sortir. La priorité est donnée aux jeunes, aux femmes et aux détenus ayant un certain niveau d'instruction pour suivre la formation professionnelle. Les autres détenus ne sont pas pour autant exclus, puisqu'ils peuvent suivre des cours d'alphabétisation et de formation artisanale. Le travail continue en externe et les détenus, une fois libres, sont accompagnés par une équipe pluridisciplinaire. L'objectif est bien évidemment de suivre l'ex-détenu pour prévenir toute récidive. Dans ce processus, les ONG ont un rôle de relais ; notamment l'ANAPEC et l'AMITH avec lesquelles la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus va bientôt signer un convention de partenariat. A ce jour, les efforts de formation et d'éducation ont permis à 2.300 détenus de suivre une formation professionnelle. Pour Zoulikha Nasri, conseiller de S.M. le Roi et membre du Conseil d'administration de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, il s'agit d'une opération pilote qui sera généralisée, mais les choses se feront petit à petit pour ne pas donner de faux espoirs. Même son de cloche du côté d'Assia El Ouadie, membre du Conseil d'administration de la Fondation. Pour elle, on revient de loin mais rien n'empêche de toujours demander plus pour que les centres de détention deviennent des lieux de vie et d'apprentissage. Mais ce n'est pas une tâche facile. Les prisons marocaines comptent une moyenne de 60.000 détenus répartis sur l'ensemble du territoire national. Selon Mohammed Abdennabaoui, qui dirige l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion, « les prisons comptent une superficie de 80.000 m2 pour les dortoirs, ce qui nous donne moins de 1,5 m2 par détenu. Les prisons marocaines sont surpeuplées, et ce d'autant plus que chaque année 80.000 nouveaux venus arrivent dans les centres de détention ». Il souligne que les efforts convergent tous vers un objectif commun : faire de la prison un lieu où l'on préserve la dignité des détenus. Pour cela, de nouveaux centres de détention sont en construction, d'autres connaissent des réaménagements. Le but étant que les prisons fonctionnent comme des quartiers. « Pour cela, tous les départements doivent s'impliquer, qu'il s'agisse des ministères de la Santé, de la Jeunesse, de l'Education, de la Culture... Pour préserver la dignité des détenus, il faut que les prisons ressemblent à des quartiers avec tous les équipements et les services nécessaires», conclut Mohammed Abdennabaoui.