«Michel Foucault ou les nouvelles tâches de lintellectuel» : tel est le thème proposé par le professeur Jean-François Poirier, aujourdhui, à 19h à lIFC. Une autre occasion pour redécouvrir cet illustre penseur. Lidéal humanitaire des sociétés civilisées serait, pour Michel Foucault, «surveiller et punir». Cest dailleurs lintitulé de lun de ses ouvrages les plus importants. La liberté, aux yeux de ce philosophe français, serait un mythe inaccessible que la fameuse philosophie des lumières na fait que «quadriller». À lorigine, la désagrégation lente et progressive des formes traditionnelles de penser ont réveillé dans lâme humaine des déchirements que le slogan unitaire de la liberté a réussi à masquer. Avec Michel Foucault, on est en présence dun penseur qui critique le libéralisme politique par ses propres valeurs. Il ne procède pas à la manière des relativistes, ni dailleurs à celle des moralisateurs. En ne sidentifiant à aucun mouvement politique précis, Michel Foucault a voulu que son «statut» dintellectuel français ne soit altéré par aucune sensibilité. Cela ne signifie pas, pour autant, que cet ancien professeur au Collège de France dénigre le monde politique. Au contraire, il ne voulait surtout pas afficher un consentement quelconque pour les règles du jeu politique préétablies. Il croit avec force quaucune valeur nest assez puissante pour mettre fin à la détresse spirituelle de lHomme. Cest désormais son destin. Michel Foucault a pénétré dans les champs ordinairement négligés par la science politique. En axant son attention sur la notion de «discipline», opérante dans toutes les activités humaines, Michel Foucault a substitué au mot de société «libérale» le qualificatif de «disciplinaire». Pourtant, un véritable conditionnement de lêtre humain se fait. Depuis les emplois du temps scolaires jusquà à lasile des fous, la liberté ne se trouve que dans le discours. Dans son ouvrage «Les mots et les choses», ce grand penseur de lanalyse de lordre du discours politique révèle lunion de tous les libéraux du monde autour de la valeur de la liberté sans pouvoir la libérer pour autant. «Le 18ème siècle avait certes inventé lidée de liberté, mais il lui a également dressé un sous-bassement idéologique : la société disciplinaire dans laquelle nous vivons aujourdhui», a-t-il écrit.